Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 168
Langue : français
Paru le : 10/06/2008
EAN : 9782842922177
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842922177

Frères et sœurs – Éthnographie d’un lien de parenté

N°54/2008

L’importance de la relation adelphique à l’époque médiévale : étude, non pas de la position théorique “frère-sœur” dans les systèmes de parenté, mais de la relation entre frères et sœurs en pratique et dans l’interaction.

Le lecteur découvrira donc, tour à tour, la « drôle de fratrie » de saint Bernard, les violents conflits entre frères dans la Germanie du Xe siècle, la forte entraide des sœurs et des frères lors d’un accident, d’une maladie ou d’un décès dans l’Italie du XIVe siècle, la grande solidarité entourant les veuves parisiennes de la fin du Moyen Âge et l’expression des sentiments et des rivalités feutrées à l’intérieur d’une fratrie associée dans une même profession dans l’Allemagne du XVe siècle.

 

Didier LETT
Les frères et les soeurs, « parents pauvres » de la parenté



Chloé MAILLET
Bernard de Clairvaux et la fratrie recomposée

Laurence LELEU
Frères et soeurs ennemis dans la Germanie du Xe siècle

Didier LETT
Liens adelphiques et endogamie géographique dans les Marches de la première moitié du XIVe siècle

Caroline JEANNE
Seules ou accompagnées ? Les veuves parisiennes et leurs fratries à la fin du Moyen Âge

Aude-Marie CERTIN
Relations professionnelles et relations fraternelles d’après le Journal de Lucas Rem, marchand d’Augsbourg (1481-1542)

 


ESSAIS ET RECHERCHES

Renato LUNGARINI
L’hôpital Santa Maria della Scala?: une institution siennoise

Sylvain PIRON
Un avis retrouvé de Jacques Fournier

 

 

POINT DE VUE

Florian Mazel
Pouvoir aristocratique et Église aux Xe-XIe siècles. Retour sur la « révolution féodale » dans l’oeuvre de Georges Duby

 


Notes de lecture
Livres reçus

 

Chloé Maillet : “Bernard de Clairvaux et la fratrie recomposée”
L’entrée en monachisme implique, selon l’idéal ascétique, d’abandonner sa fratrie biologique pour une nouvelle fratrie soudée par des liens spirituels. L’étude proposée convoque l’exemple de Bernard de Clairvaux (1090-1153), qui convertit l’ensemble de ses frères charnels (qui le suivirent à Clairvaux) et sa soeur (qui devint moniale au couvent bénédictin de Jully). Il nous présente ainsi un cas singulier dans lequel parenté charnelle et parenté spirituelle parviennent, au prix de conflits et de conversions fermement orchestrés par le futur saint, à se superposer exactement. Impliqué personnellement par le problème de définition du lien adelphique, il présente dans un sermon sur le Cantique des cantiques consacré à la mort de son frère Gérard une définition de la hiérarchie entre les liens de parenté. Le cas de saint Bernard, symptomatique de la réorganisation des représentations de la parenté au temps du monachisme réformé, devint exemplaire et fut la source d’images figurant la parenté spirituelle au XIVe et XVe siècle.


Laurence Leleu : “Frères et sœurs ennemis dans la Germanie du Xe siècle”
Alors que les relations familiales sont largement idéalisées dans les sources narratives de l’époque ottonienne comme fondées sur l’entente, la solidarité et l’affection, de nombreux exemples témoignent néanmoins de rapports dans la réalité parfois tendus voire violents à l’intérieur même des fratries et surtout entre frères ou demi-frères, conflits plus ou moins graves et durables qui peuvent avoir des répercutions sur l’ensemble de la parenté. Ils s’expliquent en général par le sentiment d’injustice et de jalousie ressenti par un des membres de la fratrie qui considère ses intérêts comme lésés ou menacés, particulièrement à l’occasion d’un héritage ou de la revendication d’un honneur. La famille apparaît donc comme une réalité sociale complexe, comme le siège de compétitions et d’intérêts parfois divergents : c’est particulièrement le cas dans la famille royale ottonienne qui passe dans les années 930 à une nouvelle structure d’organisation, celle de la lignée, caractérisée notamment par l’instauration de la primogéniture et donc la relégation des cadets au second rang.

 

Didier Lett : “Liens adelphiques et endogamie géographique dans les Marches de la première moitié du XIVe siècle”
La documentation marchésane du début du XIVe siècle (essentiellement le procès de canonisation de Nicolas de Tolentino daté de 1325) permet de mettre en évidence la fréquence du mariage virilocal (ou patrilocal). Elle autorise également à étudier les conséquences de l’éloignement géographique de la femme de sa famille de naissance sur les relations entre frères et soeurs.
On observe que vivre sous le même toit ou appartenir à un même micro-espace entraîne des pratiques familiales et des interactions très différentes entre acteurs car les sentiments sont conditionnés par le partage quotidien d’expériences, des intérêts communs et des échanges. Dans les dépositions réalisées lors du procès de canonisation, on constate également la forte présence des frères et sœurs auprès du témoin et/ou du miraculé. Mais, à cause, de la prégnance du mariage virilocal, les frères et sœurs du mari sont davantage présents que ceux de l’épouse. Cependant, les liens adelphiques de la femme résistent, en partie à cause d’une délocalisation à faible distance.


Caroline Jeanne : “Les veuves parisiennes et leurs fratries”
À la fin du Moyen Âge, à Paris, les veuves entretiennent avec leurs fratries des relations diverses. Les legs testamentaires ou les actes notariés montrent que les veuves, surtout dans les classes aisées, bénéficient de façon privilégiée d’une protection financière ou d’une entraide fraternelle. Cette assistance est principalement masculine. En même temps, les veuves ne sont pas évincées, du fait de la mort de leur mari, des affaires et décisions familiales : pleinement concernées, elles y participent de façon active. Le registre des causes civiles du Châtelet de Paris contient nombre d’affaires dans lesquelles les veuves s’opposent à leurs frères et soeurs devant les tribunaux. Les conflits surviennent surtout quand les veuves souhaitent entrer en possession de leur héritage, et particulièrement de leur douaire, ou décident de se remarier.


Aude-Marie Certin : “Relations professionnelles et relations fraternelles d’après le journal de Lucas Rem, marchand d’Augsbourg (1481-1542)”
Dans l’espace germanique, les écrits privés (autobiographie, journaux ou livres de famille) se comptent en grand nombre. Si ces sources sont l’objet d’un fort regain d’intérêt en Allemagne depuis les années 1990, notamment dans le domaine de l’histoire de la famille, elles restent en revanche assez méconnues en France.
L’étude des notes personnelles de Lucas Rem (1481-1542), marchand d’Augsbourg, permet d’étudier le poids de la fratrie dans la sphère du commerce. La société de commerce apparaît comme un prolongement de la famille étroite, légitimement dirigée par le fils aîné, promu chef de famille. Les frères cadets associés doivent manifester obéissance et respect à leur frère aîné, devenu en quelque sorte leur père et leur patron tout à la fois. Cependant l’analyse critique du discours du marchand permet d’observer que les frères cadets n’acceptent pas totalement cette confusion entre sphère familiale et sphère professionnelle.


Renato Lungarini : “L’hôpital Santa Maria della Scala?: une institution siennoise”
L’hôpital Santa Maria della Scala naît comme un « xenodochio », attesté pour la première fois à la fin du XIe siècle, pour devenir par la suite l’une des institutions les plus importantes de l’Italie médiévale. Il fait actuellement l’objet de nombreuses études grâce à des archives presque intégralement conservées et eut un rôle considérable dans l’histoire religieuse, sociale et économique de la Commune de Sienne. Ce présent article permet de mettre en lumière les formes de production et de transmission des documents écrits et de reconstruire les structures institutionnelles de l’établissement, ainsi que ses fonctions, à travers l’analyse de sont principal organe de délibération?: le chapitre.


Sylvain Piron : “Un avis retrouvé de Jacques Fournier”
Le manuscrit 1087 d’Avignon contient des fragments d’un long avis rendu en 1325 à Jean XXII, préparatoire à la condamnation du commentaire de l’Apocalypse de Pierre de Jean Olivi. Ce texte, qui englobe également dans sa critique les oeuvres authentiques de Joachim de Fiore, correspond à un écrit perdu de Jacques Fournier, autrefois conservé à la bibliothèque pontificale d’Avignon. Un autre volume perdu, comparable au célèbre registre d’inquisition de Jacques Fournier, contenait les enquêtes menées dans les mêmes années par l’évêque de Pamiers contre les béguins de son diocèse. La lutte, doctrinale et inquisitoriale, contre cette hérésie a donc constitué un volet important des activités du futur pape Benoît XII.

Chloé Maillet : “Bernard of Clairvaux and recomposed sibship”
According to ascetic ideals, becoming a monk implies relinquishing one’s carnal brotherhood for a spiritual one. The present paper presents the example of Bernard of Clairvaux (1090-1153), who converted all his brothers (who followed him to Clairvaux) and his sister (who became a nun in the Benedictine monastery of Jully). The conversions were some time conflictual, but they allowed the future saint to make his carnal and spiritual kinship coincide. This even lead him to propose a definition of the hierarchy between the different bounds of kinship in a famous sermon on the Song of Songs, dedicated to his brother Gerard’s death. The example of Bernard can be read as a symptom of how the representation of kinship was reorganised in the time of Reformed monachism. It was also used as a model for images representing spiritual kinship in the XIVth and XVth centuries.

 

Laurence Leleu : “Brothers and sisters at war in Xth Century Germany”
Whereas narrative sources from the Ottonian period often idealize family relationships as based upon understanding, solidarity and love, there are at the same time numerous instances of real strained or even violent connections within the sib, for the most between brothers or half-brothers. These more or less serious and persistent conflicting situations may have consequences for the kinship as a whole. They originate mostly in the injustice and jealousy felt by a sib member who thinks his interests are impaired or threatened, specially when an inheritance or an honour is at stake. So family appears to be a complex social reality, the seat of competition and of interests that might differ: this is particularly the case in the Ottonian royal family which in the 930’s becomes a lineage, through the adoption of primogeniture and so the younger brothers’relegation to the second rank.

 

Didier Lett
The marchesan documentation of the beginning of xivth century (especially the Canonisation Process of Nicholas of Tolentino in 1325) allows us to highlight the frequency of the virilocal (or patrilocal) marriage. It allows us also to study the consequences of the woman’s geographical distance from her family of birth on the relations between brothers and sisters. One can notice that to live under the same roof or to belong to the same micro- environment involves very different family practices and interactions between actors because the feelings of the people are conditioned by the fact of sharing day after day experiences, common interests and relationships. In the depositions made in the canonisation process, one can also note the strong presence of brothers and sisters near the witness and/or the personn touched by a miracle. But, because of the importance of the virilocal marriage, the husbands’s brothers and sisters are more present than those of the wife. However, the woman’s adelphic links resist, in part because her displacement is usually limited to a short distance.


Caroline Jeanne : “The parisian widows and her sibship”
At the end of the Middle Ages, in Paris, the ties between widows and their siblings are various. Wills and deeds show that the widows, especially in the leading classes of society, benefit from financial aid and support from their siblings. This is mainly a masculine assistance. Nevertheless, widows are not ousted from family affairs and decisions : they are fully concerned and play an active part. We find in the records of the Châtelet’s court in Paris examples of trials in wich widows were involved against their brothers or sisters. Conflicts often occur when widows want to come into their inheritance, particularly their dower, or decide to remarry.

 

Aude-Marie Certin : “Professionnal relations and fraternal relations according to Lucas Rem’s journal, merchent of Augsbourg 1481-1542)”
In Germany, private documents (autobiography, journals, family book…) are numerous. Whereas they have been often studied in Germany since 1990, specially in the domain of family history, they globally remain unknown in France.
In studying the personal notes of Lucas Rem (1481-1542), merchant of Augsbourg, we will see the importance of brotherhood in trade. The trading company appears as extension of the nuclear family. And this one seems to be run by the eldest brother, promoted to headman in the family. The youngest brothers have to be obedient and respectful to their eldest brother, who becomes at the same time their father and their manager. Nevertheless the analysis of the words of the merchant shows that the younger brothers do not agree this confusion between family and work.

 

Renato Lungarini : “The Santa Maria della Scala Hospital?: an institution of medieval Siena”
The Santa Maria della Scala hospital was born as “xenodochio” whose first traces date back at the and of the XIth century, to later become one of the most important hospital institution of medioeval Italy. The hospital as been object of many researches due to an unalterated archive and had always a relevant role in the religious, social and economic history of the “Comune” of Siena. Today we can rebuild the articulate institutional structure of the hospital with its functions, thanks to the good care towards all forms of production and transmission of the written sources, administrated by the main managing body: the Chapter.

 

Sylvain Piron : “A lost tract of Jacques Fournier rediscovered”
The codex Avignon 1087 contains fragments of a long advise, submitted to John XXII in 1325 as part of the trial against Peter John Olivi’s Lectura super Apocalipsim, that was finally condemned the following year. Interestingly, this document also includes a criticism of Joachim of Fiore. It is shown that this text corresponds to a lost tract of Jacques Fournier, formerly kept in the Avignon pontifical library. This ascription can be confirmed through the authors’s knowledge of the Languedoc Béguins. Fournier had prepared for himself a copy of their depositions in a lost inquisition register, and made use of them in another 1333 trial. The fight, both doctrinal and inquisitorial, against this heresy has thus been one of the main activities of the future pope Benedict XII, and a cause of his quick ascent in Avignon in the decade before his election.

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Nombre de pages : 168
Langue : français
Paru le : 10/06/2008
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Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
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Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
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