De 1871 à 1936, des débuts de la IIIe République au Front populaire en passant par la « Belle Époque » et les « Années folles », les Folies-Bergère dominent le monde du music-hall parisien. Elles exploitent l’engouement pour les diversités anthropologiques, en mettant l’accent sur l’étrangeté et sur l’anormalité. On peut y applaudir des exhibitions de curiosités, telles que les femmes-canons, les hercules ou les géants, y découvrir des numéros « circassiens » ou redécouvrir la tradition des fêtes foraines avec la présence de femmes à barbe, de contorsionnistes et d’hommes-troncs. Les danseurs, qui deviennent une partie essentielle du spectacle à partir du début du xxe siècle, apportent à leur tour des pratiques nouvelles, étranges tout autant qu’étrangères.
Dans ce couple antinomique de fascination et de dégoût se construit l’immense succès des Folies-Bergère et de leur revue à grand spectacle, que l’auteur analyse au prisme de l’attitude de la population vis-à-vis des formes variées de l’étrangeté.
Nathalie Coutelet enseigne au département théâtre de l’université Paris 8. Spécialiste du spectacle populaire, elle a notamment publié « Démocratisation du spectacle et idéal républicain (2011) » et travaille sur l’histoire du spectacle et de la mise en scène au tournant du XIXe et du XXe siècle.