Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/2005
EAN : 9782842921729
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921729

Y a-t-il une philosophie chinoise ?

Un état de la question - N°27/2005

” Y a-t-il une philosophie chinoise ? “. Cette question, issue de l’institution philosophique européenne du XIXe siècle, revient de manière plus ou moins implicite près de deux siècles plus tard dans ce qui se dit et se lit actuellement sur la Chine.

Il est donc temps d’en dresser un état des lieux.

C’est elle qui a servi de fil rouge aux travaux, menés de manière collégiale et internationale depuis plusieurs années, qui constituent la matière de ce volume. Il s’agit ici d’un chantier qui s’est constitué dans un échange continu et vivant entre des auteurs français, mais aussi européens et chinois, qui leur a permis au fur et à mesure d’affiner leurs réflexions respectives. Le volume qui en résulte se présente donc sous la forme originale d’un réseau de renvois internes entre les différents textes. On obtient ainsi un effet de prisme qui a l’avantage de démultiplier les points de vue, sans jamais se départir d’une perspective critique ni verser dans des réponses dogmatiques ou réductrices qui sont encore trop souvent monnaie courante en la matière.

 

Anne CHENG
« Y a-t-il une philosophie chinoise? » : est-ce une bonne question ?

 

I. LA PERSPECTIVE HISTORIQUE

 

Anne-Lise DYCK
La Chine hors de la philosophie : essai de généalogie à partir des traditions sinologique et philosophique françaises au XIXe siècle

 

II. LES ARGUMENTS EN PRÉSENCE

 

Heiner ROETZ
Philosophy in China ? Notes on a debate


Carine DEFOORT
Existe-t-il une philosophie chinoise ? Typologie des arguments d’un débat largement implicite

 

III. L’ÉTAT ACTUEL DE LA QUESTION

 

Joël THORAVAL
Sur la transformation de la pensée néo-confucéenne en discours philosophique moderne. Réflexions sur quelques apories du néo-confucianisme contemporain


ZHENG Jiadong
De l’écriture d’une « histoire de la philosophie chinoise ». La pensée classique à l’épreuve de la modernité


Léon VANDERMEERSCH
Quid de la « philosophie chinoise » ?

 

IV. REGARDS EXTÉRIEURS

 

Geoffrey LLOYD
“Philosophy” : what did the Greeks invent and is it relevant to China ?


Claude ROMANO
Un étrange oubli

Anne-Lise Dyck : “La Chine hors de la philosophie. Essai de généalogie à partir des traditions sinologique et philosophique françaises au XIXe siècle”
Au XVIIIe siècle, la tradition intellectuelle chinoise figure au rang des matériaux collectés pour reconstituer le passé de la philosophie. Aujourd’hui, elle en est presque toujours exclue. L’article revient sur les premières décennies du xixe siècle pour isoler les prémices de cette évolution : lorsque philosophie et sinologie s’instituent comme sciences et normalisent leurs contenus à fin d’enseignement, elles entreprennent pour la première fois de statuer sur la question d’une « philosophie chinoise » – exacte intersection des deux disciplines. L’hypothèse est que notre formulation actuelle du problème a peu évolué depuis, et que nous restons tributaires de déterminations manifestement dépassées – histoire et territoire, nature et valeur de la philosophie.

 

Heiner Roetz : “La philosophie en Chine ? Notes sur un débat”
La philosophie chinoise a été l’objet de nombreuses études fort savantes. Toutefois, on est allé jusqu’à se demander si un tel objet existe. Si l’on en croit bon nombre de philosophes occidentaux et de sinologues, la philosophie est une tradition exclusivement européenne inventée par les Grecs et seulement bien plus tard importée dans d’autres cultures. Pour ce qui est de la culture chinoise, il a été affirmé que la philosophie à proprement parler en est absente, pour des raisons linguistiques, mentales ou développementales. L’article passe en revue ces arguments en s’efforçant de montrer qu’ils sont fondés sur une mauvaise compréhension autant de la philosophie que de la tradition intellectuelle de la Chine ancienne.

 

Carine Defoort : “Existe-t-il une philosophie chinoise ? Typologie des arguments d’un débat largement implicite”
La question de savoir s’il existe ou non une « philosophie chinoise » est rarement formulée explicitement, mais les réponses implicites – bien que différentes en Chine et en Occident – se révèlent prépondérantes dans les décisions institutionnelles et académiques. Cet article ne fait pas qu’élaborer une typologie permettant d’identifier, de distinguer et d’évaluer les différentes réponses à la question, il en prend également en compte l’aspect émotionnel en proposant une comparaison avec l’attachement que l’on peut éprouver pour quelque chose d’aussi peu signifiant a priori qu’un nom de famille.

 

Joël Thoraval : “Sur la transformation de la pensée néo-confucéenne en discours philosophique moderne. Réflexions sur quelques apories du néo-confucianisme contemporain”
Un des multiples devenirs de la vaste tradition « confucéenne », au cours du xxe siècle, a été sa transformation rapide en discours philosophique moderne, en raison de l’hégémonie du modèle culturel européen. Le « néo-confucianisme contemporain » a ainsi représenté un puissant travail de réécriture en référence et en opposition à la philosophie occidentale, notamment allemande. Une des apories auxquelles se heurte ce mouvement consiste dans l’amnésie qui frappe désormais les conditions historiques particulières de sa propre émergence. À travers l’exemple de la philosophie de Mou Zongsan, on essaie de montrer que les difficultés que rencontre cette pensée ne sont pas de nature philosophique mais anthropologique : l’introduction d’une institution disciplinaire moderne (la philosophie universitaire) a simultanément signifié la destruction des conditions de possibilité de la pratique néo-confucéenne. Contrairement aux illusions d’un comparatisme binaire entre « philosophie chinoise » et « philosophie occidentale », on suggère la nécessité de réfléchir, dans des conditions modernes, aux rapports qu’entretiennent discours philosophique et pratiques symboliques, dans un espace intellectuel désormais « globalisé ».

 

Zheng Jiadong : “De l’écriture d’une « histoire de la philosophie chinoise ». La pensée classique à l’épreuve de la modernité”
La pensée chinoise peut-elle être abordée à travers l’écriture d’une « histoire de la philosophie » ? L’utilisation de catégories et notions importées s’apparente-t-elle nécessai­re­ment à une inféodation, laquelle dévoierait alors l’intelligibilité même de la tradition ? Les réponses les plus variées furent apportées, tout au long du vingtième siècle, à ces questions. Zheng Jiadong dresse une vaste rétrospective de ces débats tout en mettant en lumière les tensions existantes entre pensée chinoise, philosophie et histoire. Il en conclut que plus aucune approche narrative de l’histoire de la philosophie chinoise ne peut désormais s’ériger en modèle unique.

 

Léon Vandermeersch : “Quid de la « philosophie chinoise » ?”
Zheng Jiadong et Joël Thoraval mettent en doute la légitimité du formatage de la pensée traditionnelle chinoise en « philosophie », ce qui n’est pas sans retentir sur le bien-fondé de cette forme particulière de réflexion sur le monde, typiquement occidentale. Ainsi la pensée chinoise et la pensée occidentale sont placées non plus en miroirs l’une de l’autre, mais en foyers de réflexion en prise l’un sur l’autre. Jusqu’ici, c’est le néo-confucianisme contemporain qui s’est plié au formalisme de la philosophie occidentale ; mais les critiques dont cette stratégie fait maintenant l’objet pourraient ouvrir la voie d’une sorte d’anti-philosophie désentravant la pensée chinoise de ce formalisme, et par contre-coup provoquant une prise de conscience de ce que la spéculation philosophique peut avoir de spécieux.

 

Geoffrey Lloyd : “« Philosophie » : qu’ont inventé les Grecs et est-ce pertinent pour la Chine ?”
Lorsque les Grecs inventèrent le mot philosophia et ses dérivés (philosophein, philosophos) au ve siècle avant l’ère chrétienne, ils les utilisèrent pour différents types d’activité ou mode de curiosité intellectuelle. En outre, ces termes n’étaient certes pas toujours employés dans un sens laudatif et les activités en question certes pas toujours menées dans des institutions d’éducation supérieure. Platon, puis Aristote, furent les premiers à s’approprier ces termes pour leurs concepts – au demeurant assez différents – de l’activité humaine la plus élevée, mais pas plus chez leurs contemporains que chez leurs successeurs, on ne trouve de consensus sur la définition ni sur le contenu de la philosophie. La tension ou rivalité entre différentes interprétations de la « philosophie » s’est poursuivie, et se poursuit encore en Europe de nos jours, comme le montrent amplement les différents centres d’intérêt de ce qui passe sous le vocable de philosophy dans diverses institutions en Grande-Bretagne et aux États-Unis, de philosophie en France et de Philosophie en Allemagne.
La tâche première de l’historien de la pensée chinoise n’est pas de voir si les termes inventés ou introduits plus tard pour désigner des concepts européens peuvent s’appliquer aux études classiques chinoises. Il s’agit plutôt d’examiner la façon dont les penseurs chinois eux-mêmes ont interprété ce qu’ils faisaient, en recourant à leurs propres catégories en tant qu’acteurs, et non à des catégories plus tardives d’observateurs. La question de savoir si un quelconque terme apparu a posteriori peut ou doit s’appliquer à leur travail est donc secondaire, bien qu’elle puisse être politiquement sensible. Quoi qu’il en soit, la réponse dépendra du mode d’activité philosophique que l’on a à l’esprit. Mais les sources grecques peuvent nous rassurer au moins sur un point, à savoir que, depuis l’origine, personne n’a eu le monopole de ce que la « philosophie » devrait être.

 

Claude Romano : “Un étrange oubli”
Dans la tradition philosophique occidentale, nombreuses sont les figures de l’oubli : effacement, perte, déni, trouble, négligence, lapsus, distraction. Un regard jeté sur le Zhuangzi permet d’y déceler une forme d’oubli qui ne paraît guère avoir attiré l’attention en Occident. Cet oubli n’est pas un état passif, mais une ressource et une force agissante : c’est à son analyse qu’est consacré cet article.

Anne-Lise Dyck : “China out of philosophy. An attempted genealogy from the perspective of the French sinological and philosophical traditions in the 19th century”
During the 18th century, the intellectual tradition of China was listed among the materials collected to set up the past of philosophy. Nowadays, it has nearly disappeared altogether from this history. The article reviews the first decades of the French 19th century to focus on the beginnings of this evolution : when philosophy and sinology are instituted as sciences and standardize their contents as educational subjects, they settle for the first time the question of a “Chinese philosophy” at the crossroad of the two disciplines. The hypothesis is that the way we currently think out the problem has not evolved since then, and that we are still depending on notoriously outdated determinations, such as history and territory, nature and value of philosophy.

 

Heiner Roetz : “Philosophy in China ? Notes on a debate”
Chinese philosophy has been the subject of many learned studies. Yet, it has been called into question whether such a subject exists at all. According to the understanding of a considerable number of both Western philosophers and sinologists, philosophy is an exclusively Western tradition invented by the Greeks and only much later imported into other cultures. As far as China is concerned, it has been argued that philosophy proper was absent due to linguistic, mental or developmental reasons. The article gives an account of these arguments, trying to show that they are informed by misunderstanding of both philosophy and ancient Chinese intellectual culture.

 

Carine Defoort : “Is there such a thing as Chinese philosophy ? A typology of the arguments of a largely implicit debat”
The question of whether or not there is such a thing as “Chinese philosophy” is seldom explicitly stated, but the implicit answers to this question – although different in China and the West – dominate institutional and academic decisions. This paper does not only construct a typology to recognize, differentiate and evaluate various answers to this question, but it also takes the sensitivity of this matter seriously, by comparing it with one’s attachment to something as meaningless as a family name.

 

Joël Thoraval : “On the transformation of Neo-Confucian thought into a modern philosophical  discourse. Reflections on a few aporiae of contemporary Neo-Confucianism”
One of the manifold destinies of the vast “Confucian” tradition in the course of the 20th century has been its rapid transformation into a modern philosophical discourse, due to the hegemony of the European cultural model. In this respect, “contemporary Neo-Confucianism” has represented a powerful work of re-writing in reference and in opposition to Western, notably German, philosophy. One of the aporiae which such a trend encounters is to be found in the amnesia which by now strikes the particular historical conditions of its own emergence. Through the example of the philosophy of Mou Zongsan, we have attempted to show that the difficulties encountered by this kind of thought are not of a philosophical but anthropological nature : the introduction of a modern disciplinary institution such as academic philosophy has meant simultaneously the destruction of the conditions of possibility of Neo-Confucian practice. In opposition to the illusions of a binary comparatism between “Chinese philosophy” and “Western philosophy”, we suggest the necessity of reflecting, in modern conditions, on the relationship between philosophical discourse and symbolical practices, within a newly “globalized” intellectual space.

 

Zheng Jiadong : “The writing of a “history of Chinese philosophy”. Classical Chinese thought confronted to modernity”
Does the “history of philosophy” constitute a relevant approach to achieve a proper understanding of Chinese thought ? To which extent may the usage of Western concepts and categories influence our appreciation of Chinese spiritual and intellectual tradition or even betray its core values ? Various answers have been provided to these questions during the 20th century. Zheng Jiadong presents us in this article with a broad retrospective on these debates and highlights, by the same token, the persistant tensions between Chinese thought, philosophy and history. He concludes that it is no longer possible for any narrative about the history of Chinese philosophy to hold itself up as the unique relevant model.

 

Léon Vandermeersch : “What about “Chinese philosophy” ?”
Zheng Jiadong and Joël Thoraval raise the question whether it is legitimate to interpret traditional Chinese thought in terms of “philosophy”, with some consequence on the legitimacy of that particular, typically Western, form of reflection on the world. By so doing, these two authors place Chinese thought and Western thought no longer as mirrors reflecting each other, but as interacting foci of reflection. It was contemporary Neo-Confucianism which had hitherto submitted to the formalism of Western philosophy, but the criticism raised nowadays by such a strategy might well open the way to a sort of anti-philosophy which would free Chinese thought from formalism and consequently bring us to become aware of the specious elements inherent in philosophical speculation.

 

Geoffrey Lloyd : ““Philosophy” : what did the Greeks invent and is it relevant to China ?”
When the Greeks first coined the term philosophia and cognates (philosophein, philosophos) in the fifth century BCE, they used them for different types of activity or modes of intellectual curiosity. Those terms were, moreover, certainly not always used with approval and the activities in question were certainly not carried on in institutions of higher education. First Plato and then Aristotle appropriated the terms for their – each rather different – concepts of the highest human activity, but neither among their contemporaries nor among later Greeks was there any consensus on either the definition or the contents of philosophy. The tension or rivalry between different interpretations of ‘philosophy’ continued, and continues in Europe to this day, as the different foci of interests of what passes as philosophy in different institutions in the UK and the USA, as philosophie in France, as Philosophie in Germany eloquently exhibit.
The primary task of the historian of Chinese thought is not to see whether the later terms coined or introduced to express European concepts can be applied to classical Chinese studies. Rather it is to examine how the Chinese thinkers themselves construed what they were doing — using their, actors’, categories, not later, observers’, ones. The question of whether any given later term can or should be applied to their work is, then, a secondary one, though it may be a politically sensitive one. The answer will in any case depend on which mode of philosophising is in mind. But the Greek materials should be reassuring in one respect, namely that they show that, from the outset, no one had a monopoly of what “philosophy” should be.

 

Claude Romano : “A strange forgetfulnes”
In the Western philosophical tradition, numerous illustrations of forgetfulness may be found : deletion, loss, denial, upset, negligence, lapsus, absent-mindedness. If we look at the Zhuangzi, we may discover a form of forgetfulness which does not seem to have attracted much attention in the West and which, far from being a passive state, is a true resource and active force : this article is an attempt at analyzing it.

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/2005
EAN : 9782842921729
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
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