Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/05/1998
EAN : 9782842920395
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920395

L’ergativité

N°27/1998

Recherches récentes sur l’ergativité, dans des cadres théoriques différents, en s’appuyant sur des données de langues typologiquement diverses.

 Lea Nash
Sur le phénomène d’ergativité dans les langues naturelles : une présentation

 

Jonathan David Bobaljik
Pseudo-ergativity in Chukotko-Kamchatkan agreement systems

 

Anne Daladier
Une ergativité nominale en français ?

 

Rose-Marie Déchaine et Victor Manfredi
SVO Ergativity and abstract ergativity

 

Ken Hale
L’antipassif de focalisation du k’ichee’ et l’envers du chukchi : une étude de l’accord excentrique

 

Rita Manzini et Leonardo M. Savoia
Clitics and auxiliary choice in Italian dialects : Their relevance for the Person ergativity split

 

Annie Montaut
L’ergativité en indo-aryen : un procès actif contrôlé par son agent ou une prédication (stative) de localisation

 

 

Rubrique ‘Patalinguistique’

 

Amédée Kryse
Petit abécédaire (linguistique) illustré en modeste hommage à Georges Perec

 Léa NASH : « Sur le phénomène d’ergativité dans les langues naturelles : une présentation »
Les langues ergatives groupent ensemble l’objet d’un verbe transitif (O) et l’argument unique d’un verbe intransitif (S), traitant l’agent d’un verbe transitif (A) d’une façon distinctive. La question principale est de savoir si l’ergativité doit être considérée comme un phénomène morphologique ou comme un phénomène syntaxique. Or, puisque les langues ergatives n’exhibent pas directement une propriété unique et saillante qui les distinguerait des langues accusatives, l’ergativité serait mieux définie comme un phénomène morphosyntaxique superficiel lié à l’assignation du cas, conclusion qui affaiblit de façon considérable la division du type linguistique ergatif en ergativité superficielle (morphologique) et profonde (syntaxique). De plus, des constructions nominatives-accusatives sont attestées dans pratiquement toutes les langues ergatives. Par conséquent, les langues ergatives peuvent être définies comme des systèmes ” scindés ” où les propriétés d’accord et de cas peuvent osciller entre les systèmes accusatif et ergatif. Je discuterai certains phénomènes de partition, comme la partition personnelle et la partition aspectuelle, régulièrement attestés dans un grand nombre de langues ergatives. J’examinerai également quelques analyses récentes de l’ergativité fondées sur la Théorie du Cas.

 

Jonathan David BOBALJIK : « Pseudo-ergativity in chukotko-kamchatkan agreement systems »
Les langues chukotko-kamtchatkiennes paraissent présenter un curieux système d’accord scindé, dans lequel des préfixes marquant le nominatif apparaissent conjointement avec des suffixes marquant l’absolutif. Nous suggérons que cette caractérisation est erronée, et que le système d’accord de ces langues est en réalité nominatif-accusatif, c’est-à-dire sujet-objet. Cette conclusion est en partie motivée par l’inventaire des morphèmes d’accord. Bien que les suffixes reflètent souvent soit un sujet intransitif (S), soit un objet (O), il n’y a aucun suffixe qui exprime à la fois ces deux fonctions ; en effet, à une exception près, les suffixes font systématiquement la distinction entre les arguments S et O, soit par leur forme, soit par leur position. L’apparition simultanée d’un préfixe et d’un suffixe d’accord avec un sujet intransitif provient d’une contrainte morphologique qui exige que les positions de préfixe et de suffixe soient toutes deux occupées. Les traits du sujet sont donc copiés en position suffixe quand aucun objet n’est présent pour fournir ses traits d’accord. Cette caractérisation est justifiée de façon indépendante dans le cas de l’Itelmen par la distribution des suffixes d’accord pour les objets directs de troisième personne (voir Bobaljik & Wurmbrand, 1997) : comme ceux-ci n’apportent pas de traits de personne, ce sont ceux du sujet qui sont copiés.

 

Anne DALADIER : « Une ergativité nominale en français ? »
Dans une langue comme le français qui n’a pas d’assertion nominale, les prédications nominales et verbales sont probablement moins proches que ne le laissent supposer Kayne (1994), Pesetsky (1995) et Marantz (1997). Les noms français font intervenir des phénomènes de voix et d’intransitivité, non idiomatiques, à moins qu’il ne s’agisse de l’émergence d’un phénomène d’ergativité. Les ancêtres védiques des constructions ayant donné lieu à des formes verbales ergatives dans des langues indo-aryennes actuelles ont en commun avec nos noms d’être nominaux et de présenter une double prédication lexicale, autorisant l’expression oblique d’un agent. Cependant, les noms français, leurs voix et leurs diverses structures argumentales, selon les hypothèses qui sont faites ici, permettent l’expression grammaticalisée de valeurs aspectuelles et agentives d’une très grande diversité.

 

Rose-Marie DÉCHAINE & Victor MANFREDI : « svo ergativity and abstract ergativity »
Malgré l’idée généralement acceptée dans la littérature sur la typologie des langues, il existe des raisons théoriques et empiriques pour admettre l’existence de langues ergatives svo. Le kashmiri (Bhatt, 1994) possède un cas ergatif manifeste dans une construction aspectuelle à ordre svo. L’/gbo est une langue svo qui ne marque pas les arguments pour le cas manifeste. Suivant l’hypothèse de Bittner & Hale (1996a) qui propose que le cas représente les relations de portée de surface, la quantification existentielle et générique des arguments N nus en /gbo présente des restrictions caractéristiques de la syntaxe ergative. Nous proposons que la distribution des ces lectures est acquise sur la base d’une double hypothèse : (i) l’interprétation des N nus est sensible au cas, et (ii) l’/gbo manifeste une ergativité abstraite. En /gbo, les arguments KP (sujet ergatif, objet oblique) sont toujours existentiels. Les arguments sans K (objet direct, sujet intransitif) sont normalement génériques (NP nus), mais peuvent avoir sous certaines conditions une lecture existentielle (DP nus). Nous en concluons que ces constructions exigent que la locuteur de l’/gbo postule un cas ergatif non-manifeste.

 

Ken HALE : « L’antipassif de focalisation du k’ichee’ et la forme inversée du chukchi : une étude de l’accord excentrique »
Les langues ergatives K’ichee’ (Maya) et Chukchi (Chukotko-Kamchatka) possèdent des constructions transitives dans lesquelles la morphologie d’accord attendue est absente dans sa position verbale habituelle. À cet égard, ces constructions ressemblent à l’antipassif, à la différence que l’objet n’est pas rétrogradé. Des deux arguments qui doivent concourir pour le seul accord existant, c’est le sujet (l’ergatif) qui l’emporte, en s’accordant excentriquement avec le noyau fonctionnel normalement associé avec l’objet (le nominatif). Nous montrons que cette conséquence découle d’une interprétation appropriée de la localité.

 

M. Rita MANZINI et Leonardo M. SAVOIA : « Clitics and auxiliary choice in Italian dialects : Their relevance for the Person ergativity split »
Un des aspects plus connus et problématiques des systèmes ergatifs de Cas est représenté par la partition entre 1/2p et 3p, tel que seulement les arguments de 3p sont ergatifs, mais non les arguments de 1/2p. Nous cherchons à éclairer ce problème en considérant une partition semblable entre 1/2p et 3p dans certains dialectes de l’Italie Centrale et Meridionale ; ces dialectes ont l’auxiliaire être avec sujets de 1/2p, et l’auxiliaire avoir avec sujets de 3p. Nous établissons avant tout l’existence d’un ensemle articulé de projections Clitique qui dominent I. Dans notre conception, cette coquille Clitique remplace la coquille VP comme représentation des proprietés thématiques/aspectuelles de la phrase. Nous proposons ensuite que la sélection de l’auxiliaire, en particulier dans les dialectes de l’Italie Centrale, est determinée par la structure interne de la coquille Cl. En dernier lieu, nous traçons les implications de cette analyse pour la partition d’ergativité classique. En particulier, le Cas abstrait doit etre abandonné en tant que notion syntaxique, et remplacé par une notion de Cas purement morphologique ; celle-ci à son tour n’est qu’un reflet de la structure interne des projections Cl.

 

Annie MONTAUT : « L’ergativité en indo-aryen : un procès actif contrôlé par son agent ou une prédication (stative) de localisation ? »
La structure ergative, rare dans les langues indo-européennes, soulève un problème typologique spécial en hindi, langue indo-aryenne occidentale, puisqu’elle est ignorée des langues indo-aryennes orientales comme le bengali, issu pourtant aussi du sanscrit et de la généralisation de l’adjectif verbal passif pour exprimer les procès transitifs passés &endash; et à un moindre degré, pour exprimer l’obligation. Après une brève description de cette double évolution (ergativation d’un côté, dé-ergativation de l’autre), je cherche à montrer que l’émergence historique de l’ergativité à partir de la phrase nominale sanscrite n’est pas sans rapport avec les propriétés morphologiques et syntaxiques observables aujourd’hui, de sorte qu’il semble correct de l’analyser comme une prédication de localisation. En outre, les données du marathi présentent une série de variantes significatives entre cas ergatif et datif dans les prédications comportant optatif et obligatif, héritées de la phrase nominale d’obligation du sanscrit. Cela confirme l’analyse en question et invite à situer la structure ergative dans le plus vaste ensemble des prédications de localisation, notamment entre autres celles qui impliquent un expérient au datif.

 Léa NASH : « Sur le phénomène d’ergativité dans les langues naturelles : une présentation »
Ergative languages group together the object of a transitive (O) and the sole argument of an intransitive verb (S), treating the agent of a transitive verb (A) differently. One of the most important issues is whether the phenomenon should be considered morphological or syntaxic in nature. But as ergative languages do not straightforwardly manifest a single salient syntactic property which distinguishes them from accusative languages, ergativity is probably best regarded as a superficial morphosyntactic phenomenon, the conclusion that considerably weakens the division of ergative language-type into superficial (morphological) and deep (syntactic) ergativity. Moreover, some nominative-accusative construction are instantiated in virtually any ergative language. Thus ergative languages can be defined as split systems, where case and agreement properties may oscillate between ergative and accusative systems. I will discuss some splits found across ergative languages, such as person and tense splits. I will then expose a number of recent analyses of ergativity based on the Case Theory.

 

Jonathan David BOBALJIK : « Pseudo-ergativity in chukotko-kamchatkan agreement systems »
Chukotko-Kamchatkan languages seem to display a peculiar split agreement pattern, in which nominative-oriented prefixes co-occur with absolutive-oriented suffixes. I argue that this characterization is misleading, and that the proper analysis takes the agreement systems to reflect a fundamentally nominative-accusative, i.e., subject-object, alignment in these languages. Evidence for this comes in part from the inventory of agreement morphemes. Though suffixes often reflect either an intransitive subject (S) or an object (O), there are no individual suffixes which group these together : with one exception, suffixes systematically distinguish S from O arguments, either in form or in position. The appearance of simultaneous prefix and suffix agreement with intransitive subjects arises from a morphological requirement that both positions be filled, causing the subject features to be, in essence, copied to the suffix slot when no object is available to contribute features. For Itelmen, this is independently motivated (see Bobaljik & Wurmbrand, 1997) by the distribution of agreement suffixes for third person direct objects &endash; as they contribute no person features, those of the subject are copied in.

 

Anne DALADIER : « Une ergativité nominale en français ? »
Nominal and verbal predications in a language with no nominal assertion, such as French, are probably less close than Kayne (1994), Pesetsky (1995) and Marantz (1997) let it suppose. French nouns show voice and intransitivity phenomena which are not idiomatic but these phenomena could perhaps alternatively be seen as a move towards some kind of ergativity. Vedic ancestors of verbal ergative constructions in modern indo-aryan languages, have in common with French nouns the properties of being nominal and of showing a double lexical predication. This double predication allows expressing an agent obliquely. Differently though, French nouns, their voices and their different argument structures, grammaticalize a great diversity of aspectual and agentive values.

 

Rose-Marie Déchaine & Victor Manfredi : « svo ergativity and abstract ergativity »
Despite the consensus of the typological literature, there are theoretical and empirical reasons to admit the existence of ergative svo languages. Kashmiri (Bhatt 1994) has overt ergative case with svo order in one aspectual form. /gbo is an svo language that lacks overt case on arguments but &endash; assuming with Bittner & Hale (1996a) that case represents surface scope relations &endash; the existential and generic quantification of bare N arguments shows restrictions which are consistent with ergative syntax. We argue that the distribution of these readings is learnable on the twin hypotheses that (i) the interpretation of bare N is case-sensitive, and (ii) /gbo is abstractly ergative. In /gbo, KP nominals (ergative subject, oblique object) are always existential. K-less nominals (object, intransitive subject) are usually generic (bare NPs), but can be forced to an existential reading (bare DPs). We conclude that these constructions require the /gbo learner to postulate ergative case which is not pronounced.

 

Ken HALE : « L’antipassif de focalisation du k’ichee’ et la forme inversée du chukchi : une étude de l’accord excentrique »
The ergative languages K’ichee’ (Mayan) and Chukchi (Chukotko-Kamchatkan) possess transitive constructions in which the expected ergative agreement morphology is missing from its usual location in the verb word. In this respect, these constructions resemble the antipassive, differing from this in that the object is not demoted. Of the two arguments which must compete for the remaining agreement, it is the subject (the ergative) that winss, agreeing eccentrically with the functional head normally construed with the object. This consequence is to be expected given an appropriate interpretation of locality.

 

M. Rita Manzini et Leonardo M. Savoia : « Clitics and auxiliary choice in Italian dialects : Their relevance for the Person ergativity split »
One of the best known and most problematic aspects of ergative Case systems is represented by the split between 1/2p and 3p, whereby only 3p arguments can be ergative, and not 1/2p arguments. We try to shed light on this problem by considering an analogous split between 1/2p and 3p found in some Central and Southern Italian dialects; these dialects have auxiliary to be with 1/2p subjects, and to have with 3p subjects.We first establish the existence of an articulate set of Clitic projections above I; in our conception, this Clitic shell effectively replaces the VP-shell as a representation of thematic/aspectual properties. We then propose that auxiliary choice, in particular in Central Italian dialects, is determined by the internal structure of the Clitic shell. Finally, we indicate the implications that this approach has for the classical ergativity splits. In particular, abstract Case is to be abandoned entirely as a syntactic notion, leaving only a morphological notion of Case ; the latter in turn is once again just a reflex of the internal structure of the Cl projections.

 

Annie MONTAUT : « L’ergativité en indo-aryen : un procès actif contrôlé par son agent ou une prédication (stative) de localisation ? »
The ergative structure in Hindi, a Western Indo-aryan language, raises a typological problem since it is at odds with Indo-European languages and even other Indo-Aryan languages like Bengali, although the latter is equally born from Sanskrit and Middle Indian where a passive verbal adjective got generalized for expressing past transitive processes &endash; and, to a lesser degree, for obligation. After accounting for both evolutions (ergativization in Hindi and de-ergativization in oriental IA languages), I will try to show that this historical emergence of ergativity out of the nominal sentence structures may help understand its present morphological and syntactical behaviour, as a predication of localisation. Furthermore, Marathi data presents striking alternations between ergative and dative cases, along with ergative agreement pattern, for potential and obligative structures (inherited from the Sanskrit obligative nominal sentences). This confirms the above mentioned analysis, and suggests to view the modern ergative structure within the wider frame of predications of localisation, among which those involving experiencers in the so-called dative subject function.

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/05/1998
EAN : 9782842920395
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
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