Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/07/1998
EAN : 9782842920425
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920425

Hommes de pouvoir – Individu et politique au temps de saint Louis

N°34/1998

Entretien avec Jacques Le Goff : analyses de la conduite politique de saint Louis au regard de la culture et de l’opinion publique de son temps.

L’élaboration du numéro a commencé par un débat autour de l’ouvrage de Jacques Le Goff, Saint Louis (éd. nrf Gallimard 1996) et s’achève par un « entretien avec Jacques Le Goff ». Le numéro confronte le saint roi capétien à ses contemporains : l’empereur Frédéric II, François d’Assise, le baron anglais Simon de Monfort et le podestat italien Bonatacca. Il présente des analyses de la conduite politique de saint Louis au regard de la culture et de l’opinion publique de son temps, et de la thématique historique actuelle de la mise en place de l’État moderne.

 Changements à Médiévales

 

Patrick Boucheron
Écrire autrement l’histoire politique

Jacques Chiffoleau
Saint Louis, Frédéric II et les constructions institutionnelles du XIIIe siècle

Jean-Pierre Genet
Saint Louis : le roi politique

Chiara Frugoni
Saint Louis et saint François

Odile Redon
Le père du bienheureux : Bonatacca Tacche, conseiller siennois et podestat impérial

Jean-philippe Genet
Simon de Montfort : baron ou homme politique ?

Patrick Boucheron
Saint Louis, comédien et martyr : l’écriture d’une vie

William Chester Jordan
« Amen ! » Cinq fois « Amen ! ». Les chansons de la croisade égyptienne de Saint Louis, une source négligée d’opinion royaliste

Propos recueillis par Laurence Moulinier et Odile Redon
Entretien avec Jacques Le Goff

 

ESSAIS ET RECHERCHES

 

Vincent Challet
La révolte des Tuchins : banditisme social ou socialité villageoise ?

Didier Lett
Les lieux périlleux de l’enfance d’après quelques récits de miracles des XIIe-XIIIe siècles

Philippe Maurice
Le milieu social et familial des forgerons du Gévaudan à la fin du Moyen Âge

Notes de lecture
Livres reçus

 Jacques CHIFFOLEAU : « Saint Louis, Frédéric Il et les constructions institutionnelles du XIIIe siècle »
S’agissant des deux plus grands souverains du XIIIe siècle, on a pris l’habitude d’opposer un peu trop facilement le saint à l’antéchrist. Mais l’abondance des sources hagiographiques et exemplaires dans le cas de Saint Louis ne doit pas dissimuler l’importance des constructions proprement institutionnelles sous son règne, dont les racines et les moyens sont presque toujours romano-canoniques (quoi qu’en disent les tenants de la thèse d’une « relégation du droit romain » par la monarchie française) et dont on repère ici quelques manifestations évidentes. L’ouvrage de Jacques Le Goff, parce qu’il est centré sur la construction complexe de la personne du roi, individuelle et institutionnelle, et non à proprement parler sur sa « personnalité », n’est pas vraiment une biographie, mais bien un essai d’histoire politique très neuf qui éclaire la genèse de l’État moderne sans se contenter, comme on l’a fait souvent, de proposer une simple « histoire des idées politiques » au milieu du XIIIe siècle.

Jean-Philippe GENET : « Saint Louis : le roi politique »
La lecture du
Saint Louis de Jacques Le Goff en liaison avec la problématique de l’Etat moderne conduit à poser une série de questions qui n’ont pas toutes encore trouvé de réponses. Saint Louis est-il un roi moderne, ou un roi féodal ? Si Saint Louis apparaît bien comme un roi de paix, un roi « arbitre », et donc un roi féodal, il peut aussi être considéré comme un roi moderne, un roi de guerre, dans la mesure où il est avant toute chose un roi chrétien et un croisé. Une seconde question est liée au genre littéraire des Miroirs au Prince et à d’autres textes dominicains – dont le De Regimine Principum de Gilles de Rome – qui sont essentiels pour comprendre les fondements de l’idéologie royale médiévale : quelles relations peut-il exister entre ces textes et Saint Louis ? Enfin, qu’en est-il de Saint Louis et de ces grands nobles qui ont tous été à un moment ou à un autre ses compagnons ? Sa piété, sa culture, ses attitudes prendraient peut-être un tout autre relief Si ce groupe social pouvait être mieux dessiné : les parallélismes avec un Simon de Montfort sont par exemple particulièrement frappants.

Chiara FRUGONI : « Saint Louis et saint François »
En offrant une série d’exemples convergents, cet article examine les rapports entre la figure de saint François et celle de Saint Louis, considérés du point de vue de leurs biographes respectifs. Les biographes de Saint Louis ont manifestement surtout retenu l’image de saint François dessinée et réinventée par saint Bonaventure, qui a fortement souligné l’identification de François au Christ humain et souffrant sur la croix dans les écrits de François, en revanche, on perçoit clairement comment l’identification du saint se fait avec l’image bienveillante de Dieu le Père.

Odile REDON : « Le père du bienheureux : Bonatacca Tacche, conseiller siennois et podestat impérial »
Bonatacca Tacche (ca 1200-I 267) était le père du bienheureux Ambroise Sansedoni, de l’Ordre des Prêcheurs leur famille s’adonnait à la banque. Sa carrière illustre une manière de vie politique, dans le contexte d’une commune souveraine, en Italie au XIIIe siècle. Miles/chevalier, il participa peut-être à la 5e croisade vers 1220 ; souvent ensuite il conduisit les armées siennoises et il contribua au gouvernement de la commune en siégeant au Conseil. Plusieurs fois l’empereur Frédéric Il le désigna comme podestat (gibelin) dans d’autres villes d’Italie. De sa vie privée on ne saisit que des bribes grâce à la
Vita de son fils ; son individualité reste inconnue.

Jean-Philippe GENET : « Simon de Montfort : baron ou homme politique ? »
L’article présente la biographie que John Maddicott a consacrée à Simon de Montfort en 1994. La carrière de ce cadet d’une grande famille française se déroule sur de multiples théâtres (Terre Sainte, Gascogne), mais il s’est enraciné en Angleterre, où il dispose d’un complexe de terres et de rentes. Les bases de cette fortune sont cependant fragiles, et Simon n’aura de cesse d’essayer de les consolider et d’accroître ses biens. L’opiniâtreté dont il fait preuve dans ce domaine contraste avec son engagement de croisé et sa piété, imprégnée de l’idéal franciscain, qui le rapproche de Saint Louis. Sa stature militaire et religieuse explique sans doute qu’il soit l’un des chefs du mouvement réformateur dès 1258. Avec la guerre civile, il apparaît comme le leader incontestable d’un mouvement qui repose sur la défense de véritables principes politiques, soutenu par une partie de l’élite. Cependant il poursuit toujours une course effrénée à l’acquisition de terres et de richesses. Sa défaite militaire est logique, et c’est le Lord Edward qui saura tirer les profits de cette première expérience « politique » (au sens moderne) dans un monde encore féodal.

Patrick BOUCHERON : « Saint Louis, comédien et martyr : l’écriture d’une vie »
On propose ici une analyse de la structure narrative
du Saint Louis de Jacques Le Goff, de ses « trois drames » dont la succession (le troisième recomposant ce que le deuxième avait démonté du premier) crée l’effet de lecture. Celui-ci est, en particulier, animé par le retour des mêmes histoires, parfois des mêmes textes, sur lesquels l’historien exerce sa critique, patiemment et modestement, nous délivrant au passage une leçon de méthode. Peut-on lire un livre d’histoire comme un roman ? C’est la question que cet essai tente de poser, en même temps qu’il revient sur l’ambiguïté de son « personnage », Saint Louis qui fut peut-être, comme le Genet de Sartre, comédien et martyr.

William Chester JORDAN : « « Amen ! » Cinq fois « Amen ! ». Les chansons de la croisade égyptienne de Saint Louis, une source négligée d’opinion royaliste »
Trois chansons anonymes, dont la composition est contemporaine de la première croisade de Louis IX, apportent de précieux renseignements sur les sentiments royalistes à la veille de l’expédition égyptienne et après son échec en 1250. La connaissance de ces sentiments permet à l’historien de mieux comprendre l’idéologie royale au XIIIe siècle, et l’étude du cadre musical d’une des chansons aide de façon significative à apprécier l’impact qu’a eu l’échec de la croisade sur la personnalité et sur le gouvernement de Louis IX.

Vincent CHALLET : « La Révolte des Tuchins : banditisme social ou sociabilité villageoise ? »
Prenant le contre-pied de l’historiographie traditionnelle qui ne voit dans la révolte des Tuchins qu’un mouvement d’asociaux et de marginaux, cet article tente de montrer la parfaite intégration des Tuchins à la société languedocienne. A partir de l’exemple de Bagnols-Sur-Cèze, on s’aperçoit que le Tuchinat, très actif en Languedoc de 1380 à 1384, s’organise autour de réseaux de sociabilité tant urbains que ruraux puisque le recrutement se fait à la fois dans des communautés villageoises et les faubourgs des villes. Réaction de défense de la part d’individus et de communautés en lutte pour leur survie à la fois contre les ravages des routiers et les prélèvements fiscaux, la révolte des Tuchins n’est sans doute qu’une forme extrême de sociabilité.

Didier LETT : « Les lieux périlleux de l’enfance d’après quelques récits de miracles des XIIe-XIIIe siècles »
À partir de récits de miracles datant des XIIe et XIIIe siècles, on peut observer les espaces où vivent les enfants, particulièrement leurs lieux d’accident. Ces derniers se modifient nettement en fonction de l’âge de l’enfant. En effet, Si les nourrissons connaissent des accidents essentiellement à domicile (noyade ou suffocation), ceux qui sont âgés de trois à sept ans subissent des périls (très souvent liés aux jeux pour les garçons et à l’imitation des gestes maternels pour les petites filles) qui prennent place dans un espace péridomestique. Enfin, les enfants ayant dépassé l’âge de sept ans sont accidentés loin du domicile, de plus en plus loin à mesure que l’enfant et les garçons bien plus que les filles qui demeurent plus sédentaires. À travers l’étude des lieux et des types d’accident, on peut arriver à cerner les espaces de vie des premiers âges au cours du Moyen Âge classique.

Philippe MAURICE : « Le milieu social et familial des forgerons du Gévaudan à la fin du Moyen Âge »
Les forgerons, souvent constitués en dynasties, se situent à l’intersection de deux couches de la société : celle des artisans, à laquelle ils appartiennent, et celle des négociants aisés. Par leurs alliances matrimoniales, ils tissent des liens avec les marchands et les officiers, sans rompre toutefois avec les autres catégories d’artisans moins favorisés. Malgré la modestie de leur condition, par rapport aux riches bourgeois des oligarchies régionales, l’honorabilité dont ils jouissent leur permet de s’associer aux pouvoirs locaux, grâce à la présence de fils placés au sein de l’Église et grâce à leur participation à l’administration des baiIliages et des communautés d’habitants.

 Jacques CHIFFOLEAU : « Saint Louis, Frederick Il, and the Institutional Constructions of the l3th Century »
When reflecting upon the two greatest sovereigns of the thirteenth Century, we too easily tend to oppose the saint and the antichrist. But the abundance of hagiographic and exemplary sources in the case of Saint Louis should not overshadow the importance of the specifically institutional Constructions which became effective under his rule. These have their roots in, and draw their means from, the Roman canon (whatever the upholders of the theory of the « relegation of Roman law » by the French monarchy may say), as is in part evidenced here. Jacques le Goff’s work, because it focuses on the complex construction of the individual and institutional person of the king rather than, strictly speaking, on his « personality », is not really a biography, but a very novel essay indeed on political history which illuminates the genesis of the modem State, instead of merely proposing, as has so often been done before, « a history of political ideas » in the mid thirteenth Century.

Jean-Philippe GENET : « Saint Louis : The Political King »
When we consider Jacques Le Goff’s Saint Louis in relation to the modem State, a number of questions arises to which the answers are yet to be found. Was Saint Louis a modern or a feudal king ? If he appears as a king of peace, an « arbiter », and thus a feudal king, he can also be considered as a modern one, a king of war, insofar as he was primarily a Christian king and a crusader. A second question concerns the literary genre of Miroirs au Prince as well as other Dominican texts – above all De Regimine Principum by Gilles de Rome – which are essential to an understanding of the foundations of royal medieval ideology : How are these texts linked with Saint Louis ? Lastly considered is Saint Louis’s relationship with the noblemen who were all at one time or another his companions. Saint Louis’s piety, culture and attitudes would perhaps be thrown into new relief if this social group were better defined : particularly striking are the parallelisms between Saint Louis and Simon de Montfort.

Chiara FRUGONI : « Saint Louis and Saint Francis »
Offering a series of convergent examples, this paper examines the relationship between the figure of Saint Francis and that of Saint Louis, considered from the standpoint of their respective biographers. The biographers of Saint Louis have obviously above all retained the figure of Saint Francis as it was drawn and reinvented by Saint Bonaventura, who emphasized Francis’s identification with the human Christ and his sufferings on the cross ; in Francis’s own writings, on the contrary, one can clearly perceive how the saint identifies himself with the benevolent figure of God the Father.

Odile REDON : « The Father of the Blessed. Bonatacca Tacche, Sienese Councillor
and Imperial Podestà »
Bonatacca Tacche (circa 1200-1267) was the father of the Blessed Ambrosio Sansedoni of the Dominican Order ; the family was in the banking trade. His career exemplifies a political way of life in the context of a sovereign commune in thirteenth century Italy. A miles/knight, he may have participated in the fifth crusade about 1220 ; afterwards he often led the Sienese armies, and contributed to the communal government by sitting on the Council. The emperor Frederick Il appointed him podestà (Ghibelline) several times to other Italian cities. Only a few scraps of information pertaining to his private life have come down to us, thanks to his son’s Vita ; about his individuality, we know nothing.

Jean-Philippe GENET : « Simon de Montfort : A Baron or a Politician ? »
Presented here is the biography of Simon de Montfort (1994) by John Maddicott. The career of this younger son of a noble French family unfolds in diverse settings (Holy Land, Gascony), though he established himself in England where he disposed of property and income. To make his fortune secure Simon strived without cease to consolidate and expand it. This obstinate pursuit of riches was in contrast with his commitment to the crusade and his piety which, imbibed with the Franciscan ideal, drew him close to Saint Louis. Owing probably to his exceptional military and religious stature, he became one of the leaders of the reforming movement in 1258. With the civil war, he appears as the indisputable head of a movement based on the defense of veritable political principles, supported by a large section of the elite. At the same time, he continued in frantic pursuit of land and riches. His military defeat seems logical, and it was finally Lord Edward who reaped the profits of this first « political » (in the medern sense) experience in a world which was still a feudal one.

Patrick BOUCHERON : « Saint Louis, Comedian and Martyr : The Writing of a Life »
Proposed here is an analysis of the narrative structure of Jacques Le Goff’s Saint Louis, of the « three dramas » which create, by their succession (the third drama recomposes what the second had deconstructed of the first), the effectiveness of its readability. This is particularly animated by the recurrence of the same stories sometimes of the same texts, to which the author applies his criticism, with patience and humility, delivering to us in the process a lesson in methodology. Can a history book be read like a novel ? That is the question which this essay addresses, at the same time as it reverts to the ambiguity of its « personage » – Saint Louis -, who was perhaps, like Sartre’s Genet, a comedian and a martyr.

William Chester JORDAN : « Five times « Amen ». The Songs of Saint Louis’s Egyptian Crusade, A Neglected Source of Royalist Opinion »
Three anonymous songs, contemporary in their composition with the first crusade of Louis IX, provide valuable evidence of royalist sentiments on the eve of the expedition and after its failure in 1250. Recovery of these sentiments adds to histerians’understanding of royal ideology in the thirteenth century, and the musical setting of one of the songs contributes significantly to evaluating the impact of the failure of the crusade on the personality and subsequent rulership of Louis IX.

Vincent CHALLET : « The Revolt of the Tuchins : Social Banditisin or Village Sociability ? »
Traditional historiography looks upon the revolt of the Tuchins as a movement led by asocials and outcasts. Taking the opposite view, this article attempts to demonstrate that the Tuchins were on the contrary perfectly integrated into Languedocian society. From the example of Bagnols-sur-Cèze it appears that the Tuchin movement, very active in Languedoc between 1380 and 1384, was organized around the urban as well as the rural networks of sociability since recruits came at the same time from village communities as well as from town suburbs. The revolt of the Tuchins, a reaction of self defense by individuals and communities alike fighting for survival at once against the ravages of roving bands and against fiscal levies, was doubtlessly an extreme form of sociability.

Didier LETT : « Childhood’s Dangerous Spaces as Depicted in Several Accounts of Miracles from the l2th and l3th Centuries »
Accounts of miracles dating from the twelfth and thirteenth centuries bring to light the spaces where children lived, and particularly those where accidents occurred. The latter spaces clearly change with the age of the child. If infants are victims of accidents primarily inside the home (by drowning or suffocation), children aged from three to seven are exposed to danger rather in peripheral domestic areas (boys very often because of the games they play and little girls because they imitate their mothers’gestures). Lastly, children ever seven meet with. accidents some distance away from home, which grows as they get older boys being more much more imperilled than girls, who tend to be more sedentary. From the study of the types of accidents and of the places where they occurred one may apprehend the living spaces of infancy and childhood during the classic Middle Ages.

Philippe MAURICE : « The Social and Family Environment of the Blacksmiths of the Gévaudan in the Late Middle Ages »
Blacksmiths, often constituting dynasties, are situated at the intersection of two levels of society : that of craftsmen, to which level they belong, and that of prosperous tradesmen. By their marriage alliances they formed a network of ties with merchants and officers, without however cutting themselves off from the other, less favored, categories of craftsmen. Despite their modest condition when compared to the rich bourgeois belonging to the regional oligarchies, the respectability they enjoyed enabled them to share in the local powers, thanks mainly to the placing of their sons within the Church and to their participation in the administration of bailliages and communities of residents.

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Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/07/1998
EAN : 9782842920425
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CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
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