On nomme morphologie flexionnelle ou flexion l’ensemble des procédés servant à moduler la référence des mots sans la changer fondamentalement : chantera et chantait désignent la même activité, respectivement future et révolue. Les significations exprimées par ces procédés sont nombreuses (temps, mode, fonction grammaticale, etc.) et leur mode d’expression varié : à chantait formé par suffixation à un radical constant répond l’anglais sang, formé par modification du radical. La limite entre flexion et syntaxe est également mouvante, telle langue confiant à la première ce que telle autre réserve à la seconde : par exemple en wolof raxasloo ‘faire laver’ (raxas ‘laver’). Cet ouvrage vise à exposer cette diversité à travers les langues. Les théories et modèles concurrents qui tentent d’en rendre compte y sont présentés. La flexion constituant une source de complexité du langage, l’ouvrage explore également ses fondements cognitifs, sa possible origine (pré)historique et les processus par lesquels les enfants l’acquièrent.
Alain Kihm est directeur de recherche émérite au CNRS et membre du Laboratoire de Linguistique formelle (CNRS-Université Paris Cité). Les langues créoles représentent son premier objet d’étude. Il a également travaillé sur des langues d’Afrique de l’Ouest, sur l’arabe et sur le français parlé.