Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/12/2004
EAN : 9782842921576
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921576

Îles du Moyen Âge

N°47/2004

Les Îles, dans leur diversité, constituaient-elles un monde particulier au Moyen Âge ?

Au Moyen Âge, le monde habité était lui-même conçu comme une île encerclée par l’océan. L’espace insulaire était propice à la manifestation de phénomènes merveilleux, résultats des fantaisies de la nature. Mais les îles, notamment en Méditerranée, avaient un rôle à jouer dans le jeu stratégique des grandes puissances. Certaines, comme la Sicile qui est passée de domination en domination, semblaient au cœur de l’histoire. Au contraire, la Corse, les lointaines Cyclades, ou encore la multitude de petites îles méditerranéennes, pouvaient paraître à l’écart du monde, comme des espaces marginaux et archaïques.

 

Antoine FRANZINI, Nathalie BOULOUX
Avant-propos


Nathalie BOULOUX, Odile REDON
Boccace, « De Canarie et d’autres îles nouvellement découvertes dans l’Océan, au large de l’Espagne » : traduction et commentaire

 

Pinuccia Franca SIMBULA
Îles, corsaires et pirates dans la Méditerranée médiévale

 

Guillaume SAINT-GUILLAIN
Seigneuries insulaires : les Cyclades au temps de la domination latine (XIIIe-XVe siècle)

 

Nathalie BOULOUX
Les îles dans les descriptions géographiques et les cartes du Moyen Âge

 

Antoine FRANZINI
Un peuple libre, sauvage et vertueux : nature et politique dans la Corse du Quattrocento

 

Mireille SÉGUY
Récits d’îles. Espace insulaire et poétique du récit dans l’Estoire del Saint Graal

 

Sébastien DOUCHET
Les Ysles d’Ynde ou le temps des hommes (Marco Polo-Ibn Battûta)

Frank LESTRINGANT
La voie des îles

 

POINT DE VUE

 

Henri BRESC
Îles et tissu « connectif » de la Méditerranée médiévale

 

ESSAIS ET RECHERCHES

 

Fabrizio NEVOLA
Le patronage architectural du pape Pie II Piccolomini à Sienne

 

 

RENCONTRE


Entretien avec Guy Beaujouan. Un médiéviste historien des sciences
Propos recueillis par Jean-Patrice BOUDET, Joël CHANDELIER et Nicolas WEILL-PAROT

 

Notes de lecture
Sommaires d’ouvrages collectifs
Livres reçus

 

Pinuccia Franca SIMBULA : « Îles, corsaires et pirates dans la Méditerranée médiévale »
Les îles méditerranéennes ont souvent joué un rôle important dans l’organisation de la course et de la piraterie. Plus qu’une vocation, il s’agit d’un rôle imposé aux îles par leur condition de frontière maritime, par les conflits et la forme spécifique des guerres maritimes qui en font des lieux stratégiques de défense et de contrôle des routes commerciales et militaires. L’étude de quelques exemples permet de montrer comment la course et la piraterie se développent, dans les îles occidentales comme dans celles du Levant, dans un contexte de rivalités diffuses et de guerres ouvertes entre puissances chrétiennes et entre chrétiens et musulmans, qui les utilisent et les instrumentalisent. Consensus politiques ou incapacité des pouvoirs centraux à imposer des contrôles stricts des armements sont des facteurs déterminants dans la construction des espaces et des communautés insulaires qui se projettent avec agressivité sur la mer.

Îles – Course – Piraterie – Méditerranée – Moyen Âge

 

Guillaume SAINT-GUILLAIN : « Seigneuries insulaires : les Cyclades au temps de la domination latine (XIIIe-XVe siècle) »
Du XIIIe au XVe siècle, l’archipel des Cyclades, de peuplement grec et de culture byzantine, passa sous le contrôle d’une élite seigneuriale d’origine italienne qui maintint son identité latine et en fit un des signes de sa domination sociale. Contraintes géographiques et historiques ont donné dans cette région à la colonisation médiévale une forme originale, celle de la seigneurie insulaire. Celle-ci a d’abord pour effet de maintenir autant qu’il est possible une population que l’insularité expose plus qu’une autre aux pirates avides d’esclaves. C’est la seigneurie qui définit les formes de propriété, ordonne ces petites communautés en répartissant les populations entre libres et serfs dépendants et génère ainsi d’une part des revenus, d’autre part un encadrement de la force de travail. Elle se révèle donc un instrument efficace de mise en valeur des espaces insulaires, dont elle oriente les productions, en particulier agricoles, pour les insérer dans les circuits d’échange méditerranéens, tirant ainsi l’île de l’isolement. Peut-être en partie grâce à elle, les sociétés insulaires du sud-ouest de l’Égée, fragiles et fragmentées, n’en sont pas moins pratiquement les seules parmi celles nées du démembrement de l’Empire byzantin au début du XIIIe siècle à préserver leur forme d’organisation jusqu’au début de l’époque moderne.

Cyclades (Grèce) – Insularité – Seigneurie – Colonisation médiévale – Contrôle social

 

Nathalie BOULOUX : « Les îles dans les descriptions géographiques et les cartes au Moyen Âge »
Espace essentiellement discontinu, les îles trouvent difficilement place dans les descriptions du monde, fondées depuis Orose sur la localisation des régions par leur contiguïté. Elles sont donc le plus souvent rassemblées sous la forme de catalogue à la fin des descriptions. Au XIIe siècle, leur caractère mouvant explique leur rôle dans l’essor du merveilleux et dans les réflexions conduites par les clercs sur le monde naturel. Nombreuses dans l’océan qui entoure le monde connu, elles accompagnent à partir du XIVe siècle l’inventaire du monde. Quant à leur représentation cartographique, elle suit les grandes lignes de l’évolution de la cartographie médiévale.

Îles – Espace – Représentation cartographique – Merveilleux – Découvertes

 

Antoine FRANZINI : « Un peuple libre, sauvage et vertueux : nature et politique dans la Corse du Quattrocento »
Dans la seconde moitié du Quattrocento, les discours tenus sur la Corse et les Corses se transforment. Un discours sur la nature des peuples apparaît, tandis que s’effacent progressivement les discours sur les origines mythiques et l’évocation du merveilleux. Appuyées l’une et l’autre sur l’idée fondamentale que ces peuples n’ont pas encore reçu l’empreinte de la civilisation, deux opinions dominantes semblent alors s’opposer dans quelques textes humanistes. Certes, elles s’opposent parfois sur la nature de ces peuples &endash; leur sauvagerie, leur perversité, ou au contraire leur vertu. Mais elles s’opposent surtout sur la façon dont il convient de penser leur gouvernement. Le présent article s’attache à la première de ces thèses, qui suggère que les Corses, soumis à la loi naturelle et d’une merveilleuse simplicité, témoignent certes de l’innocence de l’humanité primitive, mais surtout manquent de la sagesse que le philosophe ou le lettré pourrait seul leur apporter.

État de nature – Humanisme – Âge d’or – Corse – Utopie

 

Mireille SÉGUY : « Récits d’îles. Espace insulaire et poétique du récit dans l’Estoire del saint Graal »
L’Estoire del saint Graal constitue le premier volet du cycle romanesque du Lancelot-Graal. En tant que tel, ce récit doit fixer les débuts de la trajectoire du Graal, ménager des liens entre l’Antiquité païenne et les temps arthuriens, mais aussi assurer autant que faire se peut la cohésion d’un immense ensemble constitué de massifs narratifs hétérogènes. Ce difficile ” cahier des charges ” est compliqué du fait que l’Estoire a certainement été composée après l’ensemble du cycle dont elle doit écrire les origines et inventer la cohérence. L’article teste l’hypothèse selon laquelle l’espace insulaire, espace largement privilégié par le roman, offre un certain nombre de solutions narratives permettant de réussir cette entreprise ambitieuse et paradoxale. Dans cette perspective, l’espace insulaire apparaît moins comme un espace référentiel ou symbolique que comme un espace poétique, c’est-à-dire comme un lieu d’expérimentation littéraire où le récit trouve à se construire selon les contraintes particulières qui lui sont imposées par sa situation et sa fonction au sein du cycle.

Estoire del saint Graal - Espace insulaire - Poétique du récit - Roman en prose - Cycle

 

Sébastien DOUCHET : « Les Ysles d’Ynde ou le temps des hommes (Marco Polo &endash; Ibn Battûta) »
L’île médiévale, telle qu’elle est présentée dans La Description du monde de Marco Polo et la Rihla d’Ibn Battûta, ne se caractérise pas par sa situation géographique, mais par sa valeur herméneutique. Elle offre au récit un cadre coupé du temps du monde où l’imaginaire, sous la forme de la merveille et du monstrueux, questionne l’origine et les fondements de la nature humaine. Cet article analyse par quels procédés narratifs et quelles figures le récit fait des îles de l’Océan Indien un espace privilégié pour explorer les limites vacillantes de l’humanité. En ce sens l’île n’est pas un lieu de l’insularité, mais en est une figure, un signe au second degré.

Marco Polo – Ibn Battûta – Insularité – Nature humaine – Temps

 

Frank LESTRINGANT : « La voie des îles »
Du Moyen Âge à la Renaissance, les îles présentent quatre propriétés principales : le dynamisme, l’aptitude à l’encyclopédie, l’ouverture verticale et la miniaturisation. En premier lieu, le monde clos du Moyen Âge s’est ouvert par ses îles périphériques, des Canaries aux Moluques et aux Antilles. Réserves de savoir et magasins de singularités, les îles sont aussi des sas ouvrant sur d’autres mondes, sur l’au-delà et les espaces mouvants de la légende ou du mythe. Les îles, enfin, introduisent des trous dans le récit, favorisant la mise en abyme, la réflexivité et l’ironie. L’Utopie de Thomas More est la meilleure illustration de cette voie ironique des îles.

Isolari – Archipel – Atlas – Ekphrasis – Monde ouvert – Moyen Âge et Renaissance – Purgatoire – Utopie

 

Fabrizio NEVOLA : « Le patronage architectural du Pape Pie II Piccolomini à Sienne »
Cet article traite du patronage architectural de Pie II Piccolomini à Sienne, sa ville natale. Le goût sophistiqué du Piccolomini en matière d’architecture est bien connu et est illustré en particulier par les interventions monumentales qu’il commanda hors de Sienne. Nous connaissons déjà beaucoup des commandes architecturales du pape pour le Vatican, telles que la « Loggia » de la Bénédiction attribuée à Francesco dal Borgo. De même, le complexe monumental de bâtiments par lequel Bernardo Rossellino remodela le petit village de Corsignano au sud de la Toscane, le transformant en la ville de Pie-Pienza, a été maintes fois étudié. À l’opposé nous savons peu des projets du Piccolomini pour la ville de Sienne, ce qui peut paraître surprenant, d’autant que par une sorte d’ironie, l’essentiel de la documentation qui étaye cet exposé est maintenant conservé au second étage (« piano nobile ») du palais Piccolomini, un bâtiment originellement conçu par le pape lui-même.

Architecture – Renaissance – Sienne – Pie II – Patronage

Pinuccia Franca SIMBULA : « Islands, Privateers and Pirates in the Medieval Mediterranean »
Mediterranean islands used to play an important part in the organisation of privateering and piracy. More than a vocation,this was a compulsory part imposed on the islands by their position of maritime borders, by conflicts and by the specific aspect of sea-wars that turned them into strategic places for defence and control over trade and military sea routes. The study of some examples show how privateering and piracy spread out in the western as in the Levant islands in a background of diffuse rivalry and open wars between Christian powers on the one hand and Christians and Muslims on the other hand, all of them using and manoeuvring them. Political consensus or the inability of central powers to establish strict control over weapons are determining factors in the construction of island spaces and communities that jutted out into the sea with aggressiveness.

Islands – Privateering – Piracy – Mediterranean – Middle Ages

 

Guillaume SAINT-GUILLAIN : « Insular Lordships : the Cyclades under Latin Rule (13th-15th Century) »
From the 13th to the 15th century, the Cyclades archipelago, of Greek population and Byzantine culture, was ruled by an elite of lords of Italian origin : this elite maintained its Latin identity and made it a marker of its social domination. Here, geographical and historical constraints gave medieval colonization an original form, the insular seigniory. Its primary purpose was to fix as much as possible a population whose insular situation exposed more than any other to the greed of enslaver pirates. The seigniory defined the forms of property, put the small communities in order by classifying the populations into dependent serfs and free people and consequently created income on the one hand, and on the other a managing frame for the labour force. It thus appears as an effective tool of development for the insular spaces, whose production, specially agricultural, it inserted into the Mediterranean trade network, drawing the islands out of seclusion. Partly thanks to it perhaps, the tenuous and parcelled insular societies of the south-west Aegean were practically the only ones among those born from the dismemberment of the Byzantine Empire at the beginning of the 13th century to preserve their form of organization until the eve of the modern era.

Cyclades (Greece) – Insularity – Seigniory – Medieval colonialism – Social control

 

Nathalie BOULOUX : « Islands in the Geographical Descriptions and Maps in the Middle Ages »
Since Orose the depictions of the world have been founded on the localization of the regions through their contiguity and therefore, being an essentially discontinuous space, it is hard to give islands a place in them. Actually, they are more often than not collected in a catalogue at the end of those depictions. In the 12th century, their part in the blossoming of the fantastic element and the reflection of the scholars about the natural world is explained by their changing characteristics. Being numerous in the ocean that surrounds the known world, they have been part of the world inventory since the 14th century. As for their geographic representation, it has followed the general evolution of the medieval cartography.

Islands – Space – Cartography – Marvelous – Discovery

 

Antoine FRANZINI : « A Free, Wild and Virtuous People : Nature and Politics in 15th Century Corsica »
During the second half of the 15th century, discourses concerning Corsica and the Corsican people underwent significant change. A new discourse about the nature of indigenous peoples was emerging, as those pertaining to the mythic origins and to the evocation of the fantastic began to disappear. Each based upon the fundamental idea that these populations have not yet been marked by civilization, two main opinions seem to oppose one another in certain humanist texts. Without a doubt, they differ at times with respect to the nature of these populations &endash; their savagery, their perversity or, on the contrary, their virtue. But above all, they differ in their manner of conceptualizing their government. The present article takes up the first of these two positions, suggesting that, under a law that is both natural and of a marvellous simplicity, the Corsicans do, indeed, demonstrate the innocence of primitive humanity but, more importantly, lack the wisdom that only a philosopher or a savant could afford them.

Nature State – Humanism – Golden Age – Corsica – Utopia

 

Mireille SÉGUY : « Tales of the Isles. Insular Setting and the Poetics of Narrative in the Estoire del saint Graal »
L’Estoire del saint Graal constitutes the first chapter of the romantic cycle Lancelot-Graal. As such this tale must not only set out the beginnings of the trajectory of the Grail and show the links between pagan antiquity and the Arthurian epoch, but also ensure as far as possible the cohesion of the enormous whole made up of a mass of heterogeneous narratives. This difficult schedule is complicated by the fact that the Estoire was certainly composed after the cycle whose origins and coherence it had to describe. This article tests the hypothesis whereby the insular setting, a setting particularly privileged by the story, offers a certain number of narrative solutions that favour the success of this ambitious and paradoxical enterprise. In this perspective the insular setting appears less as a referential or symbolic setting than as a poetic one, that is to say as a region of literary experimentation where the narrative is constructed according to the particular constraints that are imposed on it by its place and function within the cycle.

Estoire del saint Graal – Insular setting – Poetics of narrative – Prose novel – Narrative cycle

 

Sébastien DOUCHET : « The Ysles d’Ynde and the Human Time (Marco Polo &endash; Ibn Battûta) »
The medieval island, as treated in Marco Polo’s Description of the world and Ibn Battuta’s Rihla, is not characterized by its geographical position, but its hermeneutic value. It gives the narrative a setting, cut off the worldly temporality, where imagination, as merveille and monstrousness, questions the origin and foundations of humankind. This paper analyzes the narrative devices and figures that make the Indian Ocean islands a specific space where the flickering shapes of humankind can be explored. In that way, the island is not a place but a figure, a second-degree sign of insularity.

Marco Polo – Ibn Battûta – Insularity – Human nature – Time

 

Frank LESTRINGANT : « The Pathway of Islands »
From the Middle Ages to the Renaissance, islands offered four main characteristics : dynamism, availability to encyclopaedic knowledge, vertical openess and a world in miniature. In the first place, the closed world of the Middle Ages opened itself to the islands located on its peripheries, the Canaries, the Moluccas and the West Indies. Warehouses of knowledge and stores of singularities, islands are also gateways to other worlds, the hereafter and the moving sands of myth and legend. Finally, islands introduce gaps in the narrative, thus favourising reflexivity and irony. Thomas More’s Utopia is the best illustration of this ironic pathway of islands.

Isolari – Archipelago – Atlases – Ekphrasis – Open world – Middle Age and Renaissance – Purgatory – Utopia

 

Fabrizio NEVOLA : « The Architectural Patronage of Pius II Piccolomini in Siena »
This paper discusses the architectural patronage of Pius II Piccolomini in his hometown of Siena. Piccolomini’s sophisticated taste in matters architectural is well known, particularly as documented in the monumental interventions he commissioned outside Siena. Much is already known of the pope’s architectural commissions for the Vatican, and the monumental complex of buildings with which Bernardo Rossellino reshaped a small village in South Tuscany, transforming it into the city of Pius : Pienza. This makes it all the more surprising that we know so little about Piccolomini’s projects for the city of Siena, where papal patronage prompted the construction of two monumental palaces and an ” all’antica ” loggia.

Architecture – Renaissance – Siena – Pie II -Patronage

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/12/2004
EAN : 9782842921576
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921576

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