Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/2006
EAN : 9782842921903
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921903

Desseins de frontières

N°28/2006

Est intérrogée la notion de frontières géographiques, stratégiques et politiques en Chine, loin de l’image d’une Chine culturellement  homogène et immuable.

Les recherches menées par les auteurs de ce numéro s’interrogent sur la notion de frontière. Ayant pour particularité d’utiliser le prisme de l’histoire, elles offrent par ailleurs une meilleure appréhension de la société chinoise. Ces recherches s’insèrent dans la tendance actuelle de la sinologie qui s’attache à analyser les frontières chinoises tant d’un point de vue géographique, politique, économique, social qu’ethnique.

Introduction

 

I – DES TRACÉS ET DES BORNES

 

Paola Calanca, François Wildt
Les frontières : quelques termes-clés

 

Paola Calanca
La notion de frontière dans l’aménagement du territoire à l’époque ancienne

 

 

 

II – ENJEUX FRONTALIERS

 

Christian Lamouroux
Militaires et bureaucrates aux confins du Gansu-Qinghai à la fin du XIe siècle

 

Elizabeth Allès
Usages de la frontière : le cas du Xinjiang (XIXe- XXe siècles)

 

III – TENSIONS FRONTALIÈRES

 

Fabienne Jagou
Vers une nouvelle définition de la frontière sino-tibétaine : la Conférence de Simla (1913-1914) et le projet de création de la province chinoise du Xikang

 

Sébastien Colin
Chine-Corée : une frontière en suspens ?

 

IV – REGARD EXTÉRIEUR

 

Daniel Nordman
Éclats de frontières


Résumés en français
Résumés en anglais
Résumés en chinois

 

Paola CALANCA, François WILDT : “Les frontières : quelques termes-clés”
La lecture des différentes sources, des ouvrages les plus anciens aux plus récents, démontre que si la notion de frontière peut se traduire par différents caractères (simples ou composés) et expressions, un certain nombre d’entre eux renvoient immédiatement à la frontière ou à ses attributs. Ce lexique détaille ces quelques termes de base, renvoyant qui au concept de frontière qui à leur usage dans l’administration des marches de l’empire.

 

Paola CALANCA : “L’aménagement du territoire et la notion de frontière à l’époque ancienne”

Les textes anciens établissent un lien étroit entre les fondements archaïques de l’ordre social et l’établissement de bornes, de bordures et de limites destinées à marquer et à dessiner les contours de l’espace social organisé et soumis à une même autorité. Cet article s’attache à rappeler l’importance de la notion de frontière dans la tradition politique chinoise à l’époque ancienne, dont la terminologie se retrouve déjà dans les inscriptions oraculaires des Shang et sur les bronzes des Zhou de l’Ouest. Les unités territoriales anciennes sont organisées autour de deux dispositifs : l’autel du sol au centre et les frontières à l’extrémité du territoire. L’autel du sol d’une localité est l’emblème d’une relation horizontale qui relie la communauté au grand carré des neuf provinces et d’un rapport vertical qui la place sous l’autorité de l’État, illustré par le talisman de Taiyi trouvé à Mawangdui. Quant au territoire de l’empire unifié, ses limites étaient vraisemblablement marquées par des signes visibles, même sur sa frontière méridionale qui ne nécessitait pas un dispositif aussi important que celui édifié au Nord.

 

Christian LAMOUROUX : “Militaires et bureaucrates aux confins du Gansu-Qinghai à la fin du XIe siècle”

Basé sur les études menées sur le mouvement d’assimilation des populations frontalières du Nord-Ouest qu’avait impulsé Wang Anshi (1021-1086), l’article analyse l’impact que cette politique a eu sur l’organisation bureaucratique au-delà de l’épisode des réformes. Le front pionnier ainsi ouvert devint l’enjeu de rivalités à la cour entre des groupes qui y voyaient un espace hors norme, dont la gestion pouvait favoriser les recompositions politiques au niveau même du pouvoir central. La gestion de la frontière pesa ainsi sur les alliances au sein du personnel dirigeant, en façonnant les orientations générales de la dynastie.

 

Élisabeth ALLÈS : “Usages de la frontière : le cas du Xinjiang (XIXe-XXe siècles)”

D’une terre d’aventure, de commerce, de transhumance, l’espace entre le Turkestan oriental et le reste de l’Asie centrale a été transformé en frontière politique à compter du milieu du XVIIIe siècle. Zone tampon entre les empires russe et chinois, cette frontière a toujours constitué un espace poreux. Les populations locales ont su faire usage à leur profit de cette frontière qui leur a servi de refuge face aux États centraux respectifs.

Dans l’esprit des populations de langues turque et chinoise, de la région aujourd’hui nommée Région Autonome Ouighour du Xinjiang, la « frontière historique » avec la Chine reste symbolisée par les anciennes passes de la Grande Muraille. Le Xinjiang demeure un espace où il est toujours malaisé de dégager des principes d’identité commune ou une véri¬table forme d’unité. Toutefois, sous l’effet du temps, de la répression, des discriminations, des distorsions économiques et des migrations hors du Xinjiang, un sentiment d’appartenance à cette entité spécifique fait son chemin en ce tournant du XXIe siècle.

 

Fabienne JAGOU : “Vers une nouvelle définition de la frontière sino-tibétaine : la conférence de Simla et le projet de création de la province chinoise du Xikang”

Cet article analyse le processus du passage d’une tentative de démarcation du tracé de la frontière à la reconnaissance d’une « région frontière » qui marque la frontière entre la Chine et le Tibet dans son ensemble au début du XXe siècle. Les volontés britanniques et russes de préserver leurs sphères d’influence respectives en Asie firent du Tibet un espace convoité et il devint urgent de définir les limites de son territoire. L’échec des négociations de la Convention de Simla en 1913-1914 et l’établissement progressif de la province chinoise du Xikang sur une province tibétaine permettent d’exposer les différentes étapes qui menèrent la Chine à administrer une zone périphérique dans le but de se protéger de ses deux puissants voisins.

 

Sébastien COLIN : “Chine-Corée : une frontière en suspens ?”

Établie sur les fleuves Yalu et Tumen à la fin du XIVe siècle, la frontière entre la Chine et la Corée fut l’objet de litiges entre les débuts du XVIIIe et du XXe siècle. Malgré de nombreuses négociations, les deux parties n’aboutirent jamais à une délimitation complète de la frontière. Cette dernière ne fut réalisée que dans une seconde phase, une dizaine d’année après la fin de la Guerre de Corée, par la signature entre la Chine et la Corée du Nord d’un traité frontalier qui fut largement favorable à la partie nord-coréenne et qui resta secret pendant plusieurs décennies. Néanmoins, parce que ce traité n’a pas pris en compte la Corée du Sud, la frontière entre la Chine et la péninsule coréenne reste à bien des égards en suspens. Il ne fait en effet aucun doute qu’une éventuelle réunification coréenne à l’avantage de la Corée du Sud remettra à l’ordre du jour la question de la délimitation frontalière entre les deux pays, au moins dans l’objectif de mettre un point final à sa longue histoire. Des différends apparus ces derniers temps entre la Chine et la Corée du Sud tendent à raviver cette question frontalière et donnent un aperçu des éventuelles tensions qui pourraient en résulter.

 

Daniel NORDMAN : “Éclats de frontière”

Le nombre de pays limitrophes d’un vaste pays comme la Chine est considérable. Les façons d’aborder ces frontières, par la géographie, l’histoire, l’anthropologie, la linguistique, l’économie, le droit, peuvent susciter des travaux démesurés. Chacune d’entre elles serait à saisir sous des échelles différentes. La seule étude des noms propres mériterait une longue étude systématique. Les possibilités – de l’étude des objets à celle des processus – sont alors infinies. Pourtant les comparaisons permettent d’échapper à l’esprit de système et de synthèse, de choisir le désordre plutôt que l’ordre, de recueillir des fragments, de préférer des éclats. Laisser la part aux similitudes fortuites, aux occurrences de rencontre, tel est le pari des pages qui suivent, à partir d’un détail, d’une notion, d’un mot proposés par des contributions traitant des frontières de la Chine.
Sont successivement parcourus, à partir d’exemples variés – la France et l’Italie d’Ancien Régime, l’Algérie et le Maroc à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les États-Unis du XIXe siècle – des espaces permettant d’évoquer la question du lexique de la frontière et de la limite, celle de la structure et de la consistance du territoire, les processus de l’aventure frontalière (frontière et administration, occupation et conquête, modèles de héros), la langue des noms propres, s’agissant des pays ou des cours d’eau. L’article s’achève par une présentation des relations entre frontière et capitale – en Chine et en France –, d’après des textes de Jules Verne et de Montesquieu.

Paola CALANCA, François WILDT : “Chinese Borders : some Keywords”
Examination of the various sources from the oldest works to the most recent shows that, if the notion of border can be translated by different characters (simple or composite) and expressions, a certain number of them refer immediately to the border or its attributes. This lexicon is organized around the basic terms referring to the concept of borders or to their uses in the administration of the confines of the Empire.

 

Paola CALANCA : “Territorial Planning and the Notion of Border in Ancient Times”
The ancient texts show the link between the archaic foundation of the social order and marks, lines, and boundaries drawing and fixing the outline of a social sphere organized and subject to a single authority. In this article, the author emphasizes the importance of the notion of border in Chinese political tradition in ancient times, the terminology of which is already to be found in Shang oracular inscriptions and Western Zhou bronzes. Ancient territorial units were organized around two devices : the Altar of the Earth in the center and the borders at the margins of the territory. The Altar of the Earth of a locality is the emblem of a horizontal relation that links the community with the great square of the nine provinces and of a vertical relation which places it under the authority of the State, illustrated by the Taiyi talisman found in Mawangdui. As for the territory of the unified Empire, its borders were most likely marked by visible signs, even on the southern border which did not require as considerable an organization as the one set up in the North.

 

Christian LAMOUROUX : “Military Personnel and Bureaucrats on the Gansu-Qinghai Border in the Late XIth century”
Based on several studies dealing with the policy of assimilation of the North-Western tribesmen implemented by Wang Anshi (1021-1086), this essay focuses, beyond the sole event of the reforms on the impact of this policy upon the bureaucratic organization. The pioneering front stirred rivalries between various cliques within the court, which viewed it as a special space, the management of which could provide opportunities for political restructuring at the central level. Hence, management of the frontier played a direct role in the bureaucratic alliances at the highest levels of government, and reshaped the overall orientations of the dynasty.

Élisabeth ALLÈS : “On Possible Uses of a Frontier : The Case of Xinjiang (XIXth – XXth centuries)”
From a land of adventure, trade and transhumance, the area between Oriental Turkestan and the rest of Central Asia transformed into a political frontier over the course of the XVIIIth century. As a buffer zone between the Russian and Chinese empires, this border has always been porous. Local populations knew how to avail of this frontier, where many a time they took refuge from their respective States.

To the eyes of the Turkish and Chinese populations of this area now called « Xinjiang Uyghur Autonomous Region », the « historical border » with China is still embodied in the ancient pass of the Great Wall. Xinjiang is a space where it is difficult to forge a common identity. However, with time, repression, discrimination, economic distortion and migrations, the feeling of belonging to this specific entity is emerging at the turn of the 21th century.

 

Fabienne JAGOU : “Toward a New Definition of the Sino-Tibetan Border : the Simla Conference (1913-1914) and the Xikang Province Project”
This article analyses the process leading from an attempt to draw a border to the recognition of a « border zone » between China and Tibet at the beginning of the twentieth century. Tibet, located between the British and Russian spheres of influence in Asia, was highly coveted, and thus the need to define Tibetan territory borders became urgent. The failure of the Simla Conference in 1913-1914 and the gradual establishment of the Chinese province of Xikang over Tibetan territory demonstrate how China was able to control a ‘border zone’in order to protect its center from two powerful neighbours.

 

Sébastien COLIN : “China and the Korean Peninsula : a Suspended Border ?”
Traced along the course of the Yalu and Tumen Rivers at the end of the XIVth century, the border between China and Korea was later to become a cause of dispute from the early XVIIIth into the XXth century. In spite of any number of negotiations, the two sides never achieved a complete definition of the border. This was not implemented until the second phase of negotiations which resulted in a border treaty signed some ten years after the end of the Korean War between China and North Korea. This treaty kept secret for several decades gave a substantial advantage to North Korea. Nevertheless, since it did not include South Korea in the negotiation process, the border between China and the Korean peninsula still remains to some extent an unresolved issue. There is indeed no doubt but that any reunification of the two Koreas advantageous to South Korea will place the issue of the border on the political agenda, at the very least with the objective of finally defining a clear-cut position. A certain number of historical disagreements over the past few years between China and South Korea also highlights a potential source of tension in the near future.

 

Daniel NORDMAN : “Border Splinters”
The number of countries bordering on a nation as large as China is considerable. The many ways of examining these borders, be it through geography, history, anthropology, linguistics, economy or law, would entail an enormous investment of work. Each of these fields would have to be investigated on varying scales of effort. For instance, the subject of proper names alone would deserve a long systematic study. The possible approaches – from study of object to that of processes – are nearly infinite. However, comparison enables us to escape from the limits of systems and syntheses, to have disorder prevail over order, to gather fragments, to favour splinters. The vision outlined in the following pages involves granting a large place to gratuitous similarities, to chance occurrences that may spring forth from a detail, a notion, a word proposed by the contributions dealing with Chinese borders. We shall survey a series of varied examples in space – France and Italy in the Ancien Regime, Algeria and Morocco in the late XIXthand early XXth centuries – that enable us to address the question of the lexical field regarding borders and limits, also the question of the structure and consistency of a territory, of the processes involved in the frontier adventure (border and administration, occupation and conquest, hero models), and last the question of proper names, be they referring to parts of the country or hydronyms. The article is rounded off by a presentation of the relations between borders and capitals – in China and in France – based on texts by Jules Verne and Montesquieu.

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/2006
EAN : 9782842921903
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921903

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