« On se souviendra de moi pour Lolita et ma traduction d’Eugène Onéguine », affirma un jour Vladimir Nabokov, écrivain multilingue et traducteur acharné. En effet, l’auteur de Lolita ne fit pas seulement scandale par son roman controversé : il ébranla aussi l’ensemble de la pensée et de la pratique traductive.
En traduisant Eugène Onéguine de Pouchkine – du russe, sa langue maternelle, vers l’anglais, sa langue d’adoption –, Nabokov proposa une version littérale, rigoureuse, « intransigeante », qui déclencha un débat retentissant. Ce travail de près de vingt ans le conduisit à une rupture avec son ami et critique littéraire Edmund Wilson. Au-delà de leur querelle, c’est la possibilité même de la traduction qui est interrogée.
Ce livre réunit tous les essais de Nabokov sur la traduction. Constitué de textes pour la plupart inédits en français, il présente la pensée et les pratiques traductives de Nabokov, leur évolution dans le temps jusqu’à la défense radicale du littéralisme, une position extrême et dérangeante.
Chiara Montini est professeure chercheuse et traductrice. Elle s’intéresse aux écrivains multilingues et autotraducteurs, ainsi qu’à la traduction littéraire et à la génétique de la traduction. Elle a publié plusieurs essais, notamment Il Clan Nabokov. Quando l’erede è il traduttore (Mimesis, 2021), et, avec Anthony Cordingley, le numéro « Genetic Translation Studies : An Emerging Discipline » (Linguistica Antverpiensia, no 14, 2015).