Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

Partager

ajouter au panier

Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/01/2013
EAN : 9782842923532
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842923532

Version numérique
EAN : 9782842923532

Philosophies morales – L’éthique à la croisée des savoirs (XIIIe-XIVe siècles)

N°63/2012

Ce numéro est l’occasion d’accueillir pour la première fois dans la revue un dossier consacré à la philosophie médiévale.

Le numéro 63 s’intéresse à la question de la construction de théories éthiques dans la pensée médiévale. La recherche porte à la fois sur la réflexion éthique par les philosophes et sur le transfert culturel de ces notions vers d’autres disciplines. Il s’agira donc d’étudier à la fois la construction d’une logica moralis dans la philosophie médiévale, ses relations avec la réflexion sur la liberté d’agir des hommes et l’usage de ces notions philosophiques dans d’autres milieux culturels : la réception de l’Ethique d’Aristote en Italie et ses influences dans la construction de la littérature italienne ; les rapports entre éthique et médecine ; l’influence de la morale dans la culture juridique ; l’usage de l’éthique dans les comportements sociaux.

Le thème abordé dans ce numéro, l’éthique  en philosophie dans ses rapports à d’autres disciplines, est actuellement l’objet d’une réévaluation par les spécialistes de la philosophie médiévale.

Les auteurs, tout en produisant des articles de grande qualité scientifique, ont veillé à rendre  accessible ce premier numéro consacré à la philosophie médiévale.

Reconfigurations du discours éthique à la fin du Moyen Âge
Iacopo Costa et Aurélien Robert

 

Tératologie de la morale, ou de l’éthique au Moyen Âge
Emanuele Coccia          

L’idée de logique morale aux xiiie et xive siècles
Aurélien Robert          

La vulgarisation de l’Éthique d’Aristote en Italie aux xiiie et xive siècles : enjeux littéraires et philosophiques
Sonia Gentili            

Les complexions vertueuses : la physiologie des vertus dans l’anthropologie médicale de Pietro d’Abano
Matthew Klemm            

Le théologien et l’Éthique à Nicomaque. Sur les usages théologiques de la morale aristotélicienne au xive siècle
Iacopo Costa            

Que signifie « être libre » ? Le cas Henri de Gand
Martin Pickavé           

Dieu, les autres et moi: La hiérarchie des dilections à la fin du Moyen Âge
Christophe Grellard
           .

 

ESSAIS ET RECHERCHES

Campagnes et stratégies des armées anglo-saxonnes pendant l’époque viking
Ryan Lavelle

POINT DE VUE 

Habemus sanctam ? La vie sans fin d’Hildegarde de Bingen
Laurence Moulinier

 

Notes de lecture

Carla Meyer, Die Stadt als Thema. Nürnbergs Entdeckung in Texten um 1500 (Joseph Morsel); Stéphane Péquignot, Au nom du roi. Pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II d’Aragon (1291-1327) (Armand Jamme) ; Sébastien Legros, Moines et seigneurs dans le Bas-Maine. Les prieurés bénédictins du xe au xiiie siècle (Anne Lunven) ; Amy Livingstone, Out of love for my Kin. Aristocratic family Life in the Lands of the Loire, 1000-1200 (Claire Lamy); André Chédeville et Daniel Pichot (dir.), Des villes à l’ombre des châteaux, naissance et essor des agglomérations castrales en France au Moyen Âge (Cédric Quertier); Sébastien Nadot, Rompez les lances ! Chevaliers et tournois au Moyen Âge (Loïc Cazaux) ; François Foronda, Christine Barralis, Bénédicte Sère (dir.), Violences souveraines au Moyen Âge. Travaux d’une école historique (Christelle Balouzat-Loubet) ; Patricia Eichel-Lojkine (dir.), Claude de Seyssel, Écrire l’histoire, penser le politique en France, à l’aube des temps modernes (Xavier Pindard) ; Denise Angers éd. Le terrier de Philippe d’Harcourt et Jeanne de Tilly, seigneurs de Tilly-sur-Seulles (1375-1415) (Juliette Dumasy) ; Pierre Monnet et Jean-Claude Schmitt éd. et trad.,Vie de Charles IV de Luxembourg (Éloïse Adde-VomÁČkovÁ)

Livres reçus

Emanuele Coccia (EHESS)
Tératologie de la morale, ou de l’éthique au Moyen Âge

L’article se concentre sur le statut épistémologique de la vérité morale: contrairement à d’autres formes de vérité, la vérité morale existe toujours dans des endroits autres que le lieu de sa formalisation dans des enseignements universitaires, car elle n’est jamais unique. Les identités morales d’une époque font l’objet de différentes sciences (droit, l’éthique, la rhétorique etc.), s’incarnent dans des figures et des contextes sociaux très différents et existent souvent dans des formes contradictoires. Toute tentative d’écrire une histoire de la pensée morale au Moyen Âge devraient donc dépasser l’analyse des commentaires sur l’Éthique ou de la production académique. Après une discussion générale de la question, l’article se concentre sur trois aspects: la relation entre vérité morale et vérité juridique a partir du problème des « prologues de la loi »; la façon dont le Nouveau Testament présente l’existence de la vérité morale dans le corps même du Christ, et, enfin, la façon dont certains théologiens pensèrent la relation entre l’unité de la vérité morale et la pluralité ethniques et politiques des formes de vie.

 

Aurélien Robert (CNRS-CESR)
L’idée de logique morale aux xiiie et xive siècles

Comment l’homme raisonne-t-il dans le domaine moral ? À cette question, Aristote fournit un premier élément de réponse qui consiste à indiquer le caractère non scientifique de la logique à l’œuvre en contexte moral. Reprenant une idée développée dans le monde arabe, plusieurs penseurs latins des xiiie et xive siècles ont considéré que la rhétorique et éventuellement la poétique – prises comme des parties de la logique – constituent l’argumentation non scientifique propre au domaine moral. À partir de quelques témoignages, nous montrons que, d’une même idée, sont nées trois conceptions de l’éthique fort différentes. Albert le Grand défend ce que nous appellerions aujourd’hui « une éthique de la vertu », où l’idée d’une logique propre au domaine moral sert à montrer la nécessité d’un raisonnement pratique et non scientifique dans l’action. Au contraire, Roger Bacon défend une éthique de l’obligation au sein de laquelle la rhétorique morale ne sert qu’à convaincre ceux qui n’adhèrent pas déjà aux normes morales imposées par les Écritures saintes. Enfin, Jean Buridan propose une lecture intellectualiste du raisonnement moral. Pour lui, le domaine de l’action est contingent et ne saurait être réduit à un discours scientifique, raison pour laquelle il faut accepter l’idée d’une logique morale. Mais à la différence d’Albert le Grand, le caractère moral et la connaissance pratique perdent de leur importance.

 

Sonia Gentili (Università di Roma – La Sapienza)
La vulgarisation de l’Éthique d’Aristote en Italie aux xiiie et xive siècles : enjeux littéraires et philosophiques

Cet article tente de décrire un phénomène majeur et constitutif de la littérature italienne au Moyen Âge, à savoir l’entrelacement entre parole philosophique et parole littéraire. Pour cela, l’Etica in volgare de Taddeo Alderotti, une version en langue vulgaire de la Summa Alexandrinorum (abrégé de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote), est analysée dans ses traits principaux – l’utilisation des images, la tension entre l’homme politique d’Aristote et l’homme ascétique des chrétiens, et les citoyens identifiés aux « artifices » – et dans sa diffusion chez Guittone d’Arezzo et Dante.

 

Matthew Klemm (Ithaca College – New York)
Les complexions vertueuses : la physiologie des vertus dans l’anthropologie médicale de Pietro d’Abano

Cet article étudie la théorie physiologique de Pietro d’Abano, influent physicien de Padoue. Ses intérêts pour la physiologie étaient de nature aussi bien morale que médicale. En particulier, Pietro était optimiste et pensait que la physiologie du corps – à savoir la combinaison des qualités connue comme « la complexion » – pouvait influencer la morale et la vertu intellectuelle. Il espérait que la physiologie humaine et les facteurs environnementaux qui l’affectaient pouvaient être correctement compris, et que la théorie de la complexion permettrait de fournir une nouvelle approche médicale de la vertu et une compréhension d’ensemble de la nature humaine. Pour cela, Pietro d’Abano s’inspira de la pensée de Galien, qui avait posé lui aussi l’articulation entre complexion et morale. La pensée de Galien en ce domaine était perçue avec suspicion, ce qui conduisit Pietro d’Abano à montrer que l’utilisation de la théorie de la complexion par Aristote était pour l’essentiel en accord avec celle de Galien. Cette lecture d’Aristote nécessita de la part de Pietro une créativité considérable.

 

Iacopo Costa (CESCM – Poitiers)
Le théologien et l’Éthique à Nicomaque. Sur les usages théologiques de la morale aristotélicienne au xive siècle

L’étude prend en considération trois importants commentaires de l’Éthique à Nicomaque du début du xive siècle (les commentaires de Raoul le Breton, Gui Terrena de Perpignan et Guiral Ot), afin de monter comment, à cette époque, le principal traité aristotélicien sur la philosophie morale donne aux maîtres l’occasion d’analyser un certain nombre de questions théologiques : par exemple, la nature de la vision béatifique, les rapports existant entre charité et grâce, et le péché d’usure.

 

Martin Pickavé (University of Toronto)
Que signifie « être libre » ? Le cas Henri de Gand

Le débat sur la nature de l’action humaine qui éclata entre la fin du xiiie et le début du xive siècle est l’un des sujets les plus étudiés de la philosophie médiévale. Mais, malgré l’abondance de la littérature critique à ce sujet, la nature exacte du désaccord entre les « intellectualistes » et les volontaristes demeure peu claire. Les parties prenantes du débat ont-elles simplement divergé quant à la fondation psychologique de l’action libre de l’homme ? Ou sont-elles au contraire en désaccord sur ce que signifie « être libre » ? Autrement dit : le débat porte-t-il sur le meilleur moyen de rendre compte du fait que les êtres humains sont des agents libres ou existe-t-il un désaccord plus profond sur l’objet même du débat ? Cette brève contribution analyse la position d’Henri de Gand, l’un des champions du parti volontariste, sur la nature de la liberté (ratio libertatis). En examinant la question 5 du Quodlibet XIV d’Henri, cet article désire jeter les bases d’une meilleure compréhension de la notion (ou des notions) de liberté au centre des débats du Moyen Âge tardif.

 

Christophe Grellard (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Dieu, les autres et moi : La hiérarchie des dilections à la fin du Moyen Âge

Cette étude examine, à partir de l’analyse de l’amour de soi par Jean Buridan (ca. 1300-1361) et Nicole Oresme (ca. 1320-1380), comment un même texte d’Aristote peut conduire, à travers l’exercice scolaire du commentaire, à la mise en place de deux types d’éthique différents, ancrées dans des contextes différents. Jean Buridan est solidaire du développement d’une forme d’individualisme fondé sur l’accomplissement de soi, tandis que Nicole Oresme insiste davantage sur la dimension politique de l’éthique, en défendant le primat du prince et de la communauté sur l’individu.

 

Ryan Lavelle (History Department, Winchester)
Campagnes et stratégies des armées anglo-saxonnes pendant l’époque viking

L’article évalue le fonctionnement des campagnes militaires dans l’Angleterre anglo-saxonne entre le ixe et le xie siècle. Un modèle théorique est d’abord élaboré, qui permet de rendre compte de l’organisation des forces employées lors des campagnes ; puis l’accent est mis sur la portée du commandement et de la répartition des troupes au cours de campagnes dont les stratégies pouvaient être offensives ou défensives, principalement sous les règnes d’Alfred le Grand (871-899) et d’Æthelstan (924-939). Enfin, en se penchant sur la logistique concrète de la guerre à l’époque anglo-saxonne, l’article montre combien les campagnes pouvaient, y compris à ces dates précoces, faire l’objet d’une organisation minutieuse.

Emanuele Coccia (EHESS)
Teratology of morality or ethics in Middle Ages

The article focuses on the peculiar epistemological status of moral truth: unlike other kinds of truth, moral truth does always exist in other places than the place of its formalization in academic teachings, and is never unique. The various moral identities of a specific period are the objects of different sciences (in the past: law, ethics, rhetoric etc.; nowadays anthropology, sociology, ethics etc.); they also express themselves in different contexts and do exist in contradictory forms. Every attempt of writing a history of moral thought in Middle Ages should consider the epistemological and empirical plurality of moral truth and stop concentrating itself on the analysis of the commentaries on Ethics or on the academic production. After a general discussion of the problem the article focuses on three questions: the relationship between moral truth and juridical truth as exemplified in the prologues of the law; the way moral truth exists in the very body of Christ following the Gospels; and finally the way some theologians thought the relationship between the unity of moral truth and the ethnic and political plurality of human ways of life.

 

Aurélien Robert (CNRS-CESR)
The Idea of Moral Logic in the thirteenth and fourteenth Century

How does mankind think according to reason in the field of morals? Aristotle gave a first element of a reply that consists in pointing out the non-scientific character of logic operating in the field of morals. Taking over an idea developed in the Arabic world, several Latin philosophers of the thirteenth and fourteenth centuries considered that rhetoric, and perhaps also poetics (as a part of logic), constituted a non-scientific argument appropriate for the field of morals. On the evidence of different texts, we show that from the same idea were born three very different conceptions of ethics. Albertus Magnus supported what we would call today an “ethics of virtue”, where the idea of a logic appropriate to the field of morals serves to reveal the necessity of a practical and non-scientific rationality in action. Roger Bacon on the other hand maintained that there is an ethic of obligation within which moral rhetoric only serves to convince those who do not already adhere to the standards imposed by the Holy Scriptures. Finally Jean Buridan proposes an intellectual interpretation of moral reasoning. For him, the field of action is contingent and cannot be reduced to a scientific discourse, so that the idea of moral logic must be accepted. But, differently from Albertus Magnus, moral character and practical knowledge lose their importance.

 

Sonia Gentili (Università di Roma – La Sapienza)
The Vernacularization of Aristotle’s Ethics in 13th and 14th-Century Italy : Literary and Philosophical Issues

This paper deals with one of the most important phenomenon in mediaeval Italian literature : the interlacing of philosophy and literature. In order to do this, Taddeo Alderotti’s Etica in volgare, a vernacular version of the Summa Alexandrinorum (a summary of Aristotle’s Nicomachean Ethics) is analysed through the main themes occurring in it – the presence of images, the tension between the Aristotelian man as a political animal and the ascetic man from the christian tradition, and the citizens depicted as « artifices » – and through its influence on Guittone d’Arezzo and Dante.

 

Matthew Klemm (Ithaca College – New York)
Virtuous Complexions : The physiology of the Virtues in Pietro d’Abano’s Medical Anthropology

This paper examines the physiological theory of the influential Paduan physician Pietro d’Abano. It argues that Pietro’s physiological interests were driven by concerns that were as much moral as medical. In particular, Pietro was optimistic that the body’s physiology — namely the combination of the qualities known as “complexion” — could help cause moral and intellectual virtue. He hoped that if human physiology and all the environmental factors affecting it could be properly understood, complexion theory could provide a new, medical, approach to virtue and to our overall conception of human nature. To make his case, Pietro revives the thought of Galen, who had also argued the connection between complexion and morals. Because Galen’s thoughts on this matter were viewed with suspicion, Pietro argues that Aristotle’s use of complexion theory is in essential agreement with Galen, a reading of Aristotle that requires considerable creativity on Pietro’s part.

 

Iacopo Costa (CESCM – Poitiers)
The Theologian and the Nicomachean Ethics. The Theological Use of Aristotelian Ethics in the fourteenth Century

The present study deals with three important commentaries on the Nicomachean Ethics from the beginning of the fourteenth century (by Raoul le Breton, Gui Terrena de Perpignan and Guiral Ot), in order to show how, at this period, the principal Aristotelian treatise on moral philosophy allows the masters to treat theological problems, such as the beatifical vision, the relationship between charity and grace, and the sin of usury.

 

Martin Pickavé (University of Toronto)
What Does it Mean to be Free? The Case of Henry of Ghent.

The debate about the nature of human agency that erupted at the end of the 13th and the beginning of the 14th centuries is one of the most studied topics in medieval philosophy. But despite the exuberant secondary literature the scope of the disagreement between the so-called intellectualist and voluntarists remains unclear. Do the opposing parties merely disagree about the psychological foundation of human free agency? Or do they also disagree more fundamentaly about what it means to be free? This short contribution examines what Henry of Ghent, of one of the champions of the voluntarist cause, thought about the nature of freedom (ratio libertatis). By examining q. 5 of Henry’s Quodlibet XIV, the paper hopes to set the stage for a more profound understanding of the notion(s) of freedom underlying the late medieval debates over human free agency. 

 

Christophe Grellard (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
God, Others and I : The Hierarchy of the Dilections in the Later Middle Ages

By analysing the case of self love in John Buridan’s and Nicole Oresme’s philosophy, this study examines how the same text of Aristotle’s Ethics can generate two different kinds of ethics belonging to two different contexts. John Buridan favours the development of a certain type of individualism, whereas Nicole Oresme insists on the political dimension of ethics and on the primacy of the prince and the community. 

 

Ryan Lavelle (History Department, Winchester)
Campaigns and Strategies of the Anglo-Saxon Armies during the Viking Period

This article assesses the practice of campaigning in Anglo-Saxon England during the ninth to eleventh centuries. Proposing a theoretical model for the organisation of forces on campaign, the paper attempts to address the significance of leadership and group composition in campaigns using defensive and offensive strategies, specifically during the reign of Alfred the Great (871-899) and Æthelstan (924-939). Also addressing the practical logistics of Anglo-Saxon warfare, the paper shows the attention given to the organisation of campaigning in early England.

ajouter au panier

Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/01/2013
EAN : 9782842923532
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842923532

Version numérique
EAN : 9782842923532

Sur le même thème