Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/10/1995
EAN : 9782910381240
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782910381240

Le travail de la citation en Chine et au Japon

N°17/1995

Imbriquées, tronquées, amplifiées, déformées, les citations se présentent sous de multiples formes dans les textes chinois et japonais.

 Plus encore que de recenser les formes qu’a pu prendre le phénomène, omniprésent dans les sources extrêmes-orientales, ce recueil vise à approfondir les questions suivantes : comment les citations ont-elles acquis cette position prééminente au sein des techniques de production culturelle ? D’où leur vient la valeur qu’elles y ont prise ? Comment leur a-t-on fait faire sens ?

 

Karine Chemla et François Martin

« Rendre à César » ? ou de l’identification, des techniques, des significations, des sources et des motivations de la citation

 

 

I – La citation en divers de ses contextes

 

François Martin

Le Shijing, de la citation à l’allusion : la disponibilité du sens

Jean Levi

Quelques exemples de détournement subversif de la citation dans la littérature classique chinoise

 

 

II – Des genres littéraires de la citation

 

Michel Vieillard-Baron

Les métamorphoses du mot : la citation de vers chinois comme sujet de composition de poèmes japonais, Waka

Karen W. Brazell

Citations on the Noh Stage

 

 

 

 

III – Citations en texte

 

Michael Lackner

Citation et éveil. Quelques remarques à propos des citations implicites dans les textes techniques chinois

 

 

 

 

IV – Regards extérieurs

 

Geoffrey Lloyd

Quotation in Greco-Roman contexts

François MARTIN : « La disponibilité du sens dans les citations du Shijing »

Vers les VIIe et VIe s. av. J.-C., les poèmes du futur Shijing, ou Canon des Poèmes, étaient utilisés par les officiers de cour pour exprimer allégoriquement leurs intentions. C’était un procédé très libre, l’interprétation ne dépendant que de la situation. Confucius ouvrit une ère nouvelle, en se servant des poèmes pour susciter des idées morales au besoin au prix de jeux de mots. Plus tard, la canonisation des poèmes entraîna la fixation de leur interprétation. Toutefois les poètes de l’âge classique, tout en souscrivant en tant qu’hommes, à l’idéologie confucéenne, savaient revenir au sens premier des poèmes. Une telle souplesse ne restait sans doute possible que parce que la pratique de la citation en Chine avait été fondée sur un principe de totale disponibilité du sens

Jean LEVI : « Quelques exemples de détournement subversif de la citation dans la littérature classique chinoise »

Ayant opposé la citation d’autorité qui vise à conférer à un développement le prestige de la source évoquée à la citation subversive, qui détourne le sens de l’extrait cité par le travail que lui impose son nouveau contexte, l’auteur se concentre sur trois exemples de ce dernier cas de figure, en décrivant pour chacun les techniques textuelles mises en oeuvre ainsi que l’enjeu de ce détournement. Le premier cas montre comment le Huainanzi libère les significations – alors gelées – de citations enchâssées dans les citations qu’il fait et ce, aux fins de masquer la nature véritable du système politique auquel il souscrit. Avec le second cas, l’on voit Zhuang zi procéder à une subversion satirique du discours confucéen en organisant son texte autour d’une citation absente. Le troisième cas montre la manière dont un roman du XIXe siècle se construit par reprise et transformation de matériaux classiques antérieurs.

Michael LACKNER : « Citation et éveil. Quelques remarques à propos de l’emploi de la citation chez Zhang Zai »

L’enchevêtrement de citations par lequel Zhang Zai dépeint le cours de la vie de Confucius s’avère faire sens par le dispositif qu’il construit. Dans un premier moment, les thèmes des phrases successives mettent en place un plan diachronique qui fait voir la progression organisée des étapes de la vie du Sage, par opposition aux prédicats qui élaborent la pérennité de sa perfection. Le second moment inverse thèmes et prédicats tout en les agençant dans un texte de même structure. L’auteur pose la question de savoir comment le texte, et partant la citation, travaille le lecteur, mais aussi, inversement, comment la citation est travaillée de manière irréversible par le texte.

Michel VIEILLARD-BARON : « Les métamorphosés du mot : la citation de vers chinois comme sujet de composition de poèmes Japonais, Waka » À la fin du IXe siècle, le poète japonais Ôé no Chisato composa des “poèmes japonais” waka en prenant pour sujets des vers extraits d’oeuvres chinoises en particulier celles du célèbre poète des Tang, Bai Juyi. Il inaugurait ainsi un nouveau mode de composition. Plus de deux siècles plus tard, le poète japonais Jien choisit cent vers sujets extraits de poèmes de Bai Juyi et demanda à Fujiwara no Teika de composer, tout comme lui, sur ces sujets. On trouve sept sujets communs parmi ceux qu’ont choisis Ôe no Chisato et Jien. L’analyse des poèmes composés par ces deux poètes et Teika sur les sept sujets nous permet de retracer l’évolution de ce mode de composition original et d’en définir la motivation.

Karen W BRAZELL : « Citations sur la scène Noh »

L’article analyse les diverses manières dont plusieurs pièces Noh de l’époque de Zeami (1363-1443) recourent à des citations. Celles-ci avaient depuis longtemps constitué un élément clef de la poésie médiévale japonaise. En important cette technique dans le Noh, Zeami l’élève d’art populaire, qu’il était jusqu’alors, au statut de forme d’art supérieur, changeant ainsi la composition de l’auditoire auquel il est adressé tout en contribuant, réciproquement, à l’élévation du statut culturel de ce nouveau public. Par ailleurs, la mutation de medium permet à Zeami de redéfinir le type de sources auxquelles il était loisible de puiser, et de ne pas utiliser uniquement les modes classiques de citation mais d’en introduire de nouveaux lesquels mettent à profit la longueur des pièces et les métalangages propres au théâtre. Ses usages des citations combinées, des métaphores visuelles, des allusions mises en scène, des citations réitérées, déformées, dispersées, reconstruites et amplifiées sont examinés successivement.

Georges Métailié : « Note à propos des citations implicites dans les textes techniques chinois »

Quoique de manière différenciée selon qu’il s’agit de botanique, d’agriculture ou d’horticulture, les textes techniques chinois font un usage marqué de la citation. L’auteur décrit ici les différentes sortes de marques par lesquelles celle-ci est signalée au lecteur et analyse diverses modalités de sa réalisation. La mise en regard d’un extrait du Bencao gangmu de Li Shizhen (1596) et de sa source – que, pour une fois, il ne cite pas, sans qu’il soit possible de déterminer la raison de cette omission – met en évidence la manière dont le botaniste tresse le texte de la citation avec des ajouts de son cru, ou souligne comment il tronque au contraire celle-ci. La confrontation à nouveau de ce même extrait de Li Shizhen et de sa reprise, dans le contexte de l’horticulture, par le Huajing (1688) de Chen Haozi permet d’observer une manière autre de citation d’un texte désormais devenu un classique : la reformulation.

Geoffrey LLOYD : « Citations dans des contextes grecs et romains »

L’auteur souligne que si l’acte de citer peut être réalisé de plusieurs manières, depuis la reformulation d’une idée jusqu’à la citation verbatim, les modalités prédominantes à une époque sont fonction des pratiques du savoir – selon que, par exemple, elles favorisent l’oral ou l’écrit – aussi bien que de l’état d’organisation de l’ensemble des sources. Ainsi la fixation de textes canoniques modifie la nature de la transmission de plus d’une manière et, partant, les types de référence qui y sont faites. Il discute trois raisons de citer qui apparaissent prédominantes dans l’Antiquité gréco-latine, quoique leur fréquence respective varie selon les époques : l’on peut citer pour sculpter son statut d’érudit, pour conférer à une position donnée l’autorité de ceux qui sont donnés pour l’avoir soutenue ou établie, ou enfin pour mieux pouvoir contredire l’adversaire que l’on se donne par la citation. Point n’est besoin de le préciser, les deux derniers modes de citation sont ouverts à toutes espèces de manipulation.

 François MARTIN : « The disponibility of meaning in Shijing quotations »

Around the 7th and 6th centuries BC, the poems which were to form the Canon of Poetry (Shijing) were used by court officers to express their intentions in allegorical forms. It was a free device, the meaning of the poem quoted being dictated only by the situation. Confucius opened a new era, using the poems to suggest moral ideas. To do this, he would even play consciously and freely on the words themselves. Later, with the canonization of poems, their interpretation was rigidly codified. But poets of the classical age, while subscribing as social beings to the tenets of confucian ideology, were able to revert to the original meaning of the poems. This was possible, one may assume, only because the early Chinese practices of quotation had been founded on the principle of total availability of meaning.

Jean LEVI : « Some examples of subversive shifts of quotations in classical Chinese literature »

After opposing the quotation of authotity – which aims at endowing one’s arguments with the prestige of the given source – to the subversive quotation – which changes the meaning of the quoted extract through the effect imposed by its new context – the author concentrates on three examples of the latter case. For each example he describes the textual techniques brought into play as well as what is at stake in this transformation of meaning. The first example shows how the Huainanzi uses quotation subversively to release the significations of quotations whose meaning has been frozen by embedding them within other quotations ; this is done to hide the genuine nature of the political system to which it subscribes. In the second example, we see how Zhuangzi achieves a satirical subversion of the Confucian discourse by organizing its text around a missing quotation of Laozi. The third example demonstrates how a 19th-century novel is constructed by reclaiming and transforming previous classical material.

Michael LACKNER : « Quotation and awakening. Some remarks on Zhang Zai’s use of quotation »

The interweaving of quotations by which Zhang Zai depicts the course of Confucius’life appears to make sense in terms of the pattern thus constructed In the first part, the themes of the successive sentences posit a diachronical level where the organized progression of the different stages of the Sage’s life can be seen. In contrast, the predicates develop an exposition of the eternal nature of his perfection. The second part inverts themes and predicates, though it organizes them in a text with the same structure as the first one. The author raises the question of examining how the text – and hence the quotation – work on the reader, but also, conversely, how the quotation is transformed by the text in an irreversible way.

Michel VIEILLARD-BARON : « The metamorphosis of the word : the quotation of Chinese verses as themes for the composition of Japanese Waka poems »

At the end of the ninth century the Japanese poet Ôe no Chisato wrote Japanese poems waka which took Chinese verses as themes (mostly taken from those of the famous Tang poet Bai Juyi). He thus initiated a new style of composition. In 1218 a Japanese poet Jien chose one hundred verses/themes from Bai Juyi’s works and asked Fujiwara no Teika to compose on these themes, as he was doing himself. Among the themes chosen by Ôe, Jien and Teika, seven were common. Their analysis allows us to retrace the evolution of this innovative style of composition and to define what motivated it.

Karen W BRAZELL : « Citations on the Noh Stage »

The article analyzes the ways in which citations are utilized in several plays from the time of Zeami (1363-1443). Citations had long been a key element of medieval Japanese poetry. By importing them into Noh, Zeami elevated it from a popular to a high art form, changing

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Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/10/1995
EAN : 9782910381240
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
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EAN : 9782910381240

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