Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 07/10/2001
EAN : 9782842920999
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920999

La coutume et la norme en Chine et au Japon

N°23/2001

Comment se constituent les usages sociaux en Chine et au Japon ? Au carrefour des sciences humaines, des spécialistes confrontent droit et pratiques.

Comment se constituent les usages sociaux en Chine et au Japon ? Au carrefour des sciences humaines (histoire de la religion, anthropologie, histoire sociale ou juridique), des spécialistes confrontent droit et pratiques extrême-orientaux. Roger Jacob rapporte ce droit coutumier à la notion de “coutume” européenne.

 

Jérôme Bourgon

Présentation

 

 

I. Coutume et pratiques religieuses

 

Vincent Goossaert

La gestion des temples chinois au XIXe siècle : droit coutumier ou laisser-faire

 

Jean-Michel Butel

Réguler la coutume par la coutume. Règles matrimoniales et divinité marieuse du Grand sanctuaire d’Izumo (Japon)

 

Élisabeth Allès

Norme et coutume des Chinois musulmans (Hui)

 

 

II. La coutume, vecteur d’identités ethniques ou sociales

 

Béatrice David

L’action de l’État chinois contre les « mauvaises coutumes »

 

Sucheta Mazumdar

Rights in People, Rights in Land : Concepts of Customary Property in Late Imperial China

 

 

III. Coutumes, droit coutumier et droit civil

 

Éric Seizelet

Contra legem ou Para legem ? La coutume de l’union matrimoniale de fait en droit civil japonais avant 1945

Jérôme Bourgon

Le droit coutumier comme phénomène d’acculturation bureaucratique au Japon et en Chine

 

 

 

 

IV. Réactions

 

Robert Jacob

La coutume, les mœurs et le rite. Regards croisés sur les catégories occidentales de la norme non écrite

Vincent Goosaert

La gestion des temples chinois au XIXème siècle : droit coutumier ou laisser-faire

Les temples chinois à la fin de l’époque impériale jouent un rôle social et économique très important, et pourtant les lois ne comportent que très peu de disposition à leur sujet. Seraient-ils alors gérés selon d’autres règles, à savoir un droit coutumier ? Les sources épigraphiques à notre disposition permettent d’aborder cette question au travers des règlements que se donnent certaines communautés de temples, ainsi qu’au travers de conflits et litiges ayant donné lieu à un arrêté par un magistrat, gravé sur pierre. Ces divers documents éclairent notamment les rapports entre les chefs de la communauté et les religieux employés par le temple, et les problèmes liés à la propriété et à l’usage de l’espace du temple et de ses biens fonciers. En conclusion, il apparaît que l’on ne peut parler de droit coutumier dans la mesure où, même si certains principes fondamentaux de la gestion des temples sont reconnus partout, y compris par la loi, pour le reste, chaque temple veille jalousement à son indépendance. Les chefs de communautés ne sont pas prêts à se laisser contraindre par des rèles extérieures, qu’elles soient administratives ou coutumières, et les décisions de gestion se font en réalité sur un mode négocié, en fonction de rapports de force propre à chaque situation.

 

Jean-Michel BUTEL

Réguler la coutume par la coutume. Règles matrimoniales et divinité marieuse du Grand sanctuaire d’Izumo (Japon)

Au carrefour entre règles fondatrices de l’organisation sociale et stratégies familiales, les coutumes matrimoniales semblent laisser peu de place à l’expression d’un désir individuel. Il existe pourtant au Japon certains lieux qui pemettent de réguler le conflit entre la norme sociale qu’exprime la coutume et le désir individuel, plus particulièrement amoureux. A tavers lanalyse du culte rendu à la divinité marieuse du Grand sanctuaire d’Izumo, des plaquettes votives (ema) qui lui sont adressés et des textes anciens qui s’y rapportent, l’auteur décrit les moyens coutumiers dont s’est doté le Japon en train de se constituer comme unité culturelle pour justifier des comportements qui outrepasseraient les coutumes matrimoniales locales.

 

Elisabeth ALLES

Quelles normes pour les chinoix musulmans (Hui) ?

Lois étatiques, usages locaux ou règles musulmanes, trois références auxquelles se voient confrontés les Chinois musulmans (Hui). A la lumière de deux exemples pris dans le domaine de la parenté et de la cérémonie de mariage, l’article examine le jeu possible des adaptations. Globalement la manière dont les Hui intègrent dans la vie sociale cet ensemble de règles n’est pas différente de celle des Han, hormis l’aspect strictement religieux. Elle correspond bien à leur dispersion et leurs ancrages sur tout le territoire chinois, où loi de l’Etat et usages locaux ont souvent la prééminence vis-à-vis des règles islamiques.

 

Béatrice DAVID

L’action de l’Etat chinois contre les “mauvaises coutumes” matrimoniales. La natolocalité chez ls Zheyuanren du Guangxi

Certaines pratiques matrimoniales observées dans le sud de la Chine ont été sigmatisées comme des “moeurs immorales” par l’administration impériale parce qu’elles contrevenaient à la règle confucéenne proscrivant les relations sexuelles hors mariage. Recourant à la catégorie nouvelle des “mauvaises coutumes” (lousu), l’Etat moderne, dans ses versions nationaliste et communiste, a perpétué sous une forme nouvelle le discours et l’action de l’Etat impérial contre ces usages locaux. Cette étude met en relief, à travers l’examen des pratiques natolocales des Zheyuanren, une population han du Guangxi, la dimension normative de ces “mauvaises coutumes” auxquelles l’Etat chinois a constamment dénié toute légitimité rituelle, sociale et symbolique. On montre ensuite l’action “réformatrice” de l’Etat impérial contre ces “mauvaises coutumes” et son intensification au cours des campagnes de répression menées au nom de la modernité sous la République, dans la première moitié du XXème siècle, puis au nom de la morale communiste sous le régime maoïste.

Sucheta MAZUMDAR

Droits sur les gens, droits sur la terre : de la propriété coutumière en Chine à la fin de l’empire

Cet article examine comment le terme juridique de “propriété” usité pour les contrats et autres actes doit être compris dans la Chine du XVIIIème siècle. Comme la “propriété” est plutôt un ensemble de relations ou de “droits” entre personnes qu’un objet matériel, l’existence de contrat sur les terres ne saurait être prise au pied de la lettre. Plutôt que les instruments d’une société de marché, ces contrats étaient des mailles des réseaux de réciprocité et de redistribution propres à une société rurale. L’auteur établit une comparaison entre ces droits sur les terres, et un autre enre de propriété : les droits sur les hommes de statut servile. Ces questions sont étudiées dans deux contextes bien différents : le delta du Guangdong sur la côté méridionale, où dominaient les petits propriéaires pratiquant une agriculture commercialisée très intensive, et l’Anhui, province intérieure de la Chine centrale, où la commercialisation concernait des grandes exploitations cultivées pr des esclaves.

Eric SEIZELET

Contra legam ou Para lgem ? La coutume de l’union matrimoniale de fait en droit civil japonais avant 1945

Le persistance de l’union matrimoniale de fait (naïen), en dépit des dispositions impératives du code civil de 1898 stipulant les conditions d’ordre public à la validité du mariage, ne conduit pas seulement à s’interroger sur l’adéquation du droit à des pratiques matrimoniales populaires héritées de l’époque d’Edo. Elle doit être également replacée dans le cadre du débat administratif; doctrinal et judiciaire autour de la définition même du mariage et du rôle assigné à la coutume comme source de droit positif initié dans les premières années de l’ère Meiji, à une époque où la redéfinition des statuts sociaux amène à repenser l’institution du mariage. La reconnaisance finalement partielle de l’union matrimoniale de fait par les tribunaux en tant que promesse de mariage témoigne du rôle créateur de la jurisprudence nippone. Cette jurisprudence s’est montrée soucieuse à la fois de réguler des situations de fait créées en partie par les rigidités du nouveau code civil, et de préserver l’espace juridique en consolidant l’entité familiale comme celui de la base de L’Etat impérial.


Jerome BOURGON

Le droit coutumier comme phénomène d’acculturation bureaucratique au Japon et en Chine.

Les notions de “coutume” et de “droit coutumier” ne sont apparues au Japon et en Chine que lors de l’introduction du droit occidental. des juristes japonais formés en Europe ont acclimaté les théories qui faisaient de la coutume la source première du droiten même temps qu’ils créaient les termes modernes désignant ces catégories. Les ci-devant fonctionnaires des fiefs, aidés par les élites locales, rassemblèrent des recueils de coutumes japonaises, qui furent bien vite oubliés lors de la redaction du code civil à l’ère Meiji. L’idée fut toutefois reprise par l’administration coloniale dans les territoires chinois conquis par le Japon, à Taiwan notamment. Elle se transmit aux modernisateurs chinois, qui collectèrent les coutumes locales et les publièrent en complément du code civil républicain de 1930. Certains historiens japonais, leurs disciples chinois et occidentaux déduisirent de tels recueils qu’un droit civil coutumier s’était développé antérieurement et indépendamment de l’introduction des codes occidentaux.

Robert JACOB

La coutume, les moeurs et le rite. Regards croisés sur les catégories occidentales de la norme non écrite.

Dans l’approche des sociétés de l’extrême Orient, le chercheur occidental est déterminé par l’emploi de concepts façonnés par sa propre culture. Loin d’avoir été créées par les sciences humaines et à leur usage, des notions comme “coutume”, “moeurs”, “rite” ont pris structure au fil d’une longue histoire, qui fut avant tout celle d’une pensée juridique. L’auteur tente ici de baliser cette histoire et d’inscrire, sur la trame qu’elle dessine, la regard croisé entre Orient et Occident que suscite la démarche anthropologique.

Vincent Goosaert

The management of Temples in Nineteenth Century China : Customary Law or laissez-faire policy ?

Chinese temples during the nineteenth century played a major social and economic role, and yet State laws barely mention the question of their management. One may wonder whether they were managed according to other rules, viz, customary law. Available texts of stone inscriptions allow us to probe this question, notably through temple regulations enacted by the cult communities themselves, and through conflicts adjudicated by the magistrates, whose decisions were carved on stone. These inscriptions give insights on crucial questions like the relations between temple community heads and resident clerics, ownership and use of temple space or land endowments. Finally, it appears that these cases cannot be deemed customary law. Some basic principles of temple management are recognized by all, and included in the law. the rest is left to each temple to decide in full independence. The community heads would not consider being constrained by external rules, be they administrative or customary, and management decisions are taken within the community, on the basis of negotiation among its members.

 

Jean-Michel BUTEL

Regulating custom by customary means : Matrimonial Rules and the wedding-tie-knotting deity of Izumo Great Shrine (Japan)

The matrimonial customs, at the crossroads between social fundamental rules and familial strategies, seems to give few space to individual desire. Thought, one can point sme places in Japan, which regulate the conflict between social norma, expressed by the custom, and personal desire, to say love desire. Describing the cult of the love-knot deity of Izumo Great Shrine, the votive scriptures which are adressed to the god and the ancient text relating the cult, we would like to discut the custom way that Japan create in its process of forming a cultural unity to overcome the local matrimonial customs. 

 

Elisabeth ALLES

Which norms for Chinese Muslims (Hui) ?

State law, local customs or Muslim rules : these are three issues that Chinese Muslims must confront. Using two examples from kinship and marriage traditions, this article examines the challenge of adaptation. Generally speaking the way in which the Hui integrate social rules is no different from that of the Han, with the obvious exception of religion. This integration corresponds to their dispersion and their roots all over the Chinese territory where state law and local customs often predominate aver Islamic rules.


 

Béatrice DAVID

Chinese State rule against matrimonial “evil customs”. Natolocality amont the Zheyuanren in Guangxi

As many practices which confronted Confucian norms, the matrimonial practices of the Zheyuanren of Guangxi were stigmatized by the imperial administration as “immoral behaviors” (yinfeng). The emergence of the modern nation Chinese brought the intensification of the action of the Chinese state against local customs categorized as “bad customs”. This paper first underlines the social and ritual meanings of these so-called “bad customs”. The second part examines the action of the imperial, nationalist and communist state.



Sucheta MAZUMDAR

Rights in People, Rights in Land : Concepts of Customay Property in Late Imperial China

The essay investigates how the legal term “property” elaborated in contracts and deeds can be understood in social practice in eighteenth and nineteenth century China. As “property” is better understood as a set of relations or “rights” rather than the material object, the existence of contracts for land cannot be taken at face value. Rather than tools of a market-mediated exchange society, these contracts, were stitches in the webs of reciprocity and redistribution peculiar to rural society. By way of comparison to the issue of land rights, the essay examines another form of “property”, namely, rights in humans. These questions are explored in the context of two very dissimilar geographical areas : Guangdong Delta in coastal south China, with a dominant pattern of intensive small-holder commercialized agriculture, and land-locked Anhui (Huizhou prefecture) in central China with a dominant pattern of serf-labor bases commercialization.



Eric SEIZELET

Contra legem or Para legem ? The de facto marriage as custom in prewar Japan civil law

In spite of the mandatory provisions of the 1898 Civil Code imposing registration as a legal condition for marriage validity, de facto marriage (naïen), inherited from matrimonial practices and representations, remained extendedly admitted during the Edo period. This continuation not only reveals a gap between law and social reality ; but it has also to be put back into the context of the bureaucratic, judicial and scholarly debate aver both marriage as legal institution and custom as a source of positive law. This new conception was initiated during the first part of Meiji period, which was characterized by an overall redefinition of social status challenging the traditional conception of marriage. The recognition and half-legitimization of de facto marriage by the courts as a promise of marriage evinces the flexible role played by the judge-made law in mitigating the dysfunctional effects of a strict application of civil law, while legally consolidating the household as the basic unit of the imperial state.


Jerome BOURGON

Customary law as a bureaucratic acculturation process in Japan and China

“Customs” and “Customary law” appeared in Japan and China as a result of the introduction of Western legal noions. Japanese jurists trained in Europe adapted theories construing custom as a primitive source of law, and they created the terms articulating these categories. Former fiefs officiers, assisted by local élite, gathered collections of Japanese customs, which were neglected as soon as the Meiji civil code was achieved. However, this process was resumed by Japanese colonial rulers of Chinese territories like Taiwan. It inspired Chineses modernizers, when they had local customs collecteds and published in complement with the republican civil code in 1930. Some Japanese historians, emulated by Chinese and Western scholars, deduced from theses collections that a civil customary law had developed prior to the introduction of Western codes.


Robert JACOB

Custom, Mores, and Rites. Western Categories of the Unwritten Norm from a cross-cultural Perspective

When studying Far East societies, the Western scholar relies upon concepts indigenous to his own culture. Far from being created by social sciences and to their own usage, notion such as “custom”, “mores”, “rite” have been refined in the context of the long history of a specific legal thought. The autor attempts here to revisit this history and to include in this framework an anthropological and comparative reflexion between the East and The West.


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