Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/07/1997
EAN : 9782910381974
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782910381974

Voix et signes – Nouvelles musiques du XIIIe au XVe siècle

N°32/1997

Études sur le grand tournant qu’est l’ars nova, sur l’évolution et l’esprit de la nouvelle musique, sur la manière de la penser et de l’écrire, sur ses correspondances avec les nouveaux courants philosophiques.

Les voix nouvelles, malgré la condamnation du pape, s’imposent et changent radicalement le paysage sonore. La mélodie, rendue par des voix multiples, est plus complexe, plus sublime, affinée par le concept de « subtilité ». Pour transcrire ce langage musical, les théoriciens élaborent un nouveau système de notation et en définissent les signes. Au XVe siècle, la musique fait partie intégrante de la vie de cour et les instruments de musique sont représentés dans la décoration des palais seigneuriaux italiens. Une discographie allant du XIe au XVe siècle vient opportunément compléter cet ensemble.

 Olivier Mattéoni
Nouvelles musiques du XIIIe au XVe siècle

 

Étienne Anheim
Du symbole au signe : remarques sur la parenté entre Ars nova et nominalisme

 

Olivier Cullin
Penser la musique au XIIIe siècle

 

Anna Maria Busse Berger
Notation mensuraliste et autres systèmes de mesure au XIVe siècle

 

Marielle Popin
Subtilité et affaire de raison

 

Nicoletta Guidobaldi
La musique du prince : figures et thèmes musicaux dans l’imaginaire de cour au XVe siècle

 

Olivier Cullin
Orientation discographique

 

 

ESSAIS ET RECHERCHES

 

Jacques Dalarun
François et Claire. Masculin/Féminin dans l’Assise du XIIIe siècle

 

Jean-Claude Faucon
La représentation de l’animal par Marco Polo

 

André Peyronie
Le mythe de Thésée pendant le Moyen Âge latin (500-1150)

 

Notes de lecture
Livres reçus
Index des numéros 26 à 31 (1994-1996)

Étienne ANHEIM : « Du symbole au signe : remarques sur la parenté entre Ars nova et nominalisme »
Cet article cherche à trouver un fondement à l’hypothèse d’une parenté, dans la première moitié du XIVe siècle, entre un courant musical, l’Ars nova, et les doctrines philosophiques rassemblées sous le nom de nominalisme. L’étude comparée des écrits de Jean de Murs et de Guillaume d’Ockham permet d’aller au-delà de la comparaison formelle. Sur une question essentielle, le statut du signe (le mot pour Ockham, la note pour Jean de Murs), la réflexion semble s’orienter dans la même direction. En effet, contre le pape Jean XXII (1316-1334) défendant une vision du monde augustinienne, la formulation ockhamiste d’un signe délesté de son poids symbolique paraît trouver un écho dans la justification de la nouvelle écriture musicale que donne Jean de Murs.

Olivier CULLIN : « Penser la musique au XIIIe siècle »
Dans les traités musicaux du XIIIe siècle, la proportio voisine entre la prise en compte des innovations techniques suscitées par la musica mensurata et les catégories traditionnelles manipulées depuis saint Augustin et Boèce. En étudiant ces traités – principalement, l’Anonyme IV, l’Anonyme de Saint-Emmeram et le De mensurabili musica de Jean de Garlande – dans le contexte universitaire, le présent article vise à cerner les processus d’analogie selon lesquels la scolastique devient une pensée de la musique à travers trois orientations principales : la langue et le vocabulaire utilisés, les procédés de documentation, les procédés de construction.

Anna Maria BUSSE BERGER : « Notation mensuraliste et autres systèmes de mesure au XIVe siècle »
Au début du XIVe siècle, des compositeurs et des théoriciens élaborèrent un système de notation “mesurée” et la dotèrent de signes appropriés. Cette notation repose sur le système des fractions romaines (en usage pendant tout le Moyen Âge) et sur la méthode médiévale de mesurer le temps. En effet, les deux systèmes renvoient aux mêmes concepts : ils ont en commun une valeur centrale multipliée en valeurs plus grandes et divisée en valeurs plus petites ; un système hiérarchique des valeurs dont chacune est divisée en deux ou en trois parties ; et enfin – et ceci s’applique plus particulièrement à la notation italienne – une valeur centrale divisible en douze unités plus petites. Quant aux signes de mensuration, ils proviennent des symboles associés aux fractions romaines.

Marielle POPIN : « Subtilité est affaire de raison »
Les études de P.-Y. Badel et de J. Cerquiglini ont souligné l’importance au XIVe siècle du concept de “subtilité”. Dans le domaine de la théorie musicale, le terme latin s’est imposé dès le XIIIe siècle, avec la mise en place du système franconien. Mais c’est dans le Speculum musicae de Jacques de Liège qu’il est le plus fréquemment utilisé, pour stigmatiser les techniques de composition généralisées avec l’ars nova, qui opposent la musica speculativa à la musica practica. On a tenté ici un relevé des occurrences latines dans les traités et françaises dans la chanson polyphonique, un relevé qui permette d’apprécier le champ sémantique de la subtilité.

Nicoletta GUIDOBALDI : « La musique du prince : figures et thèmes musicaux dans l’imaginaire de cour au XVe siècle »
Au XVe siècle, la représentation de la musique – qui avait toujours joué un rôle considérable dans l’imaginaire courtois – prend une place de plus en plus importante dans la décoration des palais seigneuriaux italiens. L’article propose un excursus sur ces décorations, qui reflètent les pratiques musicales ainsi que les changements marquants touchant à la fois l’organisation institutionnelle et les conceptions musicales de l’époque. On passe donc des fresques du début du siècle, où les thèmes musicaux se mêlent aux images de la vie de la cour, aux décorations des palais humanistes, où la musique est présentée comme la marque visible du bon gouvernement du prince. C’est notamment dans le Studiolo d’Urbino que le thème du “prince musicien” est transposé en images, dans le cadre d’un complexe programme iconographique ; le modèle d’Urbino reste bien reconnaissable dans les successives interprétations de Gubbio et de Mantoue.

Jacques DALARUN : « François et Claire. Masculin/Féminin dans l’Assise du XIIIe siècle »
François et Claire n’ont nullement constitué un couple symétri que. Le Poverello n’a jamais formulé un projet spécifique pour les moniales de Saint-Damien. En fidélité à l’Évangile, il cherche un projet destiné à l’humanité dans son ensemble. Sa culture courtoise le pousse en revanche à s’adresser à des allégories féminines (Marie, l’Église, la Pauvreté, la Terre) qui résument l’essentiel de ses valeurs de prédilection ; et s’il lui arrive de “faire la femme”, c’est pour indiquer quel doit être un gouvernement qui se situe aux antipodes du pouvoir. Claire, de son côté, ne se réfère pas de manière intempestive à François, mais uniquement lorsque l’essence de ses choix religieux est remise en cause par la papauté. Pour le reste, toute relation passe par son rapport au Christ. Pour François, il n’y a que des êtres humains, classés dans des catégories sexuelles, sociales, culturelles qu’il s’agit de subvertir. Pour Claire, il n’y a que des Christs, tous uns et tous uniques.

André PEYRONIE : « Le mythe de Thésée pendant le Moyen Âge Latin (500-1150) »
Cet article propose d’étudier le mythe de Thésée à la haute époque médiévale et de le mettre en perspective par rapport à la suite de son histoire. Il en décrit la présence dans les scolies aux poètes latins, analyse les mentions qui en sont faites dans diverses compilations et étudie les illustrations qu’on en trouve dans les manuscrits et les pavements (ou les murs) des églises. Si la connaissance du mythe est indubitable, il n’apparaît sous forme de récit qu’avec les Mythographi Vaticani. Les illustrations renforcent la prééminence de l’épisode central du labyrinthe. Au respect pour l’ancienneté des auteurs se superpose une grande liberté dans l’adaptation du mythe, liberté spécifique de l’état d’esprit de cette époque.

Jean-Claude FAUCON : « La représentation de l’animal par Marco Polo »
Si Marco Polo a omis d’évoquer le thé ou les petits pieds des Chinoises, il ne pouvait éviter de parler à ses contemporains des animaux d’Extrême-Orient. Les Européens, si amateurs de bestiaires, s’attendaient à trouver dans un pareil récit l’animal exotique et merveilleux qu’ils croyaient connaître. Marco Polo en introduit donc un grand nombre, mais prend ses lecteurs à contre-pied. Loin du bestiaire chrétien et de son symbolisme moral, il leur présente des scènes de chasse vécues et démythifie les habituels monstres, tout en parant de merveille des animaux bien connus. L’imaginaire animalier cède du terrain à un réel étrange et multiple.

 Étienne ANHEIM : « From Symbol to Sign : On the Relationship Between Ars nova and Nominalism »
This paper attempts to provide a basis for the hypothesis which relates the new mode of musical practice which appeared in the early fourteenth century, known as the Ars nova, to the philoso-phical doctrines assembled under the name of nominalism. The comparative study of the writings of Jean de Murs and of William of Ockham leads to an understanding which goes beyond the merely formal comparison. Reflection on an essential question -the status of the sign (the word for Ockham, the note for Jean de Murs) – orients the study in the same direction. In opposition to Pope John XXII’s (1316-1334) defense of the Augustinian vision of the world, Ockham’s formulation of a sign devoid of symbolic meaning does indeed find an echo in Jean de Murs’justification of the new mensural notation.

Olivier CULLIN : « The Concept of Music in the Thirteenth Century »
In thirteenth-century musical treatises, proportio borders both upon the technical innovations arising from the musica mensurata and the traditional categories in use since Saint Augustine and Boethius. This paper, following a university-connected study of these treatises – particularly Anonymous IV, Anonymous of Saint-Emmeram and De mensurabili musica by Jean de Garlande, endeavors to trace the analogical processes which led from scholasticism to musical thought by way of three main orientations language and vocabulary, documentary procedures, and constructive procedures.

Anna Maria BUSSE BERGER : « The Relationship Between Mensural Notation and Other Measuring Systems in the Fourteenth Century »
In the early fourteenth century composers and theorists developed a mensural system with appropriate signs. This system grew out of the system of Roman fractions (which was used throughout the Middle Ages) and medieval ways of reckoning time. Both systems share the same conceptual premisses : first, a central value multiplied into larger values and divided into smaller ones ; secon-dly, a hierarchical system of values, each of which is divided into two or three parts ; and thirdly (and this applies particularly to the Italian notational system), the divisibility of the central value into smaller units. Moreover, the mensuration signs derive from the symbols associated with Roman fractions.

Marielle POPIN : « Subtility is a Matter of Reason »
Studies by P-Y. Badel and J. Cerquiglini concerning the four-teenth century focus on the concept of “subtility”. The word appeared in Latin musical treatises as early as the thirteenth century, from Franco to Jacobus Leodiensis. It was however most frequently used in Speculum musicae, to stigmatize the new techniques of the ars nova, opposing musica speculativa and musica practica. We have tried, by pointing out the occurrences of the word – in Latin in the treatises and in French in polyphonic song to define the semantic field of “subtility”.

Nicoletta GUIDOBALDI : « The Music of the Prince : Musical Figures and Themes in the Courtly Imagery of the Fifteenth Century »
In the fifteenth century, the representation of music – which had always played an important role in courtly imagery – acquires an increasingly important place in the decoration of Italian princely palaces. This paper proposes an exploration of these decorations, which reflect the musical practices as well as the outstanding changes both in the institutional organization and in the musical conceptions of the times. Starting with the frescoes of the early fifteenth century, where musical themes mingle with illustrations of the courtly life, we move on to the decorations of the palaces of the humanists, where music is presented as the visible mark of the good government of the prince. It is notably in the Studiolo at Urbino that the theme of the “musician prince” is fully depicted, within a framework of a complex iconographic program. The Urbino model is apparent in the subsequent interpretations of Gubbio and Mantua.

Jacques DALARUN : « Francis and Clare. Masculine/Feminine in Thirteenth-century Assisi »
Francis and Clare did not form a symmetrical couple ; the Poverello never formulated a specific project for the nuns of Saint Damien. Faithful to the Gospel, Francis sought a guideline for humanity as a whole. His courtly upbringing prompted him however to invoke feminine allegories (as Mary, the Church, Poverty, the Earth) which represented the values he deemed most important ; and if he happened to “act like a woman”, it was to convey the idea of a form of government in direct opposition to one wielding power. Clare, for her part, did not have constant or untimely recourse to Francis, but only when her fundamental religious options were called into question by the papacy. For the rest, she saw all relationship in reference to Christ. For Francis, mankind consisted of human beings classed according to sexual, social and cultural categories in need of redirection. For Clare, mankind consisted of Christs, all one and all unique.

Jean-Claude FAUCON : « The Representation of the Animal by
Marco Polo »
If Marco Polo failed to mention tea or the tiny feet of Chinese women, he could not avoid telling his contemporaries about the animals of the Far East. The Europeans, so fond of bestiaries, expected to find in such a narrative the sort of exotic and marvellous animaIs they had heard about. Marco Polo mentions many of them, but he also takes his readers by surprise. Far from the image of the Christian bestiary and its moral symbolism, he describes real hunting scenes and shatters the myth of the usual monsters, while at the same time endowing with wonder familiar animals. Thus the imagery of animals gives way to a manifold and strange reality.

André PEYRONIE : « The Myth of Theseus During the Latin Middle Ages (500-1150) »
This paper proposes an analysis of the myth of Theseus in the Early Middle Ages and a study of the interpretations it gave rise to. The myth was mentioned in the scholia of the Latin poets and appeared in various compilations, and illustrations of it are also to be found in manuscripts and on church pavements or walls. Although the story was known at the time, the first written account of it may be found in the Mythographi Vaticani. In the illustrations of the myth, special attention was given to the central episode of the labyrinth. The new adaptation shows respect for the ancient authors, but also a novel spirit of liberty characteristic of the mentality of the times.

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Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/07/1997
EAN : 9782910381974
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782910381974

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