Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 192
Langue : français
À paraître le : 16/10/2024
EAN : 9782379244186
Première édition
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 240×160 mm
Version papier
EAN : 9782379244186

Recherche-création

N°39/2024

Ce numéro témoigne de l’engouement actuel pour la recherche-création. Il aborde un ensemble de productions artistiques issues de différents domaines disciplinaires, dont le point commun est d’articuler théories et pratiques.

La création artistique est entrée à l’université depuis plus de cinquante ans. L’ambition est de laisser de côté les recherches sur l’art (histoire de l’art, sémiologie de l’art, psychologie ou sociologie de l’art…) au profit d’autres formes d’investigation où la réflexivité critique se mêle à des investigations de tous ordres (enquêtes, production de prototypes, conférences-performances, ateliers en tout genre…). L’objectif de ce numéro est de montrer l’étendue des domaines (artistiques ou non-artistiques) où la recherche-création s’est développée, ainsi que les différentes approches qu’elle a rendu possibles.

Éditorial

La question de la recherche-création occupe une place de plus en plus importante ces dernières années au sein des réflexions sur l’art. Il s’agit de rompre avec une vision ancienne de la création artistique qui voudrait que les artistes se contentent de puiser en eux-mêmes la matière de leurs œuvres, au profit d’autres modèles où les œuvres sont davantage ouvertes, processuelles, exploratoires, ne produisant pas nécessairement d’objets mais mettant à profit des réseaux et des formes de collaboration expérimentales entre les domaines les plus hétérogènes qui soient. La recherche-création produit ainsi des protocoles en tout genre, fait appel à des enquêtes, propose des prototypes et refuse simultanément l’idée d’un monde de l’art où seraient clairement distingués les processus d’élaboration ou de fabrication des œuvres, de ceux de leur compréhension, diffusion et appréciation.

Les promoteurs de la recherche-création ont souvent mis en avant le fait que dès la Renaissance certains artistes – Alberti, Léonard, Michel-Ange…– avaient combiné des activités de création d’œuvres et d’élaboration de discours, variant les rôles entre artiste, poète, architecte, ingénieur, philosophe, tout en dialoguant avec les esprits les plus avancés de leur temps. C’est d’ailleurs dans le but de valoriser de tels parcours, qu’un certain nombre d’écoles innovantes ont cherché à positionner les artistes en « chercheurs » : du Bauhaus en Allemagne, aux Vhutémas ou à l’Inkhouk en Russie et plus tard du Black Mountain College, à Cal’Arts ou à l’Independent Study Program aux États-Unis. Dans leur prolongement, des départements universitaires d’Arts plastiques ont été fondés dans différents pays, avec l’objectif de relier les savoirs artistiques à des modes de connaissance issus d’autres champs disciplinaires (histoire, sociolo­gie, philosophie, anthropologie…).

Ces départements proposent une alternative à l’enseignement traditionnel des écoles d’art, s’éloignant de leur caractère professionnalisant afin de se rapprocher des méthodologies de la recherche à l’université, proposant par­fois des partenariats avec des laboratoires de recherches en sciences sociales ou en sciences exactes. Les artistes qui choisissent de travailler en lien avec des équipes de recherche revendiquent alors le statut de chercheurs et la possibilité de préparer des « thèses en art », ce qui n’est pas sans implications pratiques ni sans poser quelques questions. Ce contexte permet-il d’envisager ce que serait l’activité d’un (ou une) artiste-chercheur(e) ? Quels savoirs, quelles compétences, quelles méthodologies propres à la création artistique peuvent être développées par ces personnes dans une perspective universitaire et avec quels objectifs ? Comment qualifier leur activité et quels résultats peuvent en être attendus ? Faire œuvre est-il encore un but à atteindre ou un élément parmi d’autres au sein d’un processus collectif ? Comment l’évaluation de ce type de travail peut-elle être entreprise ? Par qui, avec quels outils, méthodes ou normes ? Ce sont quelques-unes des questions abordées dans ce numéro.

Après une introduction, dont le but est de resituer les enjeux de la recherche-création dans l’évolution récente de l’art contemporain et de l’enseignement universitaire, les premiers textes reviennent sur des questions pratiques, voire pédagogiques. Pauline Noblecourt et Lorraine Wiss, enseignantes à l’ENSATT traitent ainsi de leur expérience d’accompagnement des étudiants et étudiantes de cette école, où – à l’instar de la plupart des écoles d’art en France – les études donnent lieu à la rédaction d’un mémoire de recherche. Qu’est-ce que ce mémoire et quelle recherche peut s’y inscrire ? Les auteures font part de réflexions qui mettent en avant la diversité des réponses possibles.

Le texte suivant, dû à Chloé Persillet aborde la question de ce que produit concrètement un travail de recherche-création, c’est-à-dire un travail à la fois théorique et pratique. L’auteure pratique la peinture et cette pratique est envisagée sous la forme de protocoles qu’elle met en œuvre et documente, à la manière des expériences de laboratoire. Cette activité lui donne l’occasion de produire une réflexion qui s’exprime sous forme de dessins ou de peintures, mais aussi sous forme de mots et de schémas.

Diego Jarak, quant à lui, s’intéresse à ce que signifie concrètement la recherche-création dans le monde contemporain, à un moment où les artistes sont de plus en plus sollicités par des projets interdisciplinaires, voire par le fait d’entrer dans une logique de recherche-développement directement liée au monde de l’entreprise.

Le texte de Clara Joubert nous fait, quant à lui, entrer dans un domaine auquel on ne pense pas spontanément pour ce qui est de la recherche-création : celui de la traductologie. Ce domaine est pris de fait entre deux pôles : l’un qui est utilitaire et qui cherche à automatiser et systématiser les procédures de traduction et l’autre qui, au contraire, prend acte de l’impossibilité de la traduction pour en faire un motif d’expression subjective de la part des traducteurs.

L’article de Violaine Houdart-Merot revient lui sur l’un des domaines les plus actifs dans le domaine de la recherche-création : celui de la littérature. Après un rappel du contexte d’émergence en France de la Recherche-création dans le domaine littéraire, elle propose quelques principes qui fondent ces nouvelles démarches et permettent de renouveler de manière stimulante la recherche en littérature. Magdalena Kogut aborde, elle aussi, la notion de la recherche création dans le domaine littéraire. Son approche concerne le champ contemporain (1990-2020) : il est notamment question de poètes qui, héritant de Gertrude Stein, de William S. Burroughs, ainsi que des avant-gardes historiques et modernes des années 1960 et 1970, mobilisent des démarches correspondant aux tendances observées dans la revue Java, fondée dès 1989.

Le texte d’Alejandro León Cannock cherche enfin à clarifier certaines confusions à propos de la synthèse entre « recherche » et « création ». En quoi la notion actuelle d’artiste-chercheur se distingue-t-elle d’autres figures d’artistes qui, tout au long de l’histoire de l’art, ont mené des recherches dans le cadre de leurs processus créatifs ? Le domaine qu’il privilégie est celui de la photographie en tant que recherche artistique. Il s’agit notamment de montrer des projets photographiques qui répondent aux exigences du paradigme performatif de la recherche.

La suite du numéro comporte deux témoignages rédigés à la première personne. Le premier, dû à Siham Maidon, permet de revenir sur son expérience d’étudiante au sein d’une Licence d’Arts à Brest. La recherche-création y est au centre de la pédagogie, permettant d’expérimenter des éléments issus de différentes formes artistiques, dans une optique résolument interdisciplinaire et non strictement verbale. Le deuxième, dû à Ludovic Champagne, revient sur des expériences personnelles issues de la vie quotidienne et sur la manière dont elles peuvent être réinvesties lors d’expériences au sein d’un laboratoire d’études littéraires.

Le numéro est complété par un entretien de David Martens avec Bruno Goose. Ce dernier a une longue expérience de la recherche-création : en tant qu’artiste et enseignant aux Beaux-Arts de Bruxelles et en tant qu’expert au sein du ministère belge de l’éducation, précisément sur ce sujet. Nous publions également un portfolio d’Élise Courcol-Rozès et quelques comptes rendus.

 

Jérôme Glicenstein

Octobre 2024

 

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Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 192
Langue : français
À paraître le : 16/10/2024
EAN : 9782379244186
Première édition
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 240×160 mm
Version papier
EAN : 9782379244186

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