Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/10/1997
EAN : 9782842920289
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920289

La valeur de l’exemple. Perspectives chinoises

N°19/1997

Qu’elles traitent de philosophie, de droit, d’histoire ou de science, les sources chinoises anciennes abondent en exemples.

Le lecteur était-il supposé y trouver autant de situations singulières, ou avait-il de ce type de texte d’autres modes de lecture, d’autres usages dès lors à reconstituer ?

À quelles autres pratiques ce fait s’articule-t-il ? Quelles recherches intellectuelles spécifiques nous révèlent ces explorations par l’exemple ? Pour tenter de répondre à ces questions, des écrits traitant de domaines variés du savoir sont mis à contribution et confrontés dans ce numéro. L’on y tente de comprendre ce qui distingue l’exemple d’autres formes textuelles comme le cas, ou d’autres modes de présentation du savoir.

 Karine Chemla
Étude transversale des pratiques de l’exemple en Chine ancienne

 

 

I – Juger par l’exemple

 

Jérôme Bourgon
Les vertus juridiques de l’exemple. Nature et fonction de la mise en exemple dans le droit de la Chine impériale

 

Christian Lamouroux
Entre symptôme et précédent. Notes sur l’oeuvre historique de Ouyang Xiu (1007-1072)

 

 

II – Suivre l’exemple

 

Anne Cheng
La valeur de l’exemple. « Le saint confucéen : de l’exemplarité à l’exemple »

 

Karine Chemla
Qu’est-ce qu’un problème dans la tradition mathématique de la Chine ancienne ?

 

 

III – Regards extérieurs

 

François Hartog
Le cas grec : du ktêma à l‘exemplum en passant par l’archéologie

 

Geoffrey Lloyd
Exempli gratia : to make an example of the Greeks

 

 

Regard extérieur

 

Geoffrey Lloyd
Putting the Greeks in their place

 Jérôme BOURGON : « Les vertus juridiques de l’exemple »
L’article vise à dégager certaines spécificités de l’exemple juridique. La citation de classiques à l’appui de décisions judiciaires a pu donner naissance à des catégories juridiques comme la non-intentionnalité ou l’adoption : l’exemple sert alors à créer une norme. Le système des “huit caractères” a permis d’interpréter les lois codifiées en combinant des exemples analogiques à visée didactique. Des hexagrammes du Yi jing ont pu servir à schématiser l’appareil judiciaire et les qualités auxquelles son fonctionnement faisait appel chez le magistrat. Ces diverses formes de la mise en exemple manifestent la vigueur de la jurisprudence au sein d’un cadre légal précocement codifié et systématisé.

Christian LAMOUROUX : « Entre symptôme et précédent »
La notion d’exemple historique chez Ouyang Xiu doit beaucoup à la relecture du Chunqiu par les partisans de la “prose ancienne” : ceux-ci critiquaient les commentaires du classique suspects de ne pas s’en tenir aux faits. Ainsi, dans les deux histoires dynastiques qu’il rédige, Ouyang s’efforce de retrouver les leçons du désordre, comme Confucius était réputé l’avoir fait dans sa chronique. D’une part, c’est l’ensemble de ces histoires dynastiques qui est exemplaire : les faits passés remis dans une continuité historique constituent autant de précédents édifiants. D’autre part, dans la mesure où ces faits passés sont sélectionnés pour mettre en perspective le présent politique, ils sont aussi des symptômes. Dans ces conditions, même s’il observe ordre et désordre dans le cadre dynastique, Ouyang, par son souci de saisir la continuité politique, prépare l’éclatement de ce cadre.

Anne Cheng : « La valeur de l’exemple »
À la faveur de cette réflexion sur l’exemple et l’exemplarité dans la conception chinoise – et plus spécifiquement confucéenne &emdash; de la sainteté, surgissent des problématiques autres que celle du général et du particulier ou du modèle à imiter, une autre façon d’envisager le rapport de la connaissance à l’action.

Karine CHEMLA : « Qu’est-ce qu’un problème dans la tradition mathématique de la Chine ancienne ? »
Les neuf chapitres sur les procédures mathématiques (1er siècle av. ou ap. J.-C.) est composé de problèmes, particuliers à deux titres, et de procédures générales pour les résoudre. Son commentateur Liu Hui (IIIe siècle) y lit autant d'”exemples” sur lesquels se régler pour résoudre des problèmes de même catégorie. En observant les questions pour le traitement desquelles Liu éprouve le besoin de changer la nature ou les données d’un énoncé du classique, on peut examiner en quoi la pratique mathématique en Chine ancienne a mis à profit le contexte de problèmes en tant que tels.

François HARTOG : « Le cas grec : du ktêma à l’exemplum en passant par l’Archéologie »
À quel moment et comment les Grecs ont-ils été conduits vers une conception de l’histoire comme “pleine d’exemples” et “maîtresse de vie ” ? Le cahier des charges du premier historien (Hérodote) ne comportait rien de tel. Thucydide proposa bien son histoire comme un “acquis pour toujours”, mais il n’était pour lui d’histoire véritable que du présent, pas du passé. C’est au début du IVe siècle av. J.-C., avec la défaite d’Athènes dans la guerre du Péloponnèse, que le passé devient une référence très présente et un modèle à imiter.

Geoffrey LLOYD : « Exempli gratia : Faire des Grecs un exemple »
L’ensemble des fonctions attestées de l’exemple se rencontre tant en Chine qu’en Grèce. Cependant une pratique sociale du savoir donné accompagne le développement en Grèce d’une analyse formelle singulière des raisonnements recourant à des exemples, engagée par Platon et aboutie chez Aristote, qui les dévalorisent doublement au regard de la démonstration. L’organisation axiomatico-déductive du savoir chez Euclide qui fait écho à cette exigence masque que le travail mathématique de démonstration s’y effectue toujours sur des figures particulières. Un contraste nouveau s’établit alors entre traditions mathématiques grecques et chinoises, portant sur les diverses manières de gérer l’exemple.

 

 

Jérôme Bourgon : « The Legal Virtues of the example »
This article aims at specifying some features of the example in the legal field. The citations of Classics in order to support legal decisions have given birth to legal categories, like non-intent or adoption : in this case, the example was used to create a norm. The system of “Eight Characters” enabled the interpretation of codified laws by combining analogical examples, with a didactic purpose. Hexagrams from the Yi jing have served as a schema of the judicial apparatus and the qualities required from the judge while the system functioned. These various forms of examplification exhibit the vitality of jurisprudence within a codified and systematized legal framework.

Christian Lamouroux : « Between signs and precedents – Notes on the historical writings of Ouyang Xiu (1007-1072) »
Ouyang Xiu’s idea of the historical example was closely related to the new approach of the Chunqiu advocated by the supporters of the Ancient prose movement. They criticized the commentaries of the Classic since they were suspected of misrepresenting facts. So, Ouyang examined the two histories of the Tang and the Five dynasties, in order to shed light on the lessons of those troubled times, just as Confucius was reputed to have done in his chronicle. On the one hand, the corpus of dynastic history is to be seen as exemplary : located in historical continuity, every fact from the past is constitued as an edifying precedent. On the other hand, given that facts from the past are selected to put present politics in perspective, every fact is also a sign. Thus, even if Ouyang observed order and turmoil from the dynastic framework, his appreciation of political continuity prepared the ground for breaking with the dynastic framework.

Anne Cheng : « The value of example »
The present review of texts illustrating the Chinese, and more specifically Confucian, conception of the use of example and exemplarity of the Sage leads one to raise questions differing from those that usually spring to mind (such as the general vs the particular), and eventually to envisage the possibility of another kind of relationship between knowledge and action.

Karine Chemla : « What is a problem in the mathematical tradition of ancient China ? »
The ancient Chinese work The nine chapters of mathematical procedures (1st century B.C. or A.D.) is composed of problems that are particular in two respects, and of general procedures to solve them. A commentator of this text, Liu Hui (3rd century), reads them as many “examples” to be followed so as to solve problems of the same category. By studying those questions that Liu found the need to resolve by changing the nature or the data of terms in the classic, one can analyse how, in ancient China, mathematical practice put into play the context of problem as such.

François Hartog : « The Greek Case : from ktêma to exemplum through Archeology »
When and how were the Greeks led to a conception of history as “full of examples” and “master of life” ? The first historian (Herodotus)’s concerns contained nothing similar. Thucydides did propose his history as an accomplishment for ever, but genuine history for him concerned only the present, not the past. The past became a referent for the present and provided a model for emulation only towards the beginning of 4th century BC, following Athen’s defeat in the Peloponnesian war.

Geoffrey Lloyd : « Exempli gratia : to make an example of the Greeks »
All possible functions fulfilled by instances can be found both in China and in Greece. However, a given social practice of knowledge went along with the development, in Greece, of a singular formal analysis of reasoning based on examples. Initiated by Plato and completed by Aristotle, this analysis downgraded such reasoning in two ways with regard to proofs. The axiomatico-deductive organisation of knowledge in Euclid and Archimedes that echoes this demand masks the fact that the mathematical burden of proof still bears on particular figures. A new contrast is thus drawn between Greek and Chinese mathematical traditions, with respect to the various ways of managing the example.

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/10/1997
EAN : 9782842920289
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
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EAN : 9782842920289

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