Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/12/1996
EAN : 9782910381349
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782910381349

La mort des grands (Ve-XIIe siècles)

N°31/1996

Et l’on tâche de comprendre comment et pourquoi Cluny est devenu, à partir du XIe siècle, le grand ordonnateur de la mémoire des morts.

Malgré les prescriptions de saint Augustin, les Chrétiens n’ont jamais cessé d’accorder une grande importance à la sépulture et à la mémoire des défunts. Plus encore que les autres mortels, les grands laïques et ecclésiastiques ont su donner au moment de leur trépas, à leurs funérailles, à la commémoration de leur nom, une importance cruciale pour les vivants. Plusieurs aspects de ce souci de la mort et des morts durant le Haut Moyen Age sont ici étudiés.

 Odile Redon
À Jean Devisse

 

Stéphane Lebecq
La mort des grands dans le premier Moyen Âge

 

Ian Wood
Sépultures ecclésiastiques et sénatoriales dans la vallée du Rhône (400-600)

 

Patrick Périn
Saint-Germain-des-Prés, première nécropole des rois de France

 

Alain Dierkens
La mort, les funérailles et la tombe du roi Pépin le Bref (768)

 

Janet L. Nelson
La mort de Charles le Chauve

 

Michel Lauwers
Le « sépulcre des pères » et les « ancêtres ». Notes sur le culte des défunts à l’âge seigneurial

 

Dominique Iogna-Prat
Des morts très spéciaux aux morts ordinaires : la pastorale funéraire clunisienne (XIe-XIIe siècles)

 

Patrick Henriet
Chronique de quelques morts annoncées : les saints abbés clunisiens (Xe-XIIe siècles)

 

 

 

 

ESSAIS ET RECHERCHES

 

Anne Rolet
L’Arcadie chrétienne de Venance Fortunat. Un projet culturel, spirituel et social dans la Gaule mérovingienne

 

Pierre Sélamme
« La pierre et la porte », une mésaventure ignorée : nouvelle approche des huitains XCV du Testament de Villon

 

Notes de lecture
Livres reçus

 Ian WOOD : « Sépultures ecclésiastiques et sénatoriales dans la vallée du Rhône (400-600) »
Cet article veut éclairer les conditions de l’inhumation des élites chrétiennes dans le bassin du Rhône aux Ve-VIe siècles. Sont mises à contribution les sources épigraphiques, juridiques, narratives, iconographiques et archéologiques. Il ressort de leur analyse qu’en dépit de la christianisation, de sa possible influence sur la liturgie des funérailles et de la pratique de l’inhumation auprès des corps saints ou dans les églises, les coutumes funéraires des élites chrétiennes n’ont guère changé dans la Gaule du Sud-Est entre le IVe et le VIe siècle : même faste, même tendance à l’ostentation, même souci de la perpétuation du nom et du souvenir du défunt, même pratique de la sépulture luxueusement habillée et accompagnée d’offrandes.

Patrick PÉRIN : « Saint-Germain-des-Prés, première nécropole des rois de France »
Édifiés par Clovis et Clotilde au lendemain de la victoire de Vouillé (507), les Saints-Apôtres de Paris (devenus Sainte-Geneviève) n’eurent pas la destinée d’un mausolée dynastique. En revanche, la basilique Sainte-Croix-et-Saint-Vincent (devenue Saint-Germain-des-Prés), fondée à la génération suivante par Childebert 1er, s’imposa comme nécropole royale auprès de la plupart des Neustriens de 558 jusqu’en 675, tout en étant en partie relayée par Saint-Denis à partir de Dagobert (628-639). De leur côté, les rois austrasiens et burgondes ne semblent pas avoir disposé de lieux de sépulture dynastiques. Lieu de sépulture privilégié des rois mérovingiens, Saint-Germain-des-Prés a fait l’objet d’une série de découvertes archéologiques du XVIIe siècle à nos jours. Il est ainsi permis d’avoir une certaine connaissance de la nécropole royale et de son environnement.

Alain DIERKENS : « La mort, les funérailles et la tombe du roi Pépin le Bref (768) »
Dans cet article, on examine ce que l’on sait de la mort de Pépin le Bref le 24 septembre 768 et de la tombe de celui-ci à Saint-Denis. On s’interroge sur le choix de Saint-Denis comme lieu de sépulture, sur la signification d’un enterrement ante limina et les apports de l’archéologie en la matière, sur les raisons d’une inhumation face contre terre, sur la nature (et la date) de l’augmentum que Charlemagne fit construire sur la tombe de son père, sur le sort des restes du premier roi carolingien jusqu’au troisième quart du XVIIIe siècle. En conclusion, on insiste sur les implications idéologiques de l’humilité ostentatoire, voulue par Pépin et mise en évidence par ses fils.

Janet L. NELSON : « La mort de Charles le Chauve »
Charles le Chauve mourut en 877 à 54 ans. Son souci de donner une image favorable de la royauté l’amena à prendre ses dispositions pour ses propres funérailles et les commémorations à Saint-Denis. Mais il mourut dans les Alpes françaises. Des chroniqueurs contemporains ont décrit l’état de putrescence prématurée et l’odeur insupportable de son cadavre. Après un embaumement manqué, les hommes de Charles, résolus à porter son corps jusqu’à Saint-Denis, furent forcés de l’enterrer à Nantua. Le texte des Annales de Saint-Bertin fait écho aux Macchabées Il ix, où le corps pourrissant à vif d’Antiochos Épiphane désigne le sort réservé au tyran. C’est ainsi qu’Hincmar, auteur des Annales et conseiller royal, exprime sa condamnation de la conduite de Charles. Mais Hincmar décrit aussi comment Charles sur son lit de mort transmit les insignes royaux à l’héritier. Le corps de Charles pourrissait : le royaume continuait de vivre.

Michel LAUREWS : « Le “sépulcre des pères” et les “ancêtres”. Notes sur le culte des défunts à l’âge seigneurial »
Bien que jugés inutiles au regard de la foi, les rites funéraires et la sépulture des défunts furent pris en charge par l’institution ecclésiale et insérés, en particulier à partir de l’époque carolingienne, dans un vaste complexe rituel fondé sur la “mémoire”. Aux XIe et XIIe siècles, la rencontre entre des idées attestées tout à la fois dans la culture antique et dans la Bible, des usages propres aux sociétés coutumières et des pratiques liées à l’affirmation des pouvoirs seigneuriaux favorisa un véritable “culte des ancêtres”, ainsi que la constitution de sépulcres familiaux. Indissociables de certaines formes d’échanges, les rites funéraires et commémoratifs de l’âge seigneurial témoignent de l’existence d’une sorte de “pacte” social entre les deux versants, laïc et ecclésiastique, de la classe dominante.

Dominique IOGNA-PRAT : « Des morts très spéciaux aux morts ordinaires : la pastorale funéraire clunisienne (XIe-XIIe siècles) »
Tout au long des XIe-XIIe siècles, Cluny et ses dépendances offrent un espace funéraire de première importance, un asile que recherchent les laïcs en quête de réconciliation et d’un bon avoué – saint Pierre – à l’heure de la mort. L’Ecclesia cluniacensis, ses cimetières et ses nécrologes sont ainsi le lieu de constitution d’une “fraternité” où se mêlent moines et laïcs et où se réalise l’intrication de deux aristocraties. Cette étude consacrée à la pastorale funéraire à destination des grands tente d’explorer les tenants et les aboutissants du système clunisien d’exploitation seigneuriale de la mort.

Patrick HENRIET : « Chronique de quelques morts annoncées : les saints abbés clunisiens (Xe-XIIe siècles) »
À Cluny, du milieu du Xe au milieu du XIIe siècle, l’hagiographie permet d’exprimer les grandes orientations ecclésiologiques. La scène de la mort devient à partir d’Odilon (1049) le passage-clé des diverses vitae. Le modèle qui nous est proposé se caractérise par le primat de la liturgie sur toute autre forme de communication, ce qui permet de différencier les textes étudiés d autres oeuvres hagiographiques pourtant contemporaines.

Anne ROLET : « L’Arcadie chrétienne de Venance Fortunat. Un projet culturel, spirituel et social dans la Gaule mérovingienne »
Dans certaines de ses poésies, Venance Fortunal, poète latin de la Gaule mérovingienne du VIe siècle, s’attache à l’évocation de loci amoeni en conjuguant réminiscences virgiliennes et citations scripturaires Le jardin garde sa signification classique de lieu privilégié offrant à l’aristocrate une retraite à la méditation religieuse et morale, loin de la vie civile et politique, mais il évoque aussi le modèle chrétien de l’isolement monastique. Fortunat se sert des motifs arcadiens pour célébrer chez les évêques gallo-romains et les nobles francs non seulement leur perfection morale de chrétiens mais aussi le rôle social et financier traditionnel imposé par leur condition aristoratique : car, depuis Martin de Tours, vie active et vie contemplative sont réconciliées dans la carrière de l’évêque. Par l’intermédiaire du locus amoenus qui glorifie l’excellence de l’homme chrétien, Fortunat propose à l’aristocratie franque un modèle d’acculturation qui reprend les valeurs fondamentales de la romanité.

Pierre SÉLAMME : « “La pierre et la porte”, une mésaventure ignorée : nouvelle approche des huitains XCV et XCVI du Testament de Villon »
Cette nouvelle approche des 45e et 46e huitains du Testament de Villon se propose de suivre la double démarche vengeresse du poète. L’évocation d’un monde inversé de violence et la re/création du Chaos face au monde qui l’a rejeté.

 Ian WOOD : « EccIesiatical and Senatorial Burials in the Rhône Valley (400-600) »
This paper proposes to throw Iight on the conditions of inhumation observed by the Christian nobility in the Rhône basin in the fifth and sixth centuries. Contributing sources include epigraphic, juridical, narrative, iconographic, and archaeological documents. Their analysis shows that despite Christianization and its possible influence on funerary Iiturgy, and the practice of entombment near saintly bodies or within churches, the funerary customs of the Christian nobility had barely changed in Southeast Gaul between the fourth and the sixth centuries : the same feasts, the same tendencies to ostentation, the same concern for the perpetuation of the name and the memory of the deceased, the same practice of the sumptuous adomment of graves accompanied by offerings.

Patrick PÉRIN : « Saint-Germain-des-Prés, the First Necropolis of the Kings of France »
Erected by Clovis and Clotilda soon after the victory of Voui llé (507), the Saints-Apôtres of Paris (subsequently renamed Sainte-Geneviève) were not destined to become a dynastic mausoleum. It was rather the Parisian basilica of Sainte-Croix-et-Saint-Vincent (renamed Saint-Germain-des-Prés), founded in the following generation par Childebert I, which asserted itself as the royal necropolis of the Neustrians from 558 to 675 ; Saint-Denis became an alternative burial place from the time of Dagobert’s reign (628-639). As for the Austrasian and the Burgundian kings, they do not seem to have disposed of speci fic dynastic burialgrounds. Saint-Germain-des-Prés, the place of burial favored by the Merovingian kings, has been the site of a series of archaeological finds from the seventeenth century to our times, thus providing additional knowledge of the royal necropolis and its environment.

Alain DIERKENS : « The Death, the Funeral, and the Tomb of King Pepin the Short (768) »
In this paper, we examine what we know of Pepin the Short’s death on september 24, 768, and of his tomb at Saint-Denis. We explore such subjects as : the choice of Saint-Denis for his burial place, the significance of an ante limina burial and the archaeological contributions towards this question, the reasons why the body was buried face down, the nature (and the date) of the augmentum which Charlemagne had ordered to be constructed on his father’s tomb, and the fate of the first Carolingian king’s remains up to the first quarter of the thirteenth century. In conclusion, we stress the importance of the ideological implications of the ostentatious humility which Pepin favored and which his sons consequently displayed.

Janet L. NELSON : « The death of Charles the Bald »
Charles the Bald died at 54 in 877. Charles’interest in the representation of royalty extended to the careful planning of his own burial and commemoration at St. Denis. In the event, Charles died in a remote spot in the French Alps. Contemnporary chroniclers described the premature putrescence and unbearable stench of Charle’s corpse. After a botched embalming, his followers, intent on carrying the body to St. Denis, had to bury it instead at Nantua. The Annals of St. Bertin’s wording echoed Il Maccabees ix, where the rotting body of the stil living Antiochus Epiphanes signalled the tyrant’s fate. Thus Hincmar, author of the Annals and longtime royal counsellor, intimated his own criticism of Charles. Yet Hincmar also described Charles’death-bed transmission of the royal insignia to his heir. Charles’own body rotted : the body of the realm lived on.

Michel LAUWERS : « The Sepulchre of the Fathers and the Ancestors. Notes on the Cult of the Dead in the Feudal Age »
Although judged useless as regards faith, funeral rites and the burials of the deceased were part of the Church office and became incorporated, especially since the Carolingian period, in an extensive and complex ritual founded on “memory”. During the eleventh and twelfth centuries the converging of ideas asserted both in the ancient culture and in the Bible, uses particular to customary societies, and practices linked to the assertion of feudal powers gave rise to a veritable “ncestors cuIt”, as well as the constitution of familial sepulchres. Indissociable from some forms of exchange, funeral and com memorative rites of the feudal age are testimonies to the existence of a kind of social “covenant” between the two sides lay and ecclesiastical – of the ruling class.

Dominique IOGNA-PRAT : « From the Very Special to the Ordinary Dead : The Pastoral Funerary Observances at Cluny (Eleventh-Twelfth Centuries) »
Throughout the eleventh and twelfth centuries, Cluny and its dependencies offered a funerary space of the first importance, a haven much sought-after by laymen seeking reconciliation and a good avocate -Saint Peter – at the hour of death. The Ecclesia cluniacensis, with its cemeteries and necrologies, thus favored the constitution of a “Fraternity” where monks and laymen were brought together and two aristocraties mixed. This study treating of the pastoral funerary func tions destined for the great attemps to explore in all its aspects the Clunisian system of seigneurial exploitation of death.

Patrick HENRIET : « Chronicle of Several Announced Death : The Saint Abbots of Cluny (Tenth-Twelfth Centuries) »
From the midtenth to the midtwelfth century, hagiography allows us to delineate the great ecclesiological orientations at Cluny. The death scene, from Odilon (1049) onwards, becomes a key passage of the various vitae. The model proposed to us is one where characteristically liturgy takes precedence over aIl other forms of communication, thus enabling to differentiate the texts examined from other hagiographie, yet contemporary, works.

Anne ROLET : « Venance Fortunat’s Christian Arcadia. A Cultural, Spiritual, and Social Project in Merovingian Gaul »
In a certain number of his poems, Venance Fortunat, sixth century Latin poet of Merovingian Gaul, evokes loci amoeni in an association of Virgilian reminiscences and scriptural citations. The garden retains its classical significance as a privileged place, offering the aristocrat a propitious haven for religions and moral meditation ; set apart from the political and civil life, but it also evokes the Christian model of monastic isolation. Fortunat uses Arcadian motives to celebrate not only the moral perfection as Christians of the GalloRoman bishops and the Frankish nobles, but also the traditional social and financial roles imposed upon them by their aristocratic condition : indeed, since Martin of Tours, the active life and the contemplative life have become reconciled in the episcopal career. By way of the locus amoenus which glorifies the excellence of the Christian, Fortunat offers the Frankish aristocracy a model of acculturation which resumes the fundamental values of Romanity.

Pierre SÉLAMME : « “The Stone and the Doorway”, an Unknown Misadventure : A New Approach to the 45 th and 46 th octets of Villon’s Testament »
The new approach to the 4Sth and 46 th octets of Villon’s Testament proposes to follow the poet’s vengeful double path, evoking the inverted world of violence and the recreation of Chaos confronting the World which bas rejected it.

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/12/1996
EAN : 9782910381349
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782910381349

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