Ce livre entend renouveler significativement la question du style adéquat à la pensée : est-il possible au philosophe d’articuler sa pensée à même le matériau de la langue ? Il croise pour cela deux histoires. D’abord celle d’une étudiante française qui, à la faveur d’un intense voyage intérieur entrepris dans les années 1960, voit sa recherche jusqu’alors axée sur la philosophie grecque s’orienter vers la philosophie analytique.
La seconde histoire est celle que ces philosophes entretiennent avec le platonisme dont la critique s’avère redevable à Platon. La plus impressionnante de ces voix est celle de Wittgenstein. Dans une Europe ébranlée par les conflits mondiaux, elle résonne seule, et ne ressemble à aucune autre. Ni littéraire, ni scientifique, elle résiste à toute définition d’un style de pensée déterminé. Wittgenstein, qui reconstruit l’image de Platon à la mesure de sa philosophie des jeux de langage, en vient à s’en démarquer résolument. Mais tout en étant sa cible, le platonisme le hante comme une pensée dont la philosophie ne peut se détacher sans disparaître. Le présent ouvrage explore cette tension très vive.
Professeure émérite de philosophie à l’université Paris 8, Antonia Soulez a travaillé en philosophie ancienne puis sur la philosophie contemporaine du langage. Elle a publié des travaux dans les deux champs, sur la grammaire philosophique chez Platon, sur le Cercle de Vienne et Wittgenstein. Elle poursuit des travaux par une investigation sur philosophie, langage et musique. Elle est aussi poète.