Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

Partager

ajouter au panier

Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Paru le : 10/06/2007
EAN : 9782842921989
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921989

Qu’était-ce qu’écrire une encyclopédie en Chine ?

Hors série 2007

Qu’est-ce qu’écrire par compilation, par assemblage d’extraits ? Le volume pose la question en s’appuyant sur des matériaux qui nous viennent de l’histoire de Chine.

Ce numéro fait dialoguer à leur sujet des sinologues et des historiens de l’Europe spécialistes de ces genres.

En Chine, l’art de compiler et de classer des extraits de textes ou des textes entiers pour faire de nouveaux livres est attesté à partir du IIIe siècle. Ces œuvres «encyclopédiques» se diversifient et se multiplient dès le Xe siècle. Les articles réunis dans ce numéro analysent ces formes d’écriture au fil des siècles, examinent les continuités et discontinuités de ce genre littéraire, se penchent sur les enjeux politiques à l’œuvre dans la production de ces ouvrages ainsi que sur les usages qui en furent faits au cours de l’histoire.

I. La question générale des « encyclopédies » en Chine

Florence Bretelle-Establet, Karine Chemla
Introduction

 

Jean-Pierre Drège
Des ouvrages classés par catégories : les encyclopédies chinoises

 

II. Des encyclopédies impériales aux Notes au fil du pinceau

Johannes L. Kurz
The Compilation and Publication of the Taiping yulan and the Cefu yuangui

 

Hilde De Weerdt
The Encyclopedia as Textbook : Selling Private Chinese Encyclopedias in the Twelfth and Thirteenth Centuries

 

Fu Daiwie
The Flourishing of Biji or Pen-Notes Texts and its Relations to History of Knowledge in Song China (960-1279)

 

III. Écrire par citation : significations politiques et philosophiques

Benjamin Elman
Collecting and Classifying : Ming Dynasty Compendia and Encyclopedias (Leishu)

 

Chu Pingyi
Archiving Knowledge : A Life History of the Calendrical Treatises of the Chongzhen Reign (Chongzhen lishu)

 

IV. Regards extérieurs

Ann Blair
Le florilège latin comme point de comparaison

 

Roger Chartier
La muraille et les livres

Jean-Pierre DRÈGE : “Des ouvrages classés par catégories : les encyclopédies chinoises”

Le terme chinois que l’on traduit généralement par « encyclopédie » (leishu) recouvre en réalité un type d’ouvrages aux contours flous que sont les recueils de citations classées par catégories. Leur prétention fréquente à couvrir la totalité des champs du savoir les éloigne des florilèges et des anthologies. Cette caractéristique du classement par sujets en fait un genre particulier, extraordinairement composite, puisque réunissant dans un même ensemble aussi bien des recueils d’anecdotes littéraires ou biographiques, que des documents administratifs ou des notions et des faits du bouddhisme ou du taoïsme. Proche d’un simple vademecum ou atteignant plusieurs milliers de chapitres, les encyclopédies chinoises vont, du même coup, de l’œuvre solitaire privée à l’entreprise d’État réunissant plusieurs milliers de collaborateurs dans des opérations de magnificence culturelle.

 

Johannes L. KURZ : “Compilation et publication du Taiping yulan et du Cefu yuangui”
Cet article porte sur deux encyclopédies réalisées sur ordre impérial au début des Song du Nord. Écrites dans des contextes différents, elles montrent d’abord combien les compilateurs étaient libres de créer de nouvelles encyclopédies. Elles révèlent ensuite les conceptions différentes que les empereurs avaient de ces ouvrages et de leurs fonctions. La première, Ce qu’a examiné l’empereur pendant l’ère de la Grande paix, est générale, traitant de tous les phénomènes naturels et surnaturels du monde, tandis que les Modèles tirés des Archives, compilée seulement trente ans plus tard, est un manuel pour le gouvernement, et donc limité aux affaires administratives. Les deux encyclopédies reflètent pourtant bien le contrôle que ces deux empereurs ont eu sur leurs fonctionnaires et l’intérêt qu’ils eurent à recréer des traditions littéraires et érudites qui avaient été particulièrement mises à mal pendant la période chaotique précédant l’empire des Song en 960.

 

Hilde DE WEERDT : “L’encyclopédie comme manuel : vendre des encyclopédies privées chinoises aux XIIe et XIIIe siècles”
Sur la base d’un petit échantillon d’encyclopédies chinoises pour les examens, compilées en privé et publiées par une imprimerie commerciale, cet article examine comment l’expansion de la culture d’examen et de l’imprimerie ont modelé la production et la circulation des encyclopédies aux XIIe et XIIIe siècles. Il analyse comment les encyclopédies en sont venues à être produites et utilisées comme des manuels et comment elles sont devenues de plus en plus des outils de référence. Il offre aussi une discussion sur les évolutions matérielles des encyclopédies, ainsi qu’une analyse des politiques intellectuelles à la source de leur production.

 

Fu DAIWIE : “La multiplication des Biji ou Notes au fil du pinceau et ses relations à l’histoire des savoirs dans la Chine des Song (960-1279)”
L’histoire de la Chine ancienne donne à voir nombre de possibilités d’organisation des connaissances, différentes de celles sanctionnées par la science moderne. Cet article se concentre sur les catégories de savoir que présentent les formes de biji (« Notes au fil du pinceau ») qui fleurirent au cours de la dynastie Song. On y compte quatre parties. Dans une première section, l’auteur suggère deux types de classement différents des notes au fil du pinceau des Song. Le premier repose sur leur structure tandis que le second prend en compte une dimension historique. Selon l’auteur, ce dernier classe¬ment reproduit l’opposition qui se manifeste en ce domaine entre les deux encyclopédies (leishu) que sont le Taiping yulan et le Taiping guangji. La seconde partie se penche sur l’impact du contexte historique de la dynastie Song, marqué par une diffusion importante de l’imprimerie par xylographie, sur la maturation du genre des « Notes au fil du pinceau ». Ce lien étroit entre développement nouveau de l’imprimerie et culture des biji est discuté par comparaison avec les leishu, qui manifestent le même phénomène. Dans une troisième section, l’auteur amorce une discussion des relations intertextuelles entre les biji. Il suggère que les auteurs Song de ces formes de texte commencèrent de fait progressivement à se lire les uns les autres, à se citer et à s’évaluer, formant ainsi une communauté imaginaire. L’article s’appuie sur l’exemple de Shen Gua discutant du sens de l’expression wugui d’un poème de Du Fu pour examiner comment la discussion se poursuit et s’amplifie dans une dizaine de biji des Song. La quatrième et dernière partie analyse des types différents de biji, comme des notes sur des sujets divers ou au contraire consacrées à un unique thème, ainsi que leur interaction pour apporter un éclairage à l’histoire des savoirs sous les Song.

 

Benjamin ELMAN : “Collecter et classer : anthologies et encyclopédies au cours de la dynastie Ming”
Les leishu et les encyclopédies à usage quotidien des XVIe et XVIIe siècles se sont inspirés de collections de livres plus anciens, appréciés et utilisés par les lettrés chinois pour préparer les concours impériaux ou pour mener à bien leurs missions, grâce au matériau qui y était rassemblé. Depuis 1000, ces collections traditionnelles ont transmis une approche épistémologique spécifique pour explorer les choses, les événements et les phénomènes. Dès la moitié du XIIIe siècle, sous l’empire Mongol, de nouveaux types d’encyclopédies se développèrent, dont certains, du fait de l’expansion de l’imprimerie, de l’alphabétisation et de la culture du livre imprimé, gagnèrent un lectorat plus important que jamais. Ces nouvelles encyclopédies couvraient, d’une part, un champ de savoir plus étendu, et, d’autre part, elles incarnèrent une forme de classicisme appréhendant les choses/évènements/phénomènes textuellement, c’est-à-dire, de façon lexicographique et étymologique. En utilisant la forme encyclopédique, les compilateurs appliquèrent l’idéal d’« explorer les choses et étendre la connaissance » au-delà du corpus classique. Cette approche textuelle des études naturelles et du savoir pratique culmina avec la création de trésors textuels comparables à des « musées textuels ».

 

CHU Pingyi : “Archives de savoir : l’histoire du Chongzhen lishu (Traités calendériques du règne de Chongzhen)”
Par une réflexion sur l’histoire des éditions des Traités calendériques du règne Chongzhen, l’article vise à repenser le concept d’« archive ». Il avance l’idée qu’on ne peut simplement considérer une archive comme de l’information ou un organe de conservation passive et de traitement de documents, mais qu’il faut la voir comme le nœud d’un réseau de pouvoir qui se transforme de par les usages qui en sont faits. L’histoire de l’astronomie chinoise aux XVIIe et XVIIIe siècles peut être considérée comme la compétition entre jésuites et astronomes chinois pour la construction d’archives. L’article décrit l’histoire des Traités calendériques du Règne Chongzhen et montre comment la vie de cette archive est imbriquée dans le réseau socio-politique qui en sous-tend l’existence, et comment toute évolution de ce réseau transforme le sens de l’archive. Les Traités calendériques du Règne Chongzhen sont une collection d’ouvrages réalisée sur ordre impérial et destinée à traduire les connaissances mathématiques et astronomiques venues d’Europe au XVIIe siècle. Cet article montre comment le processus de compilation de l’ensemble et les variantes des éditions ultérieures portent la marque de luttes entre les différents groupes sociaux qui ont été impliqués dans la production de la collection et qui ont tenté d’imposer un sens à ce corps de connaissance par le truchement du format concret qu’ils lui ont imprimé, en sorte qu’ils ont muni la matérialité même de l’ouvrage de significations précises. C’est par une analyse du processus de compilation et des usages de l’archive que l’auteur amorce ainsi le déchiffrage des relations de pouvoir qui la sous-tendent.

 

Ann BLAIR : “Le florilège latin comme point de comparaison”
L’examen des florilèges latins, innombrables en Europe du Moyen Âge au XVIIe siècle, permet de mettre en évidence de nombreux parallèles avec les leishu chinois, et de suggérer tout le profit réciproque que pourraient en tirer les spécialistes de ces deux champs. L’article traite de problèmes de terminologie – en particulier la notion
d’« encyclopédie » –, des contextes d’emploi et des méthodes de compilation des florilèges.

 

Roger CHARTIER : “La muraille et les livres”
Ce texte de conclusion replace les six études proposées dans ce numéro dans trois contextes : 1. la confrontation entre deux techniques de reproduction des textes : la xylographie en Chine et la typographie en Occident, 2. la comparaison entre les différents genres encyclopédiques à l’Est et à l’Ouest : notes de lecture, recueils de lieux communs, collections de textes et encyclopédies proprement dit, 3. la tension présente dans chaque culture entre la crainte de la perte et la peur de l’excès, la prolifération et la raréfaction des textes.

 

Jean-Pierre DRÈGE : “Classified Books: Chinese encyclopedias”
Under the Chinese word leishu translated by “encyclopedia” rests a kind of books with nebulous limits. These classified collectanea of quotations very often cover all the fields of knowledge and cannot be assimilated with anthologies and florilegia. This is a particular and extremely compound kind of compilation. It can gather literary or biographical anecdotes as well as administrative documents or Buddhist or Daoist facts and ideas. Chinese encyclopedias are sometimes as short as an ordinary vademecum or include several thousands of chapters and can be compiled by only one scholar or by a few thousands of scholars employed in a State enterprise of cultural splendor.

 

Johannes L. KURZ : “The Compilation and Publication of the Taiping yulan and the Cefu yuangui”
The essay deals with two imperially sponsored encyclopedias of the early Northern Song. On the one hand, written under different premises, they show how flexible compilers were in creating new encyclopedias. On the other hand they also display the rather different understanding that emperors had of the function of these works. The first one, the Imperial Digest of the Reign of Great Tranquility (Taiping yulan), was a more general work, dealing with all natural and supernatural phenomena in the known world, whereas the Models from the Archives (Cefu yuangui), compiled just three decades later, was a handbook for government, and thus limited to administrative matters. Both encyclopedias reflect nevertheless the control the two emperors personally involved in the compilation of the two works had over their scholar-officials and the interest they had in recreating literary and scholarly traditions that had suffered in the chaotic period prior to the founding of the Song in 960.

 

Hilde DE WEERDT : “The Encyclopedia as Textbook: Selling Private Chinese Encyclopedias in the Twelfth and Thirteenth Centuries”
This paper focuses on a small subset of privately compiled and commercially published Chinese examination encyclopedias and discusses how the expansion of examination culture and commercial printing shaped the production and circulation of encyclopedias in the twelfth and thirteenth centuries. It examines how encyclopedias came to be produced and used as textbooks and how they were increasingly used as reference tools. It combines the discussion of the changing material aspects of encyclopedias with an analysis of the intellectual politics of their production.

 

FU Daiwie : “The Flourishing of Biji or Pen-Notes Texts and its Relations to History of Knowledge in Song China (960-1279)”
General knowledge and studies of myriad things (of heaven, earth, and human) in the history of knowledge were usually organized in patterns that do not readily fit into the conventional categories of “science” as we know them today. Sometimes, Chinese intellectuals or literati did form communities for studying subjects under categories easily recognized today. In most cases they did not form distinct communities for subject specific studies, nor did intellectuals always organize knowledge in patterns familiar to us today. This does not mean that studies written in “alternative forms” or organized in alternative patterns are irrelevant to the history of knowledge; on the contrary, many constitute an essential part of ancient Chinese knowledge. This paper outlines some general steps in understanding the body of texts today usually called biji (literally, “brush notes”, or “pen notes”), which flourished in Northern Song China. Further consideration of these texts and how they contributed to the history of knowledge in Song China will also be discussed. Through the examination of these texts and how their emerging patterns of studies are organized according to principles that differ from our own today, they stimulate and challenge our modern conceptions of knowledge and science.

 

Benjamin ELMAN : “Collecting and Classifying : Ming Dynasty Compendia and Encyclopedias”
The mushrooming of reference (leishu) and daily-use encyclopedias (riyong leishu) in the sixteenth and seventeenth centuries drew on earlier book collections, which Chinese literati previously had valued as texts while preparing for civil examinations or for collecting source materials needed by officials to carry out their activities. Since 1000, these traditional collections transmitted a specific epistemological approach for investigating things, events, and phenomena. Beginning in the mid-thirteenth century under Mongol rule, new types of leishu developed, some of which, owing to the steady expansion of printing as well as literacy and the corresponding proliferation of a bookish print culture, reached a much wider readership than ever before. On the one hand, these new types of leishu covered a wider range of knowledge. On the other hand, they represented a form of classicism that approached things/events/phenomena textually, i.e., in a lexicographic and etymological way. Using the encyclopedic form, compilers increasingly applied the ideals for “investigating things and extending knowledge” (gewu zhizhi) beyond the classical corpus. This textual approach to natural studies and practical knowledge culminated in the creation of textual repositories simulating “textual museums.”

 

CHU Pingyi : “Archiving Knowledge : A Life History of the Chongzhen lishu (Calendrical Treatises of the Chongzhen Reign)”

The history of Chinese astronomy in the seventeenth and eighteenth centuries can be considered as competitions in archive building between the Jesuits and Chinese astronomers. This paper describes the life history of the Calendrical Treatises of the Chongzhen Reign to demonstrate how the life of an archive is embedded in the socio-political network that sustains its existence, and how a shift of this network transforms the meaning of the archive. The Calendrical Treatises of the Chongzhen Reign is an imperially commissioned collectanea aiming at translating astronomical and mathematical knowledge transmitted from Europe in the seventeenth century. This paper illuminates how the compilation process of the Calendrical Treatises of the Chongzhen Reign and its variants bear the mark of struggle among interested social groups which attempted to stabilize the meaning of a body of knowledge by bestowing on it a corporeal format so as to inscribe meaning on the materiality of these books. An analysis of the compiling process and using of archives thus is the “commencement” to unravel the power relationship beneath the archive.

 

Ann BLAIR : “The Latin Florilegium as a Point of Comparison”

By attending to the many parallels between Chinese leishu and Latin florilegia which were numerous in Europe from the middle ages through the 17th century, I suggest that the study of florilegia and that of leishu can fruitfully draw on one another. I consider briefly problems of terminology (especially the term “encyclopedia”), the contexts in which florilegia were used and the methods by which they were compiled.

 

Roger CHARTIER : “The Wall and the Books”

This conclusion places the six essays presented in this issue in three contexts: 1. The differences between two techniques of reproducing texts: xylography in China and typography in the West, 2. The comparison between different encyclopedic genres in the East and the West: reading-notes, compilations of commonplaces, anthologies of works, and more particularly encyclopedias 3. The tension between the fear of loss and the fear of excess in each culture, the proliferation of texts, and their scarcity.

 

ajouter au panier

Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Paru le : 10/06/2007
EAN : 9782842921989
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921989

Sur le même thème