Presses Universitaires de Vincennes

Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/1998
EAN : 9782842920456
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920456

Du divertissement dans la Chine et le Japon anciens ;

N°20/1998

Estampes ludiques, joutes poétiques, jeux mathématiques – le plaisir est dangereux mais il est propice aux arts. En témoigne ici la réflexion venue du bouddhisme chinois ou du Japon ancien, et relancée pour débat hors Extrême-Orient.

Que le divertissement soit signe et source de malheur, la tradition moraliste occidentale nous l’a laissé entendre depuis quelques siècles. Le bouddhisme chinois, le Japon ancien avaient de longue date cerné le danger du plaisir, les institutions qui le portent, les périls qui s’y attachent. Mais ils avaient aussi, d’un même geste, désigné la place que peut trouver, dans l’espace du divertissement, l’épanouissement des arts et des savoirs. Ce numéro approche donc, en deux mouvements successifs, la double pensée du divertissement dans les civilisations anciennes de l’Extrême-Orient. L’analyse interroge le rapport variable des plaisirs aux différents acteurs et groupes sociaux. Elle donne ensuite la parole, pour une reprise différentielle, à un indianiste et à un helléniste.

François Martin, Jacqueline Pigeot et Karine Chemla
Homo Ludens Extrême-Orientalis

 

I. Les critiques du divertissement

 

Stephen Owen
The Difficulty of Pleasure

 

Paul Magnin
Le divertissement dans le bouddhisme chinois, entre ascèse et « moyens appropriés »

 

Jacqueline Pigeot
Jeux, divertissements, femmes de divertissement dans le Japon ancien

 

 

II. Dans l’espace du divertissement

 

François Martin
La création de l’art poétique par le divertissement en Chine ancienne

 

Marianne Simon
Un cas particulier d’estampes ludiques : les images en écriture de l’époque d’Edo

 

Annick Horiuchi
Les mathématiques peuvent-elles n’être que pur divertissement ? Une analyse des tablettes votives de mathématiques à l’époque d’Edo

 

 

III. Regards extérieurs

 

Gérard Colas
Jeux humains, jeux divins. Vues indiennes

 

François Lissarrague
Mathématiques, poésie, jeux de banquets : quelques divertissements grecs

Stephen OWEN : « La difficulté du plaisir »
La tradition chinoise a résolu le problème de la représentation littéraire du désir (conceptualisé comme un processus allant de l’absence à l’excès) par un double mouvement de stimulation suivie d’une retenue. Les textes les plus anciens examinés ici traitent de divertissements royaux dans lesquels une trajectoire vers l’excès est interrompue par un arrêt brusque du divertissement ou par le retour de la résolution morale. Les textes plus tardifs, à partir du milieu du IXe siècle, transforment ce double mouvement d’excitation et d’obstruction en une absorption tendue, dans laquelle le locuteur poète a l’attention figée sur une image du désir, mais ne peut ni aller de l’avant pour l’atteindre, ni se retirer.

Paul MAGNIN : « Le divertissement dans le bouddhisme chinois, entre ascèse et “moyens appropriés” »
Une contradiction apparente existe dans les textes bouddhiques chinois relatifs au divertissement. Les uns soulignent l’interdiction faite à tout bouddhiste de s’y adonner, les autres semblent prôner toute forme de loisir. En réalité la valeur morale attachée au divertissement est indissociable de l’utilité que lui donne un être conscient, réfléchi et volontaire. Elle doit être appréciée en fonction de règles qui entrent soit dans le champ de la “moralité en général”, soit dans celui de la “moralité d’engagement”. En outre dans la perspective du bodhisattva, le divertissement devient un “moyen approprié” pour attirer les êtres vers le bien et vers l’illumination. L’exemple du “jeu de l’agrafe cachée” à l’honneur lors des fêtes du nouvel an au sein de la communauté bouddhique, et notamment des associations, permet de mieux comprendre l’esprit et la fonction du divertissement en général. Toutefois il existe une forme supérieure de divertissement au coeur du samadhi par lequel s’affirme la parfaite maîtrise de soi et la faculté d’agir à sa guise parce qu’on a dépassé toute dualité et toute recherche des particularités et des différenciations.

Jacqueline PIGEOT : « Des jeux d’enfants aux concerts célestes : les représentations du divertissement dans le Japon ancien »
Si la notion d’asobi dans le Japon ancien semble recouvrir celle de “jeu” en Occident, on observe cependant que le divertissement musical, accompagné de chansons et de danses, y occupe une place prépondérante. Or ces divertissements musicaux, puis, à leur suite, le jeu en général, ont été valorisés au cours des XIIe et XIIIe siècles dans une perspective bouddhique, les “femmes de divertissement” assumant dans ce processus un rôle essentiel. Les principales sources utilisées sont un recueil de chansons courtisanes, le Ryôjin hishô (XIIe siècle), ainsi que plusieurs recueils d’anecdotes édifiantes (XIIIe siècle).

François MARTIN : « Les joutes poétiques dans la Chine médiévale »
Les jeux poétiques, entendus comme compositions en commun, sont une des institutions pérennes de la culture chinoise. Le présent article vise d’abord à faire revivre la vogue dont ils furent l’objet aux Ve et VI e siècles, puis à tenter d’en rechercher la genèse dans les échanges de citations de l’Antiquité, avant de proposer d’y voir les ancêtres directs de l’épreuve poétique aux examens officiels, en soulignant que le talent de l’improvisation poétique comme marque du bon ministre sous-tend toute cette évolution.

Marianne SIMON : « Un cas particulier d’estampes ludiques : les images en écriture de l’époque d’Edo »
Les moji. e (images en écriture) de l’époque d’Edo (1603-1867) sont des images ludiques particulièrement ingénieuses, dans lesquelles des caractères d’écriture se trouvent combinés de manière à former de véritables figures. À partir de quelques exemples empruntés à des genres différents (une image faste de Fujiyoshi, une estampe poétique et un manuel de dessin de Hokusai, un recueil humoristique de Hanasanjin), l’article tente de montrer en quoi les procédés employés introduisent un écart, un jeu donc, entre l’apparence immédiate de l’image, et les structures qui en sous-tendent la construction.

Annick HORIUCHI : « Les mathématiques peuvent-elles n’être que pur divertissement ? Une analyse des tablettes votives de mathématiques à l’époque d’Edo »
Les mathématiques au Japon se seraient, dit-on, développées à l’époque d’Edo “comme un magnifique art et un divertissement”. Les nombreuses tablettes de mathématiques (sangaku) présentées dans les sanctuaires et les temples en constitueraient la meilleure preuve. On se penchera ici sur le rôle joué par ces dernières dans le système de communication et de publicité mis en place par les spécialistes de l’époque. Nous montrerons que nombre de caractéristiques de ces tablettes, telles que l’accent mis sur l’esthétique, s’expliquent par des facteurs socioéconomiques, tels la rivalité des écoles situées pour l’essentiel dans la capitale et la professionnalisation du métier d’enseignant.

Gérard COLAS : « Jeux humains, jeux divins. Vues indiennes »
La littérature sanskrite, comme celle de l’Extrême-Orient, plaide en faveur d’un hédonisme mesuré. Elle nous décrit des dandys cultivés, de classes aisées, qui pratiquent des jeux de toutes sortes, physiques et intellectuels, des monarques et notables, amateurs éclairés, qui entretiennent des poètes, choisis au terme de compétitions littéraires. Mais les belles-lettres n’ouvraient pas en Inde de carrière administrative comme elles le faisaient en Chine. Les jeux poétiques portent sur le sens et sur la forme des énoncés, ils sont multiples. La notion de sens suggéré (dhvani) y est fondamentale. L’Inde, comme l’Extrême-Orient, associe le divertissement à l’enseignement profane et religieux. Mais elle donne aussi de la notion de jeu une interprétation métaphysique et transcendante. Dépassant une compréhension purement négative de la maya (“illusion”), les textes religieux hindous présentent un dieu lui-même créateur de maya et le monde comme un jeu divin. L’intérêt indien pour le théâtre reflète en partie cette conception.

François LISSARAGUE : « Mathématiques, poésie, jeux de banquets : quelques divertissements grecs »
Il n’y a pas en grec de terme unique pour désigner la catégorie du jeu et du divertissement. On est renvoyé soit à l’enfance (paizô), soit à la compétition (agôn). Les performances poétiques correspondent à ces deux plans : concours de récitation et jeux au banquet, dont l’article analyse divers aspects.

 Stephen Owen : « The Difficulty of Pleasure »
The Chinese tradition solved the problem of literary representation of desire (conceptualized as a process moving from absence to excess) by a double movement of stimulation followed by restraint. The earliest texts examined here treat royal entertainments in which a trajectory to excess is blocked either by abruptly stopping the entertainment or by a reflux of moral resolution. The latest texts, from the mid-ninth century, transform that double movement of excitement and blockage into a tense absorbtion, in which the poetic speaker has his attention fixed on an image of desire, but can neither advance to reach it nor withdraw.

Paul Magnin : « Entertainment in Chinese Buddhism, between asceticism and “expedient means” »
There seems to be a contradiction in Chinese Buddhist texts concerning entertainment. Some stress the prohibition for any Buddhist to indulge in entertainment. Others seemingly extol any kind of leisure. In fact, the moral value placed in entertainment is intimately linked to the usefulness which a sentient being attaches to it. This value is best appreciated according to rules belonging to either “common morality” or the “morality of commitment”. Furthermore, for the Bodhisattva, entertainment becomes an “expedient means” to attract beings towards the Good and Enlightenment. The instance of the “game of the hidden hook” allows for a better understanding of the spirit and function of entertainment in general. However, a higher form of entertainment is discussed, through which mastery of the self and the faculty of acting freely are reached.

Jacqueline Pigeot : « From children’s games to celestial concerts : representations of entertainement in early Japan »
Although the notion of Asobi in ancient Japan corresponds broadly to the concept of “game” in the West, musical entertainment, including songs and dances, constituted an important part of it. These musical entertainments and, consequently, games in general were highly valued during the 12th and the 13th centuries from the Buddhist perspective. Female entertainers played a crucial part in this process. The main sources used in this article are a compilation of courtesans’songs, the Ryôjin hishô (12th c.), as well as several collections of edifying anecdotes (13th c.)

François Martin : « Poetical tournaments in medieval China »
Poetical games, defined as collective composition, are among the perennial institutions of Chinese culture. The present article aims first to recapture the prevailing fashion for this kind of entertainment in the 5th and 6th centuries. The author then examines exchanges of poetic citations in ancient China as its antecedents, and tests in the composition of verse within the official examinations system as a direct outcome. An underlying assumption throughout this development was that a capacity for poetical improvisation was the trait of a worthy minister and courtier.

Marianne Simon : « A particular instance of playful prints : the images in writing of
the Edo period »
The moji. e of the Edo period (1603-1867) are an ingenious type of playful image, in which written characters are combined to create the shapes of figures or objects. This paper concentrates on a few examples representing different genres (a good-luck print by Fujiyoshi, a poetic print, a drawing manual by Hokusai, a collection of amusing figures by Hanasanjin), illustrating the techniques employed to create a playful distance between the immediate appearance of the image and its underlying structures.

Annick Horiuchi : « Can mathematics be pure entertainment ? An an

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/1998
EAN : 9782842920456
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
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EAN : 9782842920456

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